Grotte Sauvage, la question de l'art pariétal.

Conférence
Arts plastiques
Association Galerie Artem Quimper
Depuis la découverte de la grotte d’Altamira au 19ème siècle par l’archéologue amateur espagnol Marcelino Sanz de Sautuola, le monde occidental ne cesse, non sans remises en question fondamentales d’une vision schématique des capacités cognitives des premiers hommes, de ré-interroger sans dissociation les origines de l’art et de l’humanité. 

En 1902, suite aux découvertes des grottes de Combarelles et de Font-de-Gaume, le préhistorien français Émile Cartailhac, l’un des principaux critiques de l’ancienneté des peintures d’Altamira, publiait dans le journal L’Anthropologie, son «Mea-culpa d’un sceptique». Reconnaissant l’authenticité des peintures présentes à Altamira, il validait de fait et soutenu par la communauté scientifique, l’idée que la créativité quelqu’en soit la motivation première pourrait être une donnée essentielle à la définition de l’être humain et ce, depuis le commencement. Altamira étant alors considérée et jusqu’à la découverte de la grotte de Lascaux en 1940, comme le plus important sanctuaire de la peinture préhistorique. 
En 1910, il contribua avec Marcellin Boule et Henri Breuil à la création de l’Institut de paléontologie humaine à Paris, ouvrant la voie aux recherches sur le passé spirituel, rituel et social de ces sociétés préhistoriques.
Si nous pouvons identifier l’identité culturelle des individus constituant les sociétés dites traditionnelles des temps protohistoriques, les sources orales et écrites datant de la Préhistoire restent absentes. Nous ne pouvons par conséquent, à priori, que dater objectivement les matériaux découverts et fantasmer l’attitude au monde adoptée par les premier hommes en convoquant intimement un pressentiment originel, dans l’espoir de nous rapprocher de la signification de témoignages peints, majoritairement zoomorphes. 

Cependant, en s’appuyant sur une recherche stylistique élaborée, Emmanuel Guy, docteur en préhistoire, historien de l’art, spécialiste d’art paléolithique, dépeint à mesure qu’il tente de décrypter un système de représentation sophistiqué, la vision d’un monde en circulation, fait d’échanges, d’unions et de partages des connaissances. Une double lecture de ses recherches nous amène à rêver entres les lignes, le caractère familier d’individus que l’on pense pourtant si éloignés de l’homme contemporain. Avec son ouvrage intitulé « Préhistoire du sentiment artistique", il traverse un dédale d’analogies graphiques, tout en nous accompagnant subtilement, dessinant à son tour les contours d’un paysage antédiluvien, laissant apparaître la créativité comme un support à notre évolution. Ce faisant, Emmanuel Guy réussit à déplacer légèrement l’idée du chercheur contraint par une rigueur purement factuelle et rejoint l’attitude du réalisateur Werner Herzog qui, avec le film documentaire qu’il réalisa en 2010, « La grotte des rêves perdus », transforme l’exploration archéologique en une transe contemplative ouverte sur la singulière créativité de notre espèce. Désireux de marquer les limites de la raison scientifique, il filme avec sensualité les parois dessinées de la grotte Chauvet et interroge avec poésie le plus ancien témoignage connu à ce jour, de la conscience qu’a l’homme de sa présence au monde. Contribuant à sa façon, à élargir le champ de l’interprétation de ces oeuvres, Werner Herzog se laisse littéralement happer dans les profondeurs de la cavité, par la grâce de ces représentations et tout comme Georges Bataille avant lui, se trouve bouleversé par l’abondance du bestiaire représenté comme une réponse au « miracle de l’art et de la passion, l’aspiration la plus profonde de la vie ». 
Si «La Grotte des rêves perdus» est une aventure des sens questionnant les origines de l’humanité, Julie Redon, inventrice de Studiolent, cabinet de recherches dessinées, interroge tout aussi finement ce miracle et ses origines. Il transparaît dans ses oeuvres, un parti pris singulier, retraçant à rebours, la violence faite à l’image que constatait Jean Baudrillard. Des oeuvres restituant avec tendresse l’identité d’objets sur-interprétés, comme re-masterisés. Julie n’est pas une artiste. Elle écoute simplement avec une attention délicate à elle-même, les infimes mouvements d’émotion que les images ont le pouvoir de révéler et accompagne sa propre créativité comme un compagnon bienveillant. 

Avec «Grotte sauvage, la question de l’art pariétal», la plateforme curatoriale et relationnelle toutvabien propose de créer un espace de respiration où l’on puisse voir, écouter et imaginer ensemble, une aventure esthétique commune et comprendre avec instinct les contextes sociaux et culturels de nos origines, aux fins de re-situer la question de la créativité sur la carte de notre quotidien.Mélanie André et Michael Kern (toutvabien.co)

Commissaires d'exposition

Autres artistes présentés

Julie Redon, Werner Herzog.

Partenaires

Ville de Quimper, le conseil général du Finistère, le conseil régional de Bretagne, l'association Gros plan, cinéma cinéville le Bretagne et l'EESAB Quimper.

Horaires

de 14h à 18h du mercredi au samedi à la galerie Artem.

Adresse

Association Galerie Artem 16, rue Sainte-Catherine 29000 Quimper France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022