Georges Rey, "La vache qui rumine", Film expérimental, 2'45'', 16 mm, muet, noir et blanc, 1969

La vache qui rumine, Film expérimental, 2'45'', 16 mm, muet, noir et blanc, 1969

Biographie

Georges Rey - Né en 1942, vit et travaille à Lyon

"Georges Rey a commencé à filmer à la fin des années 60. L'homme nu (1969) est son premier film, suivi par La vache qui rumine, un plan fixe de trois minutes.
De 1975 à 1978, il réalise un film, décadré, de cinquante minutes, L'amour est la plus grande imposture de tous les temps, inspiré par différentes rencontres faites lors de voyages (à Venise, en Occitanie...). Le film commence par un chemin de fourmis, sujet emblématique de ce qui, en soi, ne peut se cadrer. Il traite du lien entre nature et culture, du phénomène de culturation et de construction d'une identité au fil des rencontres. Ce film pose déjà tout l'esprit de la recherche de Georges Rey, son intérêt pour le hors-cadre, son refus de la norme, ce qui le conduit à ne pas tenir compte d'un cinéma normé et à s'intéresser particulièrement à tout ce qui, d'une manière ou d'une autre, contribue à libérer la condition humaine. C'est dans cet esprit, également, qu'il réalise Le monde le plus beau est comme un tas d'ordures répandu au hasard (1976), inspiré d'une phrase d'Héraclite qui postule ainsi l'émergence de la beauté en dehors de l'ordre.
La traversée de la musique punk l'amena à réaliser plusieurs films sur les groupes lyonnais. Passée cette révélation du monde punk, Georges Rey aura d'ailleurs la sensation d'avoir perdu le contact avec le réel. Si l'on émet l'hypothèse que « se réaliser » consiste à trouver sa réalité, son réel, Georges Rey va donc, à partir des années 80, se réaliser à travers le regard des artistes. En 1980-81, à New York, il est fasciné par le premier film de Jim Jarmush, Permanent Vacation (1980), dérive urbaine entre rock et punk.
Dès cette époque, Georges Rey commence à réaliser de nombreux portraits d'artistes (films avec Philippe Parreno, Pierre Joseph et Philippe Perrin, avec Ange Leccia...). Si la réalité n'est plus palpable sur un mode immédiat et intense comme le permettait la scène musicale punk quelques années auparavant, Georges Rey cherchera désormais à la saisir par son intérêt pour les artistes, ce qu'ils voient et ce qu'ils restituent du monde (No More Reality, film avec Parreno...).
En 1985, il réalise le film Canards, dans le souci de travailler avec une image la plus banale possible. Les films de Georges Rey privilégient les plans fixes et cherchent à saisir le réel tel qu'il se présente, avec sa temporalité, en le transformant le moins possible. Nul montage (à la différence du cinéma documentaire par exemple). Georges Rey veut laisser le maximum de liberté au sujet filmé.
Dans les années 2000, son attirance va plutôt du côté de la photo. Il cherche à dévoiler ce qui empêche de voir le réel. Le recouvrement devient l'une des préoccupations majeures de son travail. Ses photos renvoient presque toujours aussi à des traces d'actions, c'est-à-dire à du temps qui s'est écoulé et non pas le résultat d'un instantané."

Texte de Corinne Guerci, 2009
Pour l'exposition So Punk ! : Aspects du punk à Lyon, d'aujourd'hui à hier, Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
 

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Georges Rey - Born in 1942, lives and works in Lyon

"Georges Rey started making films in the late ‘60s. L’homme nu [The Naked Man, 1969] was his first film, followed by La vache qui rumine [Ruminating Cow], a three-minute static shot.
From 1975 to 1978, he shot a fifty-minute film, L’amour la plus grande imposture de tous les temps [Love, the greatest sham of all time], for which he never looked in the viewfinder and was inspired by the various people he met on his travels (to Venice, in the Occitanie region…). The film starts out with an ant trail – a symbol of something, which, in essence, cannot be framed. It then goes on to address the link between nature and culture, the phenomenon of cultural adaptation and the construction of one’s identity as one meets new people.

This film lays the foundations of Georges Rey’s research: his interest in what happens beyond the frame and his refusal of the norm have led him to leave aside standardised film and to take a specific interest in anything that may, in some shape or form, contribute to liberating the human condition.  It is also in a similar spirit that he made Le monde le plus beau est comme un tas d’ordures répandu au hasard [The most beautiful world is like a pile of rubbish haphazardly strewn around, 1976], inspired by a phrase from Heraclitus which postulates the emergence of beauty outside of order.
His journey through punk music would lead him to shoot several films about bands from Lyon. Following this revelation of punk music, Georges Rey would find himself losing touch with reality. If one assumes that “realising oneself” consists in finding one’s own reality, then Georges Rey realised himself as from the ‘80s through the eyes of other artists.
While staying in New York in 1980-81, he became fascinated with Jim Jarmusch’s first film, Permanent Vacation (1980), a sprawling urban narrative set to a soundtrack of rock and punk music.
From that time onwards, Georges Rey started to portray artists in his films (with Philippe Parreno, Pierre Joseph and Philippe Perrin, Ange Leccia…). While reality was no longer as immediately palpable and intense as the punk scene had allowed it to be a few years earlier, Georges Rey now sought to capture it through his interest in artists, in their visions and in how they translate this vision in the real world (as in No more reality, a film with Philippe Parreno). In 1985, he made the film Canards [Ducks], in which he aimed to work on the most mundane image as possible.
Georges Rey’s films favour static shots and seek to capture reality as it occurs, in its own time, and altering it as little as possible. They are not edited (unlike documentary films), as Georges Rey prefers to give as much freedom as he can to his subject matter.
Since the 2000s, his interest has shifted toward photography, which he uses to try to pull back the veil that prevents us from seeing reality. The idea of covering has since become one of the main preoccupations in his work. His photographs almost always refer to traces of past actions or, in other words, to the time elapsed rather than the result of a single snapshot moment."

Text by Corinne Guerci, 2009
For the exhibition So Punk ! : Aspects du punk à Lyon, d'aujourd'hui à hier, Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes
Translated by Lucy Pons, 2021

Site internet et réseaux sociaux

Source

Documents d'artistes Auvergne-Rhône-Alpes - Partenariat Centre national des arts plastiques / Réseau documents d'artistes

Dernière mise à jour le 15 novembre 2023