Frédéric Lecomte

Comme si de rien...
Galerie Papillon Paris 03

 

Frédéric LECOMTE

Comme si de rien…

 

14 mars – 27 avril 2013

 

Frédéric Lecomte pratique le dessin et ce dernier habite toute sa pratique, jusqu’aux supports les plus éloignés et les plus technologiques comme la vidéo ou ses machines, qu’il ramène aux racines du geste graphique et du repentir classique. De même qu’il installe le dessin dans d’autres domaines, il en excède les conventions quand il le pratique sur papier, découpant les fonds et nouant physiquement les lignes ainsi extraites aux tracés, ou encore couvrant de crayon des motifs photocopiés que son intervention rend à une virginité d’avant l’image reproductible.

 

Il s'attaque férocement à de nombreux sujets que son attention envers notre époque lui fait dégager du flux de l’actualité. Son travail allie avec une paradoxale légèreté ses préoccupations éthiques et une permanente innovation formelle. L'exception chez Lecomte est tirée de l'ordinaire, du banal, il fait transpirer le réel en somme pour en exagérer la vie. En fait de tout il tente par moult tentatives de tirer vers lui l'essentiel des différents process qu'il a mis en place. Et nous ! Eh bien nous, on se retrouve forcément devant quelque chose de tellement nettoyé qu'il ne nous reste que le sourire pour seul argument de compréhension.

 

C'est toujours difficile de se réinventer, et il le fait à notre place. La manière importe peu donc, c'est le ton le plus important, et ce travail se place sans doute dans la démesure bancale, du désarroi, du presque pas beau, du presque fini, pour mettre en jeu et à mal cette idée toujours du plus grand, du beau, du plus fort, du mieux, du tout nouveau. C'est fatigant d'être le dernier, pis encore le premier, alors même qu'il faut du cœur au combat, le combat des jours qui est d'aller au travail, Oui ! Ne pas renoncer au jour qui se lève, mettre au boulot ses lumières. Et dans ce foutu brouhaha, trouver des plages de silences et mettre à profit des  partis pris mal foutu, brinqueballant, échassé,  etc.... Le monde n'est pas un, il est parcellisé, fragmenté, vouloir le dessiner global est une connerie et pas des plus petites. Il importe d'être entier, debout, vivant et sans arret sur ses gardes au regard des démences et autres folies qui alimentent les quotidiens.

 

Un dessin dit toujours plus qu'une photo parce qu'il montre moins, ce sont d'ailleurs les fragments, les tessons qui nous donnent le plus grand plaisir, tout comme la vie nous donne le plus grand plaisir quand nous la regardons en tant que fragment, on ne boit jamais une bouteille de vin au goulot, on la parcellise en nombre de verres qu'il y a de gens à table et combien le tout nous paraît horrifiant et nous paraît, au fond, la perfection achevée. C'est seulement si nous avons la chance, lorsque nous en abordons la lecture, de transformer quelque chose d'entier, de fini, oui, d'achevé en un fragment, que nous en retirons une grande et parfois la plus grande jouissance. C'est seulement lorsque nous nous sommes rendus compte, à chaque fois avec Lecomte que le tout et la perfection n'existent pas, que nous avons la possibilité de continuer à penser qu'il reste toujours à faire des machinations avec pour principe d'égalité, le moteur de toute expérience.

Horaires

mardi au samedi 11h 19h

Adresse

Galerie Papillon 13 rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022