Figures du qotidien

Ayant quotidiennement admis certaines formes de représentation du monde, chacun est guidé par ses propres conventions. En apparence, l’exposition Figures du quotidien les interpelle de manière anodine. Mais ironiques et incongrues parfois, elles nous renvoient le non-sens d’un monde familier, tourné en dérision par l’exagération de ses propriétés et de ses contradictions. Glen Baxter instaure un nouveau rapport entre les illustrations et les titres de couvertures semble-t-il convenus de « Que sais-je ? ». Leur vacuité vaut autant par leur sujet que par le style employé sous la candeur du crayon de couleur. Le collectif canadien Royal Art Lodge (Michael Dumontier, Marcel Dzama, Neil Farber) relève l’absurdité du monde en composant de multiples récits visuels, dessins à l’esthétique enfantine élaborés selon le procédé du cadavre-exquis où texte et image se combinent en un style dense empreint d’humour noir. A partir des images proliférantes d’une société insouciante, Christophe Vigouroux en désigne quelques excès, quelques écarts qui en accréditent la banalité. Les décalages ou les échos qui persistent entre image et légende, entre réel et imaginaire, font grincer de manière inquiétante la jovialité et le bonheur de l’aquarelle. Enfin, les mots et les motifs se confrontent dans les œuvres d’Etienne Pressager, étayant sa réflexion sur le langage et sur notre volonté de vouloir maîtriser le sens. Sous la forme de combinaisons inattendues d’objets, d’éléments naturels et de bribes d’expressions connues, ses images témoignent avec une ironie douce-amère d’un regard distant sur le monde. Ici, les procédés graphiques bouleversent la logique et le sens habituel d’une représentation, remettent en cause la fabrication et la perception des stéréotypes.