Biographie

Autodidacte, Fernand TEYSSIER expérimente la peinture dès 1960. Très influencé par un inconscient tourmenté, il trace alors inlassablement les perceptions de ses rêves.

Ses «figures», hommes et femmes semblent flotter dans le vide, comme  «au fond de miroirs successifs». Peu de couleurs, une texture épaisse mêlée parfois à de minuscules caractères d’imprimerie… Tout un univers nourri d’Expressionnisme. Sur la toile, les corps sont atrophiés, les visages déformés… Et pourtant, un certain humour semble contrebalancer comme pour alléger la noirceur des sujets.

En parallèle, il amorce un travail de graveur, des miniatures ciselées avec finesse, aux thèmes satiriques où l’on croise des militaires absurdes et des caricatures grotesques, on pense aux esquisses grinçantes de Grosz (rencontre de Jean Delpech, les graveurs philatélistes, expos de 1961 à 1965, eaux fortes).

Il fréquente à l’époque l’atelier libre de la «Grande Chaumière» et ces heures de croquis de nus sur le vif l’orientent vers une nouvelle période.

      En 1964 les couleurs apparaissent. Sur fonds rouges bardés de frises de légumes verts, les modèles, féminins pour la plupart, sont maltraités, découpés en morceaux. On sent cette fois assez nettement l’influence de Francis Bacon (1ère exposition personnelle à Copenhague en 1965, peintures sur panneaux d’isorel et toute une série de linogravures où les animaux font leur apparition, insectes, batraciens, crânes et os.)

      Dès 1966, on assiste à un véritable débarquement des couleurs, la construction de la toile va elle aussi s’imposer avec sa période dite «Pop Art» où il aborde des sujets de plus en plus engagés et se prête au détournement des images publicitaires. La ménagère modèle des années 60 y côtoie les supers héros des comics américains, c’est le règne des pin-ups de magazines et des armes de guerre en tous genres…

      De 1968 à 1972 dans ses «assemblages»  et ses sérigraphies, il juxtapose des photos de reporters de guerre, des lambeaux de flashs publicitaires, des illustrations du siècle passé, des clichés érotiques et des objets du quotidien. Toujours dans l’intention de dénoncer avec humour l’absurdité et la cruauté de son époque (Bombe atomique, guerre d’Algérie, Vietnam…)

Il met en scène «Le bal batailleur» à la galerie l’Oeil écoute en 1971 et «La partie civile» à la Maison de la Culture d’Amiens en 1973.

Diverses expositions le feront aussi transiter par l’Allemagne et la Suisse (Bâle, Brême, Constance, Berlin). Il présente toute une série de structures sérigraphiées sur plexiglas inspirée de tickets de bus parisiens.

On est à présent en 1973, la période dite «des voyages» s’amorce. Après un long séjour au Pérou, Fernand Teyssier retrouve sa palette avec des travaux à l’encre sur papier.

Il rencontre Céres Franco avec qui il débute une collaboration en exposant pour la première fois des dessins à la Galerie l’Œil de Bœuf.

Il «s’échappe» encore au Laos où il séjournera à intervalles réguliers. Un changement radical est en train de s’opérer dans son travail. (Beaucoup de carnets d’esquisses qui constitueront la base de ses toiles à venir).

Sa production s’accélère dès 1977, après une parenthèse carcérale à la prison de la Santé.

Les couleurs explosent littéralement sur la toile. Il expose «Les Natures intérieures» à l’Œil de Bœuf et participe maintenant régulièrement de 1981 à 1987 a des Salons :

Salon de Mai, Salon Figuration Critique, Salon Comparaisons.

Il y  côtoie Monory, Arroyo, Cueco, Rancillac… Sans jamais totalement se revendiquer des grands courants contemporains d’alors (à savoir : la  Nouvelle Figuration, la Figuration narrative ou la Figuration Libre).

Son seul Credo : ne jamais se répéter, toujours amorcer vers un nouveau sujet.

«Le piétinement est la tristesse de l’âme… Les habitudes sont les prisons de l’Avenir.» écrit-il dans un de ses nombreux carnets.

Il a gardé de ses premières années  la curiosité pour les œuvres des grands maîtres et il va instaurer dès 1981 un dialogue à travers leur détournement.

Ainsi, on voit apparaître des personnages issus de l’univers d’Archimboldo qui constitueront en quelque sorte la base de ses «foules angoissées».

Il revisite les Caprices de Goya (Le trampoline, Ni l’un ni l’autre), jongle avec Manet et Géricault (Les uns et les autres), rend hommage à Van Gogh… Beaucoup de clins d’œil qui ne vont cesser de ponctuer son travail.

Tout comme la femme qui reste son «modèle» central, les animaux continuent à habiter la toile  et il leur consacre en 1985 une exposition entière à la Galerie Troy : Le Bestiaire.

Franc-tireur, il continuera son questionnement sur la représentation formelle des rêves -recherche prépondérante de son travail- fragmentant ses sujets, les décomposant parfois à l’excès, frôlant l’abstraction géométrique en 1986 (sur une série s’inspirant des poèmes de Francis Ponge), jusqu’à un retour en force des insectes qui occupent toute la surface de la toile.(Entomologie à la Galerie du TOA de Rouen en 1987)

Il choisit de mettre fin à ses jours en mars 1988, mettant ainsi un terme à sa dernière recherche en cours.

Source

Galerie du Centre

Dernière mise à jour le 2 mars 2020