Faut que ça tienne ?
La pratique de Léa Dumayet pourrait témoigner d’un goût pour des situations ambivalentes,
pour un entre-deux propre à saisir et faire émerger, dans un savant mélange des genres,
l’impromptu et le paradoxe – la fugacité aussi – nous amenant à interroger la nature de ce qui
nous est donné à voir et expérimenter. Ainsi, ses Notes photographiques ou vidéo s’attachentelles
à figer ces moments où l’artificiel et le naturel se télescopent voire se confondent, où le
quotidien, soudain, devient le théâtre de sculptures hasardeuses ou de phénomènes étranges.
Tout semble affaire de potentialités : son approche sculpturale procède d’une recherche instinctive
et empirique sur les caractéristiques des matériaux qu’elle travaille et dont elle tente
d’éprouver les forces et les limites. Il en résulte des structures généralement ténues, sous
tension, tendues dans l’espace comme les traits fragiles et métalliques d’un dessin en trois
dimensions. Léa Dumayet ne cherche pas à imposer, à grand renfort d’effets, leur présence,
mais plutôt à souligner les spécificités d’un lieu et à entrer en résonance avec lui. Ses installations
sont également une invitation faite au spectateur à s’y aventurer, à les appréhender
comme on arpente une aire de jeu, avec la part de danger – fragilité oblige – que cela implique
et en jouant sur la tentation perverse de retourner l’interdiction de toucher l’oeuvre.
Raphaël Brunel