Farniente, Le travail c’est la santé

Exposition
Arts plastiques
Frac Occitanie Montpellier Montpellier
Cette exposition aborde le thème du travail. Celui-ci est traité selon son anti-thèse, le non-faire, le non-agir, ou la relativité de toute notion productive lorsque l’on se situe dans le domaine de l’art. Car c’est au fond l’idée même de création (ex nihilo) qui est mise en question dans l’art contemporain, avec les conséquences que cela implique du côté du sujet (artiste ou spectateur) comme de l’objet (la « consistance » de l’oeuvre). photo : stay in your pyjamas all day est une pièce d'Erwin Wurm extraite de la série Instructions for Idelness, 2001

Complément d'information

communiqué de presse

Communiqué de presse
Farniente (Le travail, c’est la santé !)
Etienne Bossut, Alexandar Ilic, Gianni Motti, Maurin & La Spesa, Stéphane Magnin, Jean-Luc Moulène, Klaus Scherübel/Marylène Négro, Markus Seidl / Elisabeth Schimana, Nedko Solakov, Ernest T., Didier Trenet, Bernard Voïta, Erwin Wurm

Tout art (en tant qu’il est l’aboutissement d’un certain « savoir-faire ») implique une importante quantité de travail. Même masqué (comme dans l’histoire de ce vieux peintre chinois qui réalise un dessin en quelques instants, mais après plusieurs années d’attente imposées à son Empereur-commanditaire...), le labeur, physique et/ou intellectuel, est inévitable pour qui s’impose l’exigence de nouvelles créations. Et pourtant, de nombreuses attitudes d’artistes semblent vouloir, depuis le « geste » du Ready-made de Duchamp, nous convaincre du contraire. L’oeuvre pourrait ainsi être parfois un don (le génie romantique n’était-il pas déjà essentiellement un don de la nature ?), une rencontre de hasard ou la résultante d’une disponibilité extrême du sujet au monde qui l’entoure, à la beauté qui vient (comme l’amour...) lorsqu’on ne la cherche pas. Mais plus fortement encore, nombreux sont les artistes qui se sont dégagés de la nécessité de l’oeuvre : le travail qu’elle exige n’est-il pas, comme tout autre travail, une aliénation sourde, perverse, une perte inutile de ce temps si précieux qui est compté à chacun et que chacun doit employer à la réalisation de sa propre existence, à la mise en oeuvre de son propre bonheur loin des structures asservissantes de la société ? « Ne travaillez jamais » écrivent ainsi Guy Debord et Gilles Wolman sur les murs de Paris au début des années cinquante (1953). Aujourd’hui encore les artistes nous apprennent à nous méfier du travail, paraissant en cela en phase avec une société du loisir et du « temps pour soi », alors même que cette dernière est justifiée principalement par l’impératif politique du partage du temps de travail considéré comme source de revenu (le travail salarié). On travaille moins parce qu’il y a trop de demandeurs d’emploi pour la machine économique.
Ce malentendu n’indique t-il pas une spécificité du travail artistique ? Comment se situe-t-il par rapport à ces dimensions que sont la « réalisation de soi » d’un côté (pour le travail) et le refus de l’aliénation sociale de l’autre (contre le travail) ? Le travail artistique n’est-il devenu, comme le prétendent certains aujourd’hui, qu’un aspect de l’industrie générale du tourisme de masse, incapable d’apporter à l’individu un savoir autre qu’une reconnaissance identitaire, à partir d’objets-signes, entre des groupes mouvants de populations ?
Sans avoir pour ambition de répondre à ces questions, l’exposition Farniente (Le travail, c’est la santé !) propose plusieurs oeuvres qui ont toutes à voir avec certains aspects de cette problématique de la dualité inhérente à l’art : qu’il est, de tous les labeurs, à la fois le plus contraignant (voire, comme on sait, l’un des plus aliénant) et le plus immédiatement libérateur parce que non soumis a priori aux impératifs de la satisfaction des besoins, mais à celle des désirs. C’est pourquoi la production d’objets d’art n’y apparaît pas toujours elle-même comme une nécessité.
Etienne Bossut fait voler au plafond ses Nuages (matelas pneumatiques évoquant Wahrol), Erwin Wurm donne au spectateur quelques instructions pour apprendre la paresse, dont on peut parler affalé sur le Bla-Bla Lounge de Stéphane Magnin ; Markus Seidl montre un film et des documents résultant de la mise au chômage temporaire, par ses soins, de toute la population d’un village de Roumanie, Jean-Luc Moulène nous offre ses Dépositions qui découlent de ses réflexions à la fois sur la vie quotidienne et sur les notions de droit d’auteur et d’oeuvre multiple ; Klaus Scherübel et Marylène Négro, tout comme Alexandar Ilic et ses amis, se montrent attentifs à nous faire partager leurs moments de détente, Maurin & La Spesa, Ernest T. et Didier Trenet proposent des oeuvres particulièrement ironiques sous le rapport de l’importance que l’on voue à la production artistique, et les suisses Bernard Voïta et Gianni Motti suggèrent élégamment quelques manière de faire beaucoup avec rien. Ou si peu.
-Et Nedko Solakov ?
-A vous de travailler...
Emmanuel Latreille

Exposition du 5 juillet au 12 septembre 2003. Ouvert du mardi au samedi de 14 à 18 heures sauf jours fériés.
L’exposition a lieu dans le cadre du « Bel été », parcours d’expositions dans les structures d’art contemporain du Languedoc-Roussillon et de « Détours de France », programme national réalisé à l’occasion du XXème anniversaire des Frac. Elle a reçu le soutien du ministère de la Culture (Direction régionale des affaires culturelles de Languedoc-Roussillon) et du Conseil régional de Languedoc-Roussillon.

Autres artistes présentés

Nedko Solakov, Bertrand Lavier, Didier Trenet, Simon Starling, Marylène Negro et Klaus Schérubel, Jean-Luc Moulène, Gianni Motti, Daniel Firman, ou Erwin Wurm.

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Frac Occitanie Montpellier 4-6 rue Rambaud 34006 Montpellier France

Comment s'y rendre

En vélo : un stationnement dédié est en projet de réalisation devant l’entrée du Frac.
En tramway : Ligne 3 - Station Plan Cabanes.
En bus 11 : arrêt Gambetta.
En train : depuis la gare Saint-Roch, 14 minutes de marche, ou bien 5 minutes en tramway Ligne 3 - Station Observatoire.
En voiture : Parking Gambetta, Parking des Arceaux.

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022