Exposition - Résidence d'Amahigueré Dolo

Communiqué de presse de l'exposition :

Déplacer son atelier de Ségou à Valenciennes durant trois mois, c'est provoquer une osmose entre un lieu étranger et un artiste dépourvu de repères. Joëlle Busca, décembre 2005.*


En automne 2005, le sculpteur et céramiste Malien Amahigueré Dolo est invité en résidence par l’association Acte de Naissance. Imprégnée de la culture Dogon, son oeuvre procède à la fois d’une tradition orale complexe et d’une alchimie personnelle confrontée à l’invisible. Son séjour à Valenciennes est l'occasion pour lui de développer d'une part son travail de sculpture sur bois et d'autre part un travail de céramique entamé en 2003. L'exposition à L'H du Siège de janvier à février 2006 clôt la résidence. Elle rassemble les pièces réalisées durant ce temps ainsi qu'une sélection d'oeuvres plus anciennes.

Né en pays Dogon, Amahigueré Dolo découvre la sculpture sur bois à l’âge de 7 ans en compagnie du forgeron de son village. La société Dogon s'organise selon un système de castes bien définit où chaque lignée occupe une fonction précise qu’il est interdit, sinon dangereux, de transgresser. Le travail du bois appartient à la caste des forgerons tandis que la famille de Dolo appartient à celle des agriculteurs. En sculptant, il perturbe cet ordre. Ainsi, pour ne pas exposer sa famille au mécontentement des forgerons, Amahigueré Dolo quittera son peuple pour sculpter librement.

Après des études à l’institut National des Arts (INA) de Bamako, il devient animateur culturel au musée de Gao. Il y rencontre Miquel Barceló en 1988 qui va l’inciter à développer sa pratique de la sculpture. Au début des années 1990, il quitte son emploi et s’installe à Ségou (pays Bambara) pour se consacrer exclusivement à son art.

Son travail est issu de la tradition Dogon, de sa culture et de sa mythologie. Il sculpte à partir de matériaux organiques, les bois essentiellement, choisis pour leurs formes expressives. Inspirées par la mythlogie Dogon, les sculptures de Dolo n'ont cependant pas la fonction rituelle des objets façonnés par les forgerons. Son art s'inscrit ainsi autant dans des préoccupations plastiques contemporaines que dans la tradition de son peuple.
Plus récemment, il a entamé un travail de pièces en terre cuite ( Au Mali selon la tradition Dogon, la fabrication des poteries est attribuée aux femmes). Le désir de céramique vient, chez lui, de l'envie de toucher à une autre matière, de changer.* Ainsi, durant sa résidence, Dolo a souhaité travailler seul cette matière et a pu découvrir une nouvelle technique de cuisson grâce au four en papier.
Un partenariat avec le lycée technique François Mansart à Marly (59) a permis la réalisation des pièces, et la rencontre des étudiants avec le sculpteur.

A l'occasion de l'exposition, des échanges et des rencontres seront réalisés, entre autres, avec les étudiants de l'Ecole Régionale des Beaux-arts de Dunkerque ; elle-même engagée depuis plusieurs années dans des échanges avec le Mali et l'accueil d'étudiants de l'école des Beaux-arts de Bamako.

* Extrait du texte "Le four en papier et les deux chênes" de Joëlle Busca écrit à l'occasion de l'exposition d'Amahigueré Dolo à L'H du Siège.