Exposition collective pour un corps individuel (La partition privée) - Vienne 2019 Une partition écrite par Pierre Bal-Blanc

Exposition
Arts plastiques
gb agency Paris 03

Avec les oeuvres de :
Milan Adamčiak, Geta Brătescu, Anna Daučíková, VALIE EXPORT, Stano Filko, Tomislav Gotovac, Sanja Iveković, Anna Jermolaewa, Július Koller, Jiří Kovanda, Katalin Ladik, Simon Leung, Karel Miler, Paul Neagu, Manuel Pelmuş, Petr Štembera, Mladen Stilinović, Sven Stilinović, Slaven Tolj, Goran Trbuljak.

La partition « Exposition collective pour un corps individuel » (Collective Exhibition for a Single Body) a été écrite en 2015 à Athènes. Elle a été pour la première fois adaptée à l’occasion de la documenta 14 : « The documenta 14 Score ». C’est Kontakt, la collection d’art du groupe bancaire ERSTE et de la fondation Erste, association pour la promotion de l’art de l’Europe Centrale, de l’Est et du Sud située à Vienne en Autriche qui est à l’origine de la commande de cette seconde adaptation de la partition. Étant donné que le contenu de cette collection provient largement de l’ancien bloc communiste la question de la gestion de ce capital culturel se pose. Les œuvres ayant échappées en leur temps à une circulation commerciale (marché privé) résistaient au contraire au conformisme idéologique (communisme) de leur époque et environnement. Leur remise en circulation - dans le contexte de la franchise commerciale Lidl en juin dernier– renouait d’une part sous une forme actualisée avec l’écart qu’elles entretenaient à l’origine avec leur milieu social. Et d’autre part, elles activaient une mémoire collective (imparfaite et toujours partielle) dont le lieu était lui-même porteur par l’intermédiaire de son usage antérieur en tant qu’espace d’exposition d’une autre fondation, la Fondation Generali.

Complément d'information

Lors de la première présentation de « Exposition collective pour un corps individuel » à la documenta 14 qui s’est déroulée successivement en Grèce et en Allemagne, le musée archéologique du Pirée représentait le niveau inférieur de l’exposition d’art contemporain international, le degré le plus reculé des références historiques liées aux gestes des artistes contemporains performés sur le site en temps réel. Pour sa dernière occurrence àVienne,c’est en quelque sorte le niveau inférieur de la fondation privée traduit par le supermarché Lidl qui reçoit les gestes émanent de la collection Kontakt.

Dans le contexte de l’exposition internationale Documenta scindée en deux parties successives et simultanées l’une à Athènes au moment de la crise de la dette souveraine de la Grèce et l’autre dans le lieu d’origine de cette manifestation à Cassel en Allemagne, l’intention était alors de décentrer à son tour ce projet au Pirée selon le même mouvement spatial vers la marge que la quinquennale opérait géopolitiquement vers le sud. A cette présentation de la forme performée du mois d’avril au mois de juillet 2017 au musée archéologique du Pirée, succédait au musée Sépulcral (Museum für Sepulkralkultur) à Cassel du mois de juin au mois de septembre de la même année une exposition des œuvres qui sont à la source des gestes performés.

Le musée Sépulcral pour l’étape de la documenta à Cassel - où les œuvres à la source des mouvements étaient présentées sur une table - soulignait par la présence de ses collections funéraires la dimension rituelle et monumentale au sens commémoratif du terme de la partition « Collective Exhibition for a Single Body- The documenta 14 Score » et de sa première adaptation. A Vienne pour cette seconde version intitulée : La partition privée ( The Private Score), c’est la maison Wittgenstein qui accueillait les œuvres de la collection Kontakt qui sont à l’origine des mouvements qui animent les performers au sein du supermarché Lidl. La présentation de la deuxième version de la partition « La partition privée » (The Private Score) sur une table de réunion au sein de l’ancienne salle à manger de la maison Wittgenstein réitèrait dans sa séparation spatiale avec les gestes activés dans le centre commercial Lidl, l’écart entre le dicible et l’indicible dont toute partition (score) est le signe.
Il est possible d’interpréter la collection Kontakt comme une tentative de renvoyer dos à dos l’expérience communiste (collective) et la tendance capitaliste individualiste (Individuel /Single body) par l’intermédiaire d’œuvres qui proposent un découpage non dogmatique entre les notions de privé et celle de public. L’usage de la performance dans les anciens pays de l’Est était moins lié à une volonté de soustraire les œuvres de la logique de la surproduction du marché comme c’était le cas à l’Ouest que de faire passer les frontières du rideau de fer aux émotions par le biais de la documentation photographique. L’économie de ces œuvres emploie différentes stratégies comme la dématérialisation de l’action réduit au geste, l’usage de l’appartement privé, l’occupation des caves des institutions à leur insu, la présence furtive dans l’espace policé de la rue. Des témoins conviés pour assister à l’intervention (parfois réduit au seul photographe) sont conjugués aux passants présents. Cette équation des regards emblématiques des photos qui documentent ces actions est une des caractéristiques les plus marquantes de cette génération d’artistes qui les distingue de leur homologue pratiquant la performance à l’Ouest. Jiri Kovanda, Karel Miler ou Petr Štembera par exemple composent leurs actions et leurs documentations non sans rappeler les stratégies du réalisme antithéâtrales de la peinture de la n du 19 éme siècle en France décrite par Diderot. Ils alternent ainsi une conception dramatique qui établit la ction de l’inexistence du spectateur par leurs autoportraits totalement absorbés dans leurs actions avec une conception pastorale revisitée qui instaure la ction opposée d’une présence physique des passants dans la documentation photographique. Mais ce que nous enseigne ces images aujourd’hui est moins le regard obsolète sur une époque révolue du mur qui partageait les politiques de l’Est et l’Ouest que le point de vue lucide envers tout régime quel qu’il soit qui vise à une totalité.
De leur côté Katalin Ladik et Sanja Ivekovic sans doute plus sensible au discours sur le corps propagé par les médias de l’Ouest entreprennent d’en révéler le pouvoir normatif (partition à suivre) en employant la réversibilité et le principe d’inversion pour en déjouer les effets. Chez ces artistes on ne distingue plus le déterminé du déterminant exactement comme c’est le cas actuellement avec les algorithmes qui anticipent les goûts des consommateurs et dont ces œuvres avertissaient l’émergence. D’autres comme Mladen Stilinovic ou Paul Neagu n’acceptent plus que le sens de leur corps en soi donné de l’extérieur, ils le ressaisissent de l’intérieur. Ils en font leur chose ou au contraire ils l’arrachent à la réi cation, pour en faire leur liberté.

La maquette de la publication « Exposition collective pour un corps individuel – La partition privée – Vienne 2019" designé par le studio Vier5 est présentée au mur. Elle prolonge la présentation des œuvres originales provenant de différentes sources (Collection Kontakt, Artistes etc.), cette fois directement placées au sol du white cube de la galerie, ainsi que les annotations visuelles réalisées lors de la première présentation en juin dernier de son activation au supermarché Lidl anciennement espace d’exposition de la fondation Generali à Vienne en Autriche.

La partition ne sera pas activée à Paris lors de cette exposition, une démonstration aura simplement lieu lors d'une nocturne le 17 octobre pendant laquelle un échange se tiendra entre le chorégraphe Manuel Pelmus et Pierre Bal-Blanc autour des différents gestes qui composent cette version.

Collective Exhibition for a Single Body -The documenta 14 Score, fait partie des collections KADIST et Kontakt The Art Collection of Erste Group and Erste Foundation. Lors de l’exposition « A translation from one language to another, Part 2 » (22 mars – 22 mai 2019) conçue par Luk Lambrecht et Lieze Eneman au centre culturel Centre Strombeek en Belgique la publication de la licence limitée pour activer la partition rédigée en collaboration avec Daniel McClean un juriste expert en contrat relatif à l’art conceptuel et commissaire d'exposition a été éditée par Museumcultuur Strombeek/Gent. Présentée en prolongement des œuvres originales étendues sur plusieurs tables, cette publication est l’outil nécessaire à l’activation de la partition dont des annotations visuelles (rushes de captation vidéo) viennent aussi offrir une complémentarité pour sa compréhension.

L’exposition à gb agency propose le plan directeur pour une licence limitée permettant d'activer « La partition privée », la seconde adaptation de « Exposition collective pour un corps individuel ». Le transfert limité des droits de propriété au collectionneur pour lui permettre d’acquérir la licence pour activer « La partition privée » concerne exclusivement ce qui existe entre les œuvres originales qui composent cette partition. Toute les œuvres restent la propriété de leur auteurs et/ou des collections qui les ont acquises, elles doivent faire l’objet d’une demande de prêt temporaire a n d’en disposer pour activer « La partition privée ».

La maquette de la publication « Exposition collective pour un corps individuel – La partition privée – Vienne 2019" designé par le studio Vier5 est présentée au mur. Elle prolonge la présentation des œuvres originales provenant de différentes sources (Collection Kontakt,Artistes etc.) , cette fois directement placées au sol du white cube de la galerie, ainsi que les annotations visuelles réalisées lors de la première présentation en juin dernier de son activation au supermarché Lidl anciennement espace d’exposition de la fondation Generali à Vienne en Autriche.

La partition ne sera pas activée à Paris lors de cette exposition, une démonstration aura simplement lieu lors d'une nocturne le 17 octobre pendant laquelle un échange se tiendra entre le chorégraphe Manuel Pelmus autour des différents gestes qui composent cette version.

Dans l’antichambre de cette présentation d’autres annotations visuelles proposeront d’élargir la compréhension de cette partition et des in uences auxquelles elle est le prolongement.
Pierre Bal-Blanc

Commissaires d'exposition

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Dernière mise à jour le 2 mars 2020