Exposition Antoine PETITPREZ

Exposition
Photographie
Atelier 2 -Arts plastiques - 59650 Villeneuve-d'Ascq
L'Atelier 2 a réalisé une interview de l'artiste. En voici des morceaux choisis : L’Atelier 2 vous accueille dans le cadre d’une présentation de vos photographies. Revenons, si vous le voulez bien, à vos débuts. Pourquoi la photographie ? J’ai réellement commencé la photographie à partir de 1988, lors d’un voyage au nord de l’Inde, dans le désert du Ladakh, partie indienne du Tibet, j’ai réalisé des prises de vue du désert, en noir et blanc. Sinon, lorsque j’étais à l’école d’art de Cambrai, je réalisais des collages à partir du thème de la couture. Grace à des patrons de couture, je découpais des formes que je venais ensuite coller sur des fonds noirs, ou blancs que j’avais peint au préalable. Dans cet esprit là, j’ai réalisé aussi beaucoup de sérigraphies avec ces formes de patrons de couture avec l’idée des méthodes combinatoires en blanc et noir. Forme sur fond. L’idée était d’explorer une forme sur un fond. Bien après, en 1998, à travers une série de photographies de mannequins, je me suis replongé dans l’univers de la couture, des ateliers de couture. C’est ainsi que j’ai photographié ces mannequins sur fond noir. La photographie a beaucoup évolué au cours de ces dernières décennies. Tandis que le numérique symbolise l’accélération du temps, vous utilisez la chambre photographique argentique, qui implique une approche toute particulière de la photographie…Pouvez-vous nous parler de ce procédé ? J’utilise une chambre photographique argentique. Quand j’ai commencé à faire de la photo, dans le désert notamment, je m’initiais, je travaillais avec un 24 x 36. Confronté aux limites techniques liées à la taille du négatif, je me suis alors dirigé vers ce procédé pour des raisons de définition d’image. A cette époque, je travaillais sur des zones en friche, ces non-lieux autour des tracés tgv ou autoroutiers. La chambre permettait d’avoir le 1er plan net, et le second, le plan infini, net aussi. Cela répondait à un désir de précision et de netteté, un désir de clarté en quelque sorte. La chambre photo est un appareil relativement lourd qui nécessite des réglages, la photographie se fait beaucoup moins instantanément. Il y a un rapport à l’objet, au paysage photographié radicalement différent qui me convient. La chambre photo est posée sur un pied, qui peut faire penser à un chevalet. Le sujet détermine le lieu où je réalise mon travail mais il est clair que la chambre imprime sa présence, son cadre. Quant au choix de l’argentique, j’en aime le principe. En noir et blanc, il y a cette possibilité de développer soi-même les films. L’idée aussi que l’image existe déjà en négatif m’intéresse beaucoup. De plus l’image est « prise » dans la matière, c’est à dire dans l’émulsion, alors que pour le numérique, on est davantage sur un rapport de reconstruction de l’image point par point, pixel par pixel. Enfin, l’idée du noir, de la chambre noire aussi est quelque chose qui me stimule sur un plan créatif. Cette attente nécessaire du résultat entre la prise de vue et le développement du film, l’attente des premiers tirages de lecture, c’est un temps important, actif, productif aussi. Vos photographies magnifient les sujets, qu’il s’agisse de la série ALBERI, ou LES POULES. Entre réalité et magie, elles troublent notre perception, de par le procédé, mis aussi une forme de mise en scène. Pourquoi ce fond noir ? Je ne suis pas vraiment sûr que tous mes sujets soient magnifiés. Certains sujets sont abimés comme par exemple le cou de tel mannequin ou les branchages morts de tel conifère. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la représentation connue de l’objet, mais plutôt ce qui échappe à sa représentation, une zone de basculement en quelque sorte qui mène vers autre chose. Mais il n’y a pas de magie non plus, parce que tous les sujets photographiés ont été là, devant ce fond noir au moment de la photo. Il n’y a pas de trucage. Pourquoi ce fond noir ? La question du fond correspond pour moi à une forme d’appropriation du sujet photographié. Le fait d’installer un fond derrière un arbre par exemple fait que cet arbre devient le mien , le temps de la prise de vue. Le noir est venu de manière intuitive, cette question du noir est certainement en lien avec les recherches plastiques dont j’ai parlé au début. Sur un plan technique, l’installation d’un fond noir derrière le sujet impose évidemment des contraintes techniques différentes à chaque fois. C’est un peu votre marque de fabrique aujourd’hui… Lorsque j’installe le fond noir sur un portique. Il existe physiquement. Dès que la photographie est réalisée, le fond noir disparait en tant que matériau au profit du sujet. Le fond noir se dématérialise et intensifie la présence de l’objet. C’est un passage de la réalité matérielle d’un objet à la non couleur, c'est-à-dire le noir. Le noir peut être perçu comme l’absence de lumière, comme la nuit aussi. Etrangement l’absence de lumière renforce la présence du sujet. C’est une articulation qui m’intéresse. Vous travaillez beaucoup autour de l’animal. Arrêtons-nous un instant sur votre travail autour des poules, ainsi que des bovins…Il y a beaucoup d’attente, de temps d’adaptation, d’apprivoisement… Ce qui m’intéresse, dans le travail avec les animaux, c’est la présence et l’organisation du corps dans le cadre de la photographie. Le dispositif photographique est conçu pour recevoir le corps de l’animal. Si l’on prend l’exemple des poules, je me suis retrouvé éleveur de poules à mon insu. Cela va de la construction du poulailler, à une forme d’élevage, d’apprivoisement. Est-ce un apprivoisement ? Est-ce un conditionnement ? Si j’ai élevé ces poules, c’était bien dans l’optique de faire un travail photo. Mon intervention en tant « qu’éleveur » était dirigée vers la photographie. Quant à la série des bovins, je suis allé à la rencontre d’éleveurs de la région, qui m’ont accordé du temps. La présence de l’éleveur est importante dans l’approche du travail. J’ai à cette occasion rencontré des éleveurs de vaches laitières, qui avaient une fille de 8 ans, qui avait apprivoisé une vache. C’est vraiment grâce à elle que j’ai pu photographier cette vache. On a fait la photo dans un hangar, avec toute la famille autour. C’est un travail d’équilibre. Parfois des heures d’attente, de montage, d’apprivoisement en vue d’un instant. Tout est concentré sur le moment de la prise de vue. Vous exposez à l’Atelier 2, nommée aussi Ecole du Regard. Cette exposition sera présentée aux adhérents des ateliers de pratique artistique adultes et enfants. Qu’attendez –vous de cette « confrontation », de cette rencontre avec votre travail ? Je pense que les gens ici sont en recherche, dans différentes spécialités des arts plastiques. J’attends du public, des grands comme des petits qu’ils me posent des questions. C’est toujours très intéressant d’échanger et peut-être aussi de susciter des questionnements. Je répondrai à nouveau à cette question à la suite de l’exposition ! Si on s’arrête sur la peinture qui est une technique explorée ici, à l’Atelier 2, dans le cadre des ateliers, il est clair qu’il y a un rapport à cette technique dans mon travail, notamment dans mes derniers travaux. Je pense au mélange des couleurs chaudes, des couleurs froides sur les corps de bovins ou encore sur les troncs des palmiers (série « Alberi ») par exemple. Propos recueillis par Marjorie Dublicq, formatrice/plasticienne et Florent Guidez, médiateur culturel, à l’Atelier 2 - arts plastiques.

Horaires

Du mardi au vendredi de 14h à 18h, le mercredi toute la journée.

Adresse

Atelier 2 -Arts plastiques - 59650 Ferme Saint Sauveur avenue du bois BP 30102 59650 Villeneuve-d'Ascq France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022