Excès de traits

Rapprocher Helmut Federle et Paul Pagk participe d’une volonté d’affirmer l’autonomie du dessin dans le sens où, libéré des contraintes du motif, il développe sa propre logique formelle. Œuvrant à distance de la rigueur de l’abstraction géométrique, tous deux élaborent un espace en quête d’équilibres formels tout en échappant au pur formalisme. L’austérité exclue, l’acte de tracer s’accompagne de l’action fondatrice d’inscrire une trace et d’impulser une direction. Il participe à la médiation d’une pensée et à ses investigations. Par l’agencement de traits sous forme de grilles, de figures géométriques simples ou de compositions abstraites plus complexes, Helmut Federle capte, restitue et élabore ce qu’un espace structuré contient d’absolu et d’immuable. A contrario, les dessins de Paul Pagk, où la transparence du lavis se mêle aux traits soutenant la structure, sont résolument empreints de tension et de fragilité. Là où Federle donne à voir un plan de ville par une structure orthogonale, Pagk casse la planéité de la feuille par l’entrecroisement de plans et de traits. En entrelaçant tension de la composition et sensibilité des tracés, le dessin s’échafaude de manière plus mentale que mathématique. Ayant altéré son caractère de justesse et d’exactitude, le trait griffé, redoublé, dilué élabore son propre espace-temps.