Every dodo is not a tree

Exposition
Arts plastiques
Passerelle Brest

Jorge Pedro Nuñez, Atlantique View 2018-2012, 2015

Jorge Pedro Nuñez propose une installation totale, rationnelle et rationnalisée, équilibrée, organisée qui neutralise l’espace ouvertement industriel du centre d’art contemporain. En jargon de l’art, moderniste. Et c’est en effet dans le fonctionnalisme occidental fondateur d’un vingtième siècle conquérant aussi bien que dans son pendant esthétique sud-américain que Jorge Pedro Nuñez puise les moteurs et ressorts de sa pratique profondément référencée. Il apparaît évident, quand on entre dans son exposition à Passerelle, que l’artiste maîtrise parfaitement l’histoire de l’art qui l’a précédé et se permet volontiers d’en user et abuser, avec l’humour et l’irrévérence qui le caractérise.

Dans une tradition proprement latino américaine, sa démarche est empreinte d’un certain syncrétisme ou tropicalisme. Elle procède du mélange d’influences, de la collusion des univers et des registres. Jeux de combinaison de matières ou d’objets glanés, ses sculptures sont à lire comme autant de poèmes à l’intransigeance manufacturée. Quelque part entre le salon bourgeois et le hall de banque, l’installation dessine un univers élégant et concret, fait de plaques métalliques montées sur châssis, de moquette géométrique et de sculptures constructivistes dont émane une magie étrange. Jusque dans son titre « Every dodo is not a tree » qui évoque, certes un arbre, mais avant tout un oiseau, victime emblématique de l’impérialisme européen, désormais devenu légendaire.

Sans le définir comme un artiste militant, car ce n’est pas là que se joue le travail, il n’est pas faux de voir dans ce travail une critique post-coloniale aussi brute de décoffrage fusse-t-elle. Au mur, dans ces toiles métalliques sont incrustées de petits disques. En s’approchant, on s’aperçoit qu’il s’agit de boites de conserve. Au delà de l’anecdote, celles-ci sont vues ici comme l’expression pure d’une globalisation aujourd’hui responsable des maux du monde et surtout de son sud. Il en est de même, dans la sculpture Clouzot-Beckett (Picnic), 2015, un écran diffuse une boucle extraite du Salaire de la Peur de Clouzot qui décrivait en 1953 les conditions dantesques de l’extraction du pétrole au Vénézuela.

Tarifs :

3€

Commissaires d'exposition

Horaires

ouvert le mardi de 14:00 à 20:00 et du mercredi au samedi de 14:00 à 18:30 / fermé les dimanches, lundis et jours fériés

Adresse

Passerelle 41 rue Charles Berthelot 29200 Brest France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022