Eugène Leroy

peindre
Exposition
Arts plastiques
MAM Paris 16
Autoportrait d'Eugène Leroy, huile sur toile

Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une importante rétrospective à Eugène Leroy. Cette exposition rassemble environ cent cinquante œuvres (peintures et œuvres graphiques), significatives de l’évolution du travail de l’artiste.

Complément d'information

Bien que son œuvre soit restée longtemps confidentielle, Eugène Leroy compte parmi les plus grands artistes du XXe siècle. Ce n’est qu’en 1988 qu’eut lieu sa première grande exposition parisienne, dans ce même Musée d’Art Moderne et au sein des mêmes espaces de l’ARC. La production de ce peintre, né à Tourcoing en 1910 et décédé en 2000, s’est développée sur plus de soixante ans en s’appuyant autant sur la sensation du réel que sur une vision idéale de la peinture.

Attaché aux maîtres anciens et volontairement anachronique, Eugène Leroy a revisité tout au long de sa vie les sujets iconographiques traditionnels tels que les nus, les autoportraits, les natures mortes ou les paysages. Au-delà d'une rétrospective, le parcours de l’exposition, organisé par thèmes, met en évidence la complexité d’un long processus de création et de recherche picturale.

Eugène Leroy a longuement mené de front son activité de peintre et une carrière d'enseignant de latin et de grec. Il bénéficie d’une première exposition personnelle en 1937 à Lille et s’impose dès lors comme un artiste « à part ». Il présente ses toiles à Paris en 1943 puis participe, dans les années 1950, à plusieurs éditions du Salon de mai. Il voyage fréquemment en Europe, puis aux États-Unis et en Russie, où il visite les collections des musées, cherchant à confronter sa peinture à celle des grands maîtres et à affiner une érudition picturale, essentielle à son travail. En 1958, il s'installe dans une petite maison-atelier à Wasquehal, dans le nord de la France.

La galerie parisienne Claude Bernard l’expose en 1961. C’est à cette occasion que le peintre allemand Georg Baselitz et le marchand Michael Werner découvrent son travail. « Je trouvais là des images brunes, écrira Baselitz, comme champ, comme pierre, comme bois, comme mousse, comme senteur. Une simple composition hollandaise avec une accumulation inouïe de couleurs. Un amas de tôles provenant du pigeonnier qui éclairait ma tête. »

En 1977, son fils aîné ouvre à Paris la galerie Jean Leroy où il présente régulièrement le travail de son père. En 1982, Jan Hoet, alors directeur du musée d’Art contemporain de Gand, en Belgique, que Leroy rencontre au cours d’un voyage aux États-Unis, lui consacre une grande exposition et l’invite, en 1992, à la Documenta IX de Cassel. Parallèlement, une fructueuse collaboration s’installe avec Michael Werner, permettant la reconnaissance européenne et internationale de l’œuvre d’Eugène Leroy.

Comme le souligne Bernard Marcadé, « la contribution de l'œuvre d'Eugène Leroy à l'art du XXe siècle est décisive, parce qu'elle porte témoignage d'un combat sans cesse réitéré de la peinture et de l'image ». Au-delà de son empâtement – mais aussi grâce à lui –, cette peinture crée un nouveau langage pictural qui s’ancre profondément dans le réel, sans se soucier de sa lisibilité.

Eugène Leroy a cherché à saisir une vérité de la perception tout en gardant l'émotion qui la rend possible. « Tout ce que j'ai essayé en peinture c'est d'arriver […] à une espèce d'absence presque, pour que la peinture soit totalement elle-même » commente-t-il en 1979. Il retravaille ses toiles, parfois sur plusieurs années, jusqu'à la quasi-disparition du sujet. La difficulté de déceler au premier regard le motif peint permet au spectateur de pouvoir s’attarder sur la présence physique de l’œuvre. Sa peinture était « un acte de mémoire, une projection en avant, à travers l’obscurité présente de l’histoire », pour reprendre la belle formule du poète Yves Bonnefoy à propos de Rimbaud.

Les œuvres d’Eugène Leroy sont présentes dans les plus grandes collections publiques et privées, en France et à l’étranger. Avec une quarantaine de peintures et de dessins, entrés dans ses collections grâce à des achats et des donations régulières depuis 1988, le Musée d’Art Moderne de Paris est considéré aujourd’hui comme un lieu de référence pour l’artiste.

Deux catalogues sont publiés en version française et anglaise aux éditions Paris Musées (65 €).

 

Commissariat : Julia Garimorth, assistée de Sylvie Moreau-Soteras

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

MAM 11 avenue du Président Wilson 75116 Paris 16 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022