Etienne Bossut, : Moulages en Creux ; Jean-Claude Ruggirello ; Norton Maza : Apnée

Exposition
Arts plastiques
Le Creux de l'Enfer Thiers

Jean-Claude Ruggirello, Dry Kiss, installation vidéo 2004

Jean-Claude Ruggirello travaille essentiellement avec la vidéo et le son, avec, fait rare à noter, une dimension sculpturale dans son traitement de l’image. Ses formulations impliquent lenteur et action, description d’une image en mouvement, et mouvement d’une action fixe. . « Moulages en Creux » est le titre de l’exposition d’Etienne Bossut et qui sera présentée au rez-de-chaussée du bâtiment du Creux de l’enfer. Depuis de nombreuses années, il réalise des répliques exactes d’objets de toutes dimensions dans de la résine colorée, redoublant la réalité de l’objet en question dans une momification hi-tech. Pourtant ce n’est pas dans la fidélité de la réplique que réside l’intérêt de cette démarche, mais bien dans la toute puissance qui surgit dans l’embarras qu’elle produit à le falsifier et le tromper, lui accordant par son intérêt même la reconnaissance de son immortalité. L’essentiel du projet de Norton Maza est de reconstruire un monde universel composé de ses multiples viatiques. Elles sont à un rythme régulier, un moment en apnée, un moment privées d’eau. L’oeuvre évoque ainsi, dans la séparation des éléments primordiaux, autant l’absence de fertilité d’une terre sans eau que l’assèchement de la mentalité des puissants. Un circuit de tuyauterie alimente chacune de ces figures de terre cuite, et dessine sur le sol jusqu’à un bassin, une sorte de réseau sanguin aléatoire et transparent. Autant dire que Norton Maza manifeste avec son langage plastique, et les valeurs essentielles qui lui sont propres, ce que les mots de la passion ne pourront exprimer.

Complément d'information

Etienne Bossut, \

Jean-Claude Ruggirello
Etienne Bossut
Norton Maza (Chili)
11 avril - 13 juin
vernissage le samedi 10 avril 2004,
avec DJ electrosex (end of silence)

Jean-Claude Ruggirello
Né à Tunis, le 20 janvier 1959
Vit et travaille à Paris
Salles de l’étage du bâtiment (vidéo/installation)

Jean-Claude Ruggirello, une approche sculpturale de l’image

Jean-Claude Ruggirello travaille essentiellement avec la vidéo et le son, avec, fait rare à noter, une dimension sculpturale dans son traitement de l’image. Ses formulations impliquent lenteur et action, description d’une image en mouvement, et mouvement d’une action fixe. Nous ne sommes donc ni dans la visualisation d’une image, ni dans la narration d’un filmage. C’est le plus souvent dans le contact ou la corrélation d’un corps animé et vivant à des objets environnants que vient reposer l’action. Si celle-ci est simple et stupide, c’est pour évoquer autre chose qui tient davantage à son absence de causalité qu’à la présence d’une finalité, laissant supposer pourtant une collision inévitable dans ce rapport. Le non-évènement qui dure, l’extrême lenteur d’un mouvement, la fixité d’un plan annoncent et accusent une petite violence en attente : un cendrier qui éclate, un verre qui tombe et se brise. L’action, l’impulsion, le déplacement fonctionnent comme une équation sans autre solution. La chute d’objets rattrape la chute du filmage, un glissement de sens immanent fondant dans un poème haïku. Le zapping des informations, le décalage du réel, la petite tragédie d’une situation trouveront toujours leur contrepoids d’humour et de légèreté (exemple d’une vidéo, « Angström, 1994 », qui visualise longuement une tortue sur le dos, et qui se termine quand le reptile se retourne soudainement). En cela, l’oeuvre témoigne de son attachement à une forme mentale qui trouve ses applications dans l’art avec des sujets, somme toute, assez banals. Une distance sur la mesure du réel, une cohérence toute personnelle, pourrait apparenter ce propos à l’art de Robert Filliou, s’il n’y avait ici la rigueur formelle de ce travail. Dans « Dry Kiss » réalisée en 1998, le bras humain, la main en sont les figures tutélaires. La main ramène à l’outil et ses fonctions premières : tenir, briser, frapper, déformer, froisser... Elle signifie un langage qui, agissant avec les objets, s’articule graphiquement en ombre chinoise. Quasi radiographiée, elle s’active avec son autre, et avec d’autres objets. Les verticales qui limitent la projection cadrent l’espace mural que l’on ne voit pas. Pour cette exposition au Creux de l’enfer, l’artiste s’appropriera l’étage du bâtiment, ainsi que l’espace troglodyte qui s’y trouve. Des oeuvres antérieures retraçant son parcours seront présentées, ainsi que des installations vidéo récentes et inédites. L’une d’elles émancipe l’image de toute représentation en jouant de deux formes complémentaires : une forme lumineuse frôle sa contre-forme, toutes deux vibrantes et donc floues. La technologie employée, un savoir-faire maîtrisé, ne viennent pas ajouter de l’évènementiel, ils épurent davantage l’image sur un propos sculptural minimal. Après l’exposition remarquable, il y a un an, au FRAC Languedoc-Roussillon, l’occasion nous est donnée pour une introspection nouvelle au coeur de cette singularité que représente l’oeuvre vidéographique de Jean-Claude Ruggirello.
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Etienne Bossut « Moulages en Creux »
Né en 1946 à Saint-Chamond (Loire)
Vit et travaille à Dole
Espace au rez-de-chaussée du bâtiment

Etienne Bossut, l’ouverture de l’enfer

Etienne Bossut réalise lui-même ses sculptures avec une connaissance approfondie dans le domaine du moulage de la résine polyester, un savoir-faire qui lui est personnel. Depuis de nombreuses années, il réalise des répliques exactes d’objets de toutes dimensions dans de la résine colorée, redoublant la réalité de l’objet en question dans une momification hi-tech. Pourtant ce n’est pas dans la fidélité de la réplique que réside l’intérêt de cette démarche, mais bien dans la toute puissance qui surgit dans l’embarras qu’elle produit à le falsifier et le tromper, lui accordant par son intérêt même la reconnaissance de son immortalité. « Moulages en Creux » est le titre de l’exposition d’Etienne Bossut et qui sera présentée au rez-de-chaussée du bâtiment du Creux de l’enfer. Ce projet ambitieux sera produit spécifiquement pour le Centre d’art de Thiers. Il consistera à montrer une série de moulages issus d’un fauteuil design Orgone créé en 1994 par l’australien Marc Newson. L’ensemble, intitulé « Laocoon 2 », suggèrera par cet empilement louvoyant une sorte de dragon chinois multicolore, et qui viendra se lover au rez-de-chaussée du bâtiment. Cette sculpture souple et modulable, telle une colonne vertébrale ou un serpent, rejoint la mythologie troyenne, Laocoon étant un prêtre d’Apollon à Troie qui s’opposa à l’introduction du célèbre cheval de bois. L’intitulé suggère encore les récits bibliques quand le serpent prend l’apparence du dragon d’enfer, et figure encore le « cheol », l’ouverture de l’enfer. L’installation confond symbolique et concept, ouverture et fermeture, station assise et levée, la mesure humaine et l’échelle de l’espace. Elle rend compte encore de la mythologie et de la modernité, et vient unifier de manière enjouée le mobilier, le design, et les arts plastiques.

Laocoon n°2 sera accompagné d’une autre sculpture empruntée à la collection du FRAC Île de France : Laocoon n°1 réalisé en 2003. Il existe un groupe antique « Laocoon » au Palais du Vatican à Rome, celui-ci ornait du temps de Pline une des salles de bain de Titus. Plus tard, notamment au XVIIIe et XVIIIe siècle, elle représenta un modèle de sculpture classique.

Coédition : Un ouvrage intitulé « Petits dessins » suivra l’exposition, réalisé en partenariat avec les FRAC Alsace, Bretagne et Limousin, le M.A.M.C.O. de Genève, le CRAC, centre d’art de Sète et la galerie Valentin à Paris qui représente Etienne Bossut. Sur 100 pages, il reproduira 63 dessins de l’artiste, chaque dessin étant accompagné d’une légende, parfois descriptive, parfois narrative, en tenant compte des anecdotes inhérentes à ces dessins ou projets. Textes de Christian Bernard et Vincent Pécoil.

Norton Maza « Apnée »
Né à Lautaro au Chili en 1971
Vit à Santiago (Chili)

A l’âge de 5 ans, Norton Maza arrive en France où ses parents en exil s’installent à Bordeaux. Quatre ans plus tard, la famille part vivre à Cuba où il entame sa formation à l’Ecole Elémentaire d’Art de la Havane de 1983 à 1985. Il poursuit ses études à l’Ecole Nationale d’Art de la Havane où il obtient le diplôme de professeur de peinture et dessin en 1989. Cette même année, il retourne en France pour poursuivre sa formation en peinture et se confronter à la pédagogie européenne pendant deux années à l’Ecole des Beaux-arts de Bordeaux. En 1994, il part pour Santiago au Chili où il réside actuellement. Il y réalise des expositions personnelles et collectives dans différents musées, galeries et centres culturels et artistiques chiliens.

Norton Maza, et l’hybridation des cultures

Le projet de Norton Maza s’est fait en collaboration avec l’Association Départementale de Développement Culturel de la Dordogne, et bénéficie de l’aide technique de la société AOT à Thiers. L’artiste est reçu en résidence à la ville de Terrasson-La-villedieu en Dordogne où il a préparé son exposition pour le Creux de l’enfer dans les trois mois précédant son intervention. Ce jeune artiste construit des objets, avion, vélo, camion, quand ce ne sont pas des coeurs humains bricolés dans de la matière affective. C’est aussi à l’aide de bois, plastique, objets archaïques, prosaïques et contemporains, que l’artiste construit, dans une habileté extrême, des objets évocateurs validant une valeur ajoutée à l’hybridation des cultures. L’essentiel de son projet est de reconstruire un monde universel composé de ses multiples viatiques, avec des matériaux trouvés dans les régions qu’il traverse, et en faisant ressentir les difficultés ressenties par les pays dits en voie de développement. Le sous-sol où l’artiste intervient au Creux de l’enfer étant proche du niveau de l’eau, un élément déterminant du site, l’artiste a choisi d’intervenir sur ce thème. C’est une sculpture/installation surprenante, aquatique, fonctionnant avec une pompe en circuit fermé, et qui convoque autant les techniques de la céramique et de thermoformage, le modelage que le bricolage, que des matériaux de récupération. L’oeuvre représente quatre figures de féminité issues des quatre orientations du monde. Posées sur un socle à quatre pieds diversement stylisés, chacune sous une cloche en altuglas, elles sont à un rythme régulier, un moment en apnée, un moment privées d’eau. L’oeuvre évoque ainsi, dans la séparation des éléments primordiaux, autant l’absence de fertilité d’une terre sans eau que l’assèchement de la mentalité des puissants. Un circuit de tuyauterie alimente chacune de ces figures de terre cuite, et dessine sur le sol jusqu’à un bassin, une sorte de réseau sanguin aléatoire et transparent. Autant dire que Norton Maza manifeste avec son langage plastique, et les valeurs essentielles qui lui sont propres, ce que les mots de la passion ne pourront exprimer.

L’installation est conçue pour le Creux de l’enfer, mais sera déplaçable dans d’autres lieux, elle sera présentée ensuite à Terrasson-La-villedieu en Dordogne, et l’artiste participera à la biennale d’Art contemporain de Pancevo en Serbie. Une édition suivra l’exposition dans la collection « Mes pas à faire au Creux de l’enfer » avec l’aide de l’ADDC de la Dordogne.

texte FB 2004

Partenaires

la Ville de Thiers le Ministère de la Culture et de la communication le Conseil général du Puy-de-Dôme

Mécénat

AOT Depech Mod Hirsch Résidences de l'art en Dordogne

Horaires

14h - 19h tous les jours

Adresse

Le Creux de l'Enfer 85 avenue Joseph Claussat 63300 Thiers France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022