Eric AUPOL

Exposition
Photographie
maison des arts - la supérette - centre d'art contemporain de Malakoff Malakoff

Sans titre Série

Une nouvelle saison s’ouvre avec une exposition personnelle d’Eric Aupol inscrivant ainsi la Maison des Arts aux journées du patrimoine qui ont lieu cette année les 17, 18 et 19 septembre mais aussi dans la dynamique du Mois de la photographie. Cet artiste, d’une trentaine d’année, confirme dans cette exposition son attachement à photographier des lieux chargés d’histoires voués à un oubli annoncé, non pas nécessairement dans l’envie de les voir « re-vivre » ou « survivre » grâce à la mémoire, mais plutôt dans une dynamique de constat du lieu et de recherche esthétique. Son regard démontre sans jamais les sublimer, avec sincérité et modestie, des sites devenus désertiques. Débat en présence de l'artiste le 15 octobre à 19h

Complément d'information

texte du catalogue par Pascal Bonafoux

Le désarroi... L’incertitude... De quoi s’agit-il ?
Quel trouble s’impose, quel trouble essentiel ?
Ces images ne sont pas des photographies. Ou,
pour être plus précis, elles n’ont aucun des
attributs d’une photographie qui ne peut
s’empêcher d’être impérative. C’est que,
d’ordinaire (ou souvent, trop souvent), la
photographie montre moins qu’elle n’affirme.
C’est ça. C’est comme ça. C’est à ça que ça
ressemble. À prendre ou à laisser. Elle assène
des apparences. Et, certitude ressassée, assure
que « ça a été »... Ça a été et événement, cet
accident, cet instant où... Ça a été ce geste, ce
cri, ce sourire. Et la mémoire n’en finit pas de
prendre à témoin cette preuve de formes, de
lumières et d’ombres. Ça s’est passé comme ça.
Passé composé. (Au besoin recomposé de
retouches en magouilles, ce qui ne change rien -
ou pas grand chose - à l’affaire. Demandez aux
régimes totalitaires d’une part, et aux historiens
d’autre part...) Et la mémoire se repaît de ces
documents impérieux qui témoignent,
garantissent et certifient que ça s’est passé
comme ça, qu’il ou qu’elle avait cette tête là,
que et que et que... Et la mémoire de raconter.
Chroniques, récits, rapports, etc.
Le désarroi... L’incertitude... De quoi s’agit-il ?
Quel trouble s’impose, quel trouble essentiel ?
Ces images ne sont pas des photographies. La «
preuve », ce silence. Ou ces silences.
La description « patine » sur ces images. Ce qui
se passe là se contrefiche de ce qui se dit, de ce
qui pourrait essayer de se dire... C’est un lit
couvert d’un drap blanc, un lit entouré de rideaux
blancs, un lit à l’aplomb duquel pend cette
poignée que l’on appelle un perroquet. Et alors ?
C’est une flaque sur le sol, une flaque sur un sol
sale, une flaque dans laquelle se reflètent des
façades. Et alors ? Ce sont des murs et c’est une
grille et, au-delà, la diagonale d’une lumière qui
descend d’un soupirail. Et alors ? Et alors ? Et
alors ?... Toujours la description achoppe. Rien de
ce qui se dit ne rend le moindre compte de ce
qui est donné à voir.
Le désarroi... L’incertitude... De quoi s’agit-il ?
Quel trouble s’impose, quel trouble essentiel ?
Ces images ne sont pas des photographies. La «
preuve », ce n’est pas avec la mémoire qu’elles
dialoguent, c’est avec l’oubli. Ou avec l’abandon,
son complice. « Pose » pour ces photographies
non ce qui se passe ou ce qui s’est passé mais
l’absence. Ou une sorte de retraite. Espaces,
objets et lieux « en retraite ». Expression qu’un
dictionnaire usuel alphabétique et analogique de
la langue française qualifie, entre parenthèses,
de vieilli. Posent des espaces relégués, en exil de
ce qui aura été leur histoire. Celle d’un hôpital,
d’une abbaye, d’une prison, de caves peut-être,
de... Ce qui n’a plus la moindre importance.
Le désarroi... L’incertitude... De quoi s’agit-il ?
Quel trouble s’impose, quel trouble essentiel ?
Ces images ne sont pas des photographies. Pose
l’abandon. Pose la poussière. C’est l’ordre de
Bossuet répété toujours : « Dormez votre
sommeil et demeurez dans votre poussière. » La
réalité n’est plus que traces. Et ces traces ne sont
l’affaire ni de la nostalgie ni de la morosité.
Et, dépouillées des bruissements et des rumeurs
de la mémoire, ces images, où la couleur est en
retrait, ne sont plus que silence, que lumière.
Elles sont une ascèse.
Le désarroi... L’incertitude... De quoi s’agit-il ?
Quel trouble s’impose, quel trouble essentiel ?
Ces images ne sont pas des photographies.
Parce qu’elles se refusent à faire de la retape, à
racoler. Elles sont une exigence. Elles somment
de reconnaître le temps. Le temps qui a posé.
Reste à songer à ces mots d’Euripide : « Le
temps révèle tout et n’attend pas d’être
interrogé. »

Artistes

Partenaires

Un catalogue, publié à Images En Manoeuvres Editions, sera édité pour l’ouverture de cette exposition. Signature prévue le 15 octobre. Préface de Pascal Bonafoux, entretien avec Pascal Neveux directeur du Frac Alsace et texte de Pierre-Évariste Douaire Exposition et catalogue réalisés en partenariat avec la Galerie Polaris à Paris, la galerie Marijke Scheurs à Bruxelles, la Maison du geste et de l’image à Paris, le Centre d’art « Le Passage » à Troyes, l’Espace d’art « André Malraux » à Colmar et l’Arsenal - Musée de Soissons.

Horaires

mercredi-vendredi 12h-18h samedi-dimanche 14h-19h

Adresse

maison des arts - la supérette - centre d'art contemporain de Malakoff 105, avenue du 12 Février 1934 92240 Malakoff France

Comment s'y rendre

maison des arts
105, avenue du 12 février 1934
92240 Malakoff

la supérette
28, boulevard de stalingrad
92240 Malakoff

Dernière mise à jour le 2 mars 2020