Entrevue(s). Des rendez-vous pour penser les enjeux du design graphique
Entrevue(s) est un cycle de rencontres qui invite à réfléchir aux enjeux de la création contemporaine en design graphique. Initié en 2013, il se veut un espace de réflexion et d’échanges autour des relations entre la création en graphisme et son impact sur la société. Aujourd’hui, les projets de design graphique qui revendiquent une dimension sociale ne cessent de se multiplier. Ils réactivent autant de postures portées auparavant par ces acteurs du monde du design qui ont milité pour un design écologique ou pour des images d’utilité publique et qui prônent à l’heure actuelle un design plus démocratique au service des enjeux de société. La montée en importance de ces attitudes éclaire d’un jour nouveau la longue histoire d’une création engagée, voire activiste, sensible à la production d’espaces « communs », soucieuse de « faire avec » et de produire des « projets ouverts ». Quelles sont les manières de « faire projet » de ces designers ? Quelles questions les designers se posent‐ils lorsqu’ils collaborent avec différents acteurs de la société civile ? Quels sont les nouveaux outils dont il dispose pour activer des nouvelles formes de participation ? Comment et quand le design graphique est vécu comme agent de transformation sociale et de changement ? Quelles nouvelles formes de sociabilités peut‐il créer ? Nous souhaitons interroger les manières dont les créations graphiques peuvent avoir un impact sur le monde qui nous entoure. La perspective adoptée invite à appréhender la capacité du design graphique à non seulement représenter le monde, mais à avoir une action sur lui et à proposer des scenarii ou des outils de transformation sociale, culturelle, économique ou encore politique.
Le graphisme en actes. Le projet de design comme agent de transformation sociale.
Mardi 7 Novembre 2017 «Formes Vives du côté des pas de côté » avec Geoffroy Pithon et Nicolas Filloque de l’atelier Formes Vives
À partir d’une réflexion autour de la notion de « collectif » qui leur est très chère, les membres de l’atelier Formes Vives présenteront la récente aventure Feu‐Foin (une école d'art en 2017?), menée en compagnie de Marion Pinaffo et d'étudiants de l'Ensa de Limoges sur le Plateau de Millevaches ainsi que différentes expériences de chantiers « ouverts » menés avec ou au sein d'autres collectifs (Collectif Etc, Saprophytes, la Fraternelle…). Diplômés de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Geoffroy Pithon, Nicolas Filloque et Adrien Zammit, créent l’Atelier Formes Vives en 2009. Leur travail mêle un intérêt pour les sujets politiques et sociaux à une pratique graphique non-conformiste qui s’approprie des supports multiples allant du journal à l’affiche, du livre à l’installation et mêlant travail à la main ou assisté par ordinateur, collages et création numérique. Leurs projets sont animés par un esprit collaboratif qui les amène à nouer des partenariats aussi bien avec des collectivités publiques, associations, collectifs militants, qu’avec des musiciens, habitants, voisins. En donnant forme à des outils graphiques participatifs, ils renouvellent d’anciennes postures d’un graphique d’utilité publique, (journal mural à Fontenay-°©‐sous-°©‐Bois, atelier de réflexion et de création sur le rôle d’une mairie à Rennes, etc.) et suggèrent de nouvelles manières de « faire société ». Plus d’informations : http://www.formes-°©‐vives.org
Mardi 21 novembre 2017 « No Post Prod » avec Benoît Verjat et Nicolas Couturier du collectif G.U.I.
Cette rencontre sera l’occasion d’échanger sur les manières dont, par des artefacts graphiques « ubiquitaires », il est possible de construire des espaces d’échange et de débat en temps réel. Les membres du collectif G.U.I en donneront des exemples à travers l'exploration de 4 projets qui ont été l'objet d'expérimentations sur les procédés, les situations et les outils de production de représentation visuelle et de documents en direct dans différents domaines : le design de politique publique, les sciences politiques ou la pédagogie. Ces projets conduisent les designers à s’interroger autant sur l’effet d’une telle amplification de la réalité par l’image, qu’à la vitesse de la parole sur une discussion en cours. Comment doser cette amplification pour ne pas aller jusqu’au bruit ? Ces traces sont-°©‐elles lisibles par des personnes extérieures ? Quel type de langage peuvent‐elles développer ? Quels nouveaux types de connaissances et d’énoncés peuvent permettre de tels systèmes de mise en forme en temps réel ? 3 Le collectif g‐u‐i comprend aujourd’hui 6 membres. Ils conçoivent et développent depuis 2009 des projets mettant en oeuvre le design graphique, interactif, éditorial et in situ, mais aussi des projets de recherche et d’initiative (sur les usages performatifs de documents, le livre et son milieu, l’interprétation des images, la représentation des territoires…). Une de ces recherches concerne la création d’éditions et la représentation visuelle en temps réel à l’aide des nouvelles possibilités offertes par le numérique et l’utilisation de systèmes de fabrication rapide, une façon d’appréhender le prototypage rapide dans l’édition. Benoît Verjat, designer diplômé de l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg et du master SPEAP (Sciences Po, Paris), est aujourd’hui enseignant à l’École nationale supérieure d’art de Nancy et mène une activité de recherche en design s’associant à différents laboratoires (le programme DiiP d’EnsadLab et le médialab, laboratoire créé par Bruno Latour au sein de Sciences Po, Paris). Il conçoit et réalise des instruments de création et de représentation en design, en art, en scénographie, en spectacle vivant, mais aussi avec une dimension plus épistémologique pour l’enquête en sciences humaines et sociales, en sciences politiques ou en anthropologie. Conjointement au développement et au partage de ses recherches, Benoît Verjat est membre depuis 2011 du collectif de design éditorial, d’espace et d’interaction G.U.I qui conjugue commande et projet de recherche et d’initiative. Nicolas Couturier est designer et enseignant. Il forme G.U.I en 2006 avec Bachir Soussi-Chiadmi. Au sein de ce collectif, il conçoit et réalise des éditions en ligne et imprimées, des images et des dispositifs de consultation et de documentation. Il s’intéresse particulièrement à la création d’outils, mêlant le tangible et le numérique. Il participe à la création de l’InSituLAB à Strasbourg en développant depuis 2008 des projets de recherche en design public au sein du pôle supérieur de design de l’école Le Corbusier (insitulab.eu). Il collabore avec Mathias Poisson et l’Agence Touriste depuis 2010 à travers des projets insitu (Marseille, Rezé, Lamelouze) de balisage du territoire, de fabrication d’encres locales, de constitution de récits collectifs. Il participe, par ailleurs, à des activités diverses autour des fonctionnements collectifs, principalement dans le spectacle vivant (Bocal avec Boris Charmatz, 2003‐2004), groupe W et Everybodies.
Mardi 5 décembre 2017 - En anglais - « D'ici, la Terre est belle, sans frontières ni confins [...] Quelle surprise. C'est génial ... » Jurij Gagarin, 12 avril 1961 avec l’atelier Lupo&Burtscher
Angelika Burtscher et Daniele Lupo présentent une sélection des projets du studio de Lupo & Burtscher, réalisés dans le cadre de l'association culturelle Lungomare (Bolzano, Italie). Il s'agit de projets visant à activer un discours critique par la production d'artefacts graphiques et à proposer une réflexion sur des sujets d'intérêt social, culturel et politique. « Utopia Europa », ou « Cosmos » sont autant de projets, qui soit par la production d'affiches, soit par la production d'objets posent la question du rôle du designer dans un projet développé en dialogue avec une communauté ou des associations. Comment, par ces artefacts graphiques, peut-on créer des relations ? Comment activer des espaces de réflexion dans des lieux publics ? Quel sens donner à l'usage d'une langue dans l'espace public ? Le travail d'Angelika Burtscher, autrichienne et Daniele Lupo, italien, se déploie dans de multiples directions, du design graphique à la conception d'expositions et interventions dans l'espace public, du design d'intérieur à la conception de produits. Ils fondent en 2004 à Bolzano le studio de design Lupo & Burtscher. En studio, ils travaillent principalement dans le secteur culturel, en développant des projets d'édition, de communication visuelle, ainsi que de design d'intérieur ou la conception de produits. En 2003, ils ont fondé Lungomare, une plate-°©‐forme expérimentale conçue pour repenser et promouvoir les aspects interdisciplinaires du design, de l'architecture, de l'urbanisme, de l'art.
Mardi 19 décembre 2017 « Quand Savoir, c’est Faire : des médiations à l’aide du design graphique » avec Lucile Bataille, graphiste, atelier Structure Bâtons et Catherine Di Sciullo, directrice du développement culturel, Centre national du graphisme, Le Signe)
À partir du récit des expériences de médiations menées par Catherine Di Sciullo et son équipe, en collaboration avec Lucile Bataille lors de sa résidence au Signe, Centre national du graphisme, il sera question de restituer les différentes rencontres tissées avec les habitants de Chaumont. Cette mise en perspective de différents points de croisement et collaborations étant l’occasion d’une réflexion autour de la transmission des savoirs et des actions de médiation au sein d’un territoire. Expérimenter la création de formes avec des habitants à l’aide du design est aussi une manière de rentrer en dialogue avec un territoire. Quel est le rôle du design graphique dans ce contexte ? Comment penser sa médiation ? Lucile Bataille est designer graphique, diplômée et chercheuse/praticienne associée à l’unité de recherche « il n’y a pas de savoir sans transmission » de l’Ésad de Valence‐Grenoble. En association avec Sébastian Biniek, elle fonde en 2014 « Structure Bâtons». À partir d’une recherche réalisée autour de la pédagogie de Célestin Freinet, elle s’est intéressée aux différentes modalités de dialogue qu’entretiennent le design et la pédagogie. Elle s’intéresse notamment aux dispositifs didactiques qui interviennent dans les mécanismes d’apprentissage du langage. Catherine Di Sciullo est directrice du développement culturel au Signe, Centre national du graphisme, à Chaumont. Elle développe des expérimentations auprès des différents publics mêlant sensibilisation au design graphique, collections de ressources, outils numériques, techniques d’impression, ateliers. L’élaboration des médiations se font toujours en lien avec la programmation et les savoir‐faire de designers professionnels.