Eloy Dominguez Serén et Michael Andrianaly, lauréats du prix Loridan Ivens / Cnap

41e édition du Festival Cinéma du Réel
Annonce
Extrait du film Hamada de Eloy Dominguez Serén

Extrait du film Hamada de Eloy Dominguez Serén

Image tirée du film Nofinofy de Michael Andrianaly

Image tirée du film Nofinofy de Michael Andrianaly, 2019

Pour la cinquième année consécutive, le Prix Loridan Ivens/Cnap récompense un premier long métrage de la sélection française ou de la compétition internationale du Cinéma du réel.
Cette année deux films remportent le prix : Hamada de Eloy Dominguez Serén, et Nofinofy de Michael Andrianaly, remis par le jury composé de Carlos Chatrian (journaliste, auteur et programmateur), Mahamat-Saleh Haroun (réalisateur), Nino Kirtadze (réalisatrice), Madeleine Molyneaux (réalisatrice et curatrice) et Corinne Castel (productrice, membre du jury désignée par le Cnap). Le prix est doté par Capi films à hauteur de 2500 euros et par le Cnap à hauteur de 4000 euros.
Les deux films seront présentés lors de la prochaine édition du FIDMarseille
Une mention spéciale est attribuée à Capital retour de Léo Bizeul.

Synopsis de Hamada de Eloy Dominguez Serén

Au milieu du désert du Sahara en Algérie, dans un environnement aride et rude, où l’on entend que le souffle du vent et le moteur de vieilles voitures, le jeune Sidahmed rêve de quitter le camp de réfugiés Sahraoui. Un par un, les jeunes désertent le camp et s’exilent vers l’Europe. Pour Sidahmed et ses amis Zaara et Taher qui sont restés, les jours se suivent et se ressemblent. Ils passent leurs journées à réparer des voitures qui ne les mènent nulle part, à discuter de changements politiques qui n’arrivent pas, à s’amuser tout en rêvant d’une vie meilleure. Contre la morosité du quotidien, ils usent du pouvoir de la créativité et de l’imagination pour dénoncer la réalité qui les entoure et pour se s’épanouir au-delà des frontières de ce territoire aride.

Le titre du film, Hamada, est un terme arabe qui signifie « vide » ou « inanimé ». Mais si les paysages sablonneux et désertiques du Sahara semblent être à l’image de ce titre, l’humour et l’enthousiasme des personnages viennent contredire la réalité du camp et des pressions quotidiennes vécues par les réfugiés Sahraoui. En particulier grâce à Zaara, jeune femme charismatique et amusante au caractère tenace, qui fait souffler un vent d’espoir et de liberté dans le camp. Contrairement à ses amis masculins, elle n’a pas l’intention de quitter le camp. Elle s’y adapte et s’y construit. Elle passe le plus clair de son temps à apprendre à conduire ou à chercher un emploi, malgré ses minces qualifications et son manque d’expérience. Zaara peut parfois sembler déconnectée de la réalité. Mais sous ses airs candides se cache une admirable persistance, qui porte ses fruits jusque dans les derniers moments du film.
Pendant ce temps, Sidahmed réussi sa quête et atteint l’Espagne, pour finalement découvrir que « tout y est horrible », insiste-t-il, lors d’une conversation par téléphone avec ses amis (le film ne quitte jamais le désert). Il semble manifestement trop habitué aux rythmes et à l’atmosphère particulière des camps Sahraouis.

Voir la bande-annonce

Synopsis de Nofinofy de Michael Andrianaly

Nofinofy, ou le « rêve », c’est, pour Roméo, parvenir à ouvrir un beau salon de coiffure dans lequel exercer dignement son métier, mais aussi celui d’ un avenir meilleur pour son île de Madagascar. Du premier salon qu’il est contraint de quitter, jusqu’au terrain tant désiré, en passant par la cabane de fortune dans laquelle il s’installe provisoirement, autant de lieux de réunion où les langues se délient, où le dialogue naît, et où un lien social se crée entre les hommes qui s’y croisent. Souvent la radio et les bulletins d’information accompagnent ces dialogues naissants, comme une toile de fond permettant parfois de mieux les contextualiser. Des plans récurrents des différents clients dans le miroir de la coiffeuse introduisent également de nouvelles interventions, presque à la manière de scénettes. Qu’ils soient clients, amis de Roméo, ou même sa propre famille, différents représentants de la population défilent dans son salon, et de nombreuses thématiques sociales sont abordées : rumeurs et délinquance, emplois et salaires, prostitution, politique, avenir…

Autant de confidences que Michael Andrianaly réussit à capter avec un naturel impressionnant, et très souvent par l’intermédiaire de Roméo, oreille attentive de toute une population. La caméra du cinéaste parvient ainsi facilement à trouver sa juste place au sein des discussions, tantôt distanciée, tantôt au plus proche de certains personnages qui se laissent tout naturellement filmer. Elle suit aussi Roméo jusque dans son intimité, lorsque ce dernier se déshabille et dévoile sa jambe endommagée, quand il prie, ou encore qu’il pleure. Mais chaque moment est capté avec pudeur et bienveillance, bienveillance caractéristique du lien qui unit le cinéaste et son sujet dans ce projet. Michael Andrianaly finira d’ailleurs par rejoindre Roméo à l’image, pour recueillir les confidences de ce dernier.

Le soutien du Cnap

Depuis 2001, le Cnap soutient, via le dispositif Image/mouvement, les producteurs audiovisuels dans le développement et la post-production de nouvelles écritures et pratiques cinématographiques, tant documentaires que fictionnelles. Ce sont ainsi plus de 330 films qui ont été aidés, parmi lesquels de nombreuses œuvres ont été sélectionnées et primées dans de grands festivals de cinéma ou des manifestations d’art contemporain, en France et à l’étranger.

Dernière mise à jour le 2 mars 2021