Elisa Pône /Mauvaise Fièvre

Exposition
Arts plastiques
Centre d'Art Bastille Grenoble

 

Aveuglés par l’hiver, nous errons dans un printemps du monde qui nous demeure étranger. 

                                                                                                 Raoul Vaneigem.

L’exposition d’Elisa Pône s’articule autour des notions propres à sa démarche  : le traitement de la temporalité, l’appréhension des paradoxes et de l’incohérence qui modèle notre environnement. 

À ce titre, chaque pièce présente témoigne d’une absence ou d’un dérèglement, trouvant une occurrence particulière au sein des médias convoqués : vidéos installation, images imprimées, objets, performances et formes architecturées.

La série de diptyques Indeterminate activity & resultant masses met en relation des images d’incendies et des collages numériques réalisés à partir de l’imagerie pyrotechnique. Correspondance viciée, leur association implique un lien logique que l’ensemble de la composition et ses encadrements asymétriques semblent contredire.

Les vidéos regroupées sous le titre À la fuite dressent le portrait d’individus qui évoluent dans un monde sur lequel ils ne semblent plus avoir de prises. Usant à dessein de techniques cinématographiques, ces portraits singuliers expriment leurs dérives aux dépens du suspens, de l’échappée ou encore de l’abdication au sein de paysages dépouillés. Dans l’exposition, ces vidéos sont réunies pour la première fois sous formes installées et présentées comme un triptyque aléatoire.

Les couteaux aux lames perforées des paroles de chanson du groupe Meurtre (groupe de musique punk-expérimental dans lequel Elisa Pône joue de la basse) signent le rapport ambigu entre évocation et forme explicite.  Le nom de la pièce Et la nuit cette fois finirait  est inspiré d’un des titres du groupe. Cette pièce propose dans l’exposition un point de fuite possible. Elle est née du souhait de laisser surgir l’univers musical dans sa pratique plastique. Ainsi cette pièce est un point d’accroche aux performances transgressives auxquelles l’artiste fait régulièrement appel dans sa production artistique.

De la performance, il est justement question avec les deux dernières œuvres de l’exposition.  Les suivants et les mal-morts met en tension la chorégraphie des danses Apache parisienne des années 1920 et l’iconographie des danses macabres. Un couple de danseurs, affublé des attributs du vivant et de la mort,  se livre à une danse à la fois facétieuse et brutale grimant la lutte absurde de l’homme contre sa propre finitude. Le sol accueillant la performance définit le périmètre de celle-ci et présente également les signes d’un dérèglement : parquet recomposé, motif central représentant une rose des vents déconstruite et certains indices graphiques laissés apparents. Cet espace défini est inerte le long de l’exposition, seuls les vestiges de la performance ayant eut lieu le soir de l’ouverture sont visibles, laissant en creux la possible reconstruction lacunaire de la performance.

Enfin, la couleur ne brûle pas, pièce coréalisée avec Stéphane Thidet présentée à l’extérieur du centre d’art et activée le soir du vernissage, est un hybride entre une roue maltaise (structure pyrotechnique) et une machine à dessiner. Les feux d’artifices fixés sur la structure activent la rotation de formes articulées hissées sur un mat. Se dessine alors dans l’obscurité des convulsions cinétiques et éphémères, s’inscrit par là-même un dessin de poudre et de feu sur un papier affleurant l’objet de la performance.

 

Horaires

du mardi au dimanche de 11h à 18h

Adresse

Centre d'Art Bastille Fort de la Bastille - Site sommital de la Bastille 38000 Grenoble France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022