Elefthérios Amilitos : passages

passages

Le travail d’ Elefthérios Amilitos développe une réflexion sur la dualité existante entre le regard et l’espace de présentation des oeuvres.
Sculpteur, il entraîne le regard du volume créé à son ombre dessinée comme pour mieux envisager les variations possibles de l’oeuvre.
Utilisant des matériaux très souples, par
exemple des plaques de résine polyestère, Elefthérios Amilitos construit ses oeuvres comme des assemblages. Une forme géométrique précise (triangles, cercles, droites, hexagone,
etc.) sera choisie, reproduite et assemblée.
Jouant sans cesse des qualités intrinsèques des matériaux, il souligne dans ses pièces leur capacité à capter la lumière. Translucidité et opacité sont révélées selon la position de la sculpture dans l’espace d’exposition et la direction des rayons lumineux. Parfois, les sculptures sont posées contre un mur et leur ombre est dessinée sur celui-ci pour révéler le travail de découpe fondamental dans son oeuvre.
La pratique de la fresque avec des bandes d’aluminium adhésif souligne avec encore plus de force son investigation sculpturale. Ici les notions antinomiques de vide et de plein, l’opacité et de transparence apparaissent
clairement. Partant d’une forme hexagonale, Elefthérios Amilitos assemble ce motif sur la totalité des murs de l’espace d’exposition. Le
défi est alors de sans cesse reproduire la forme géométrique sans jamais créer de distorsion, et donc déjouer les lois de Kepler sur l’impossibilité de maintenir le répétition d’un hexagone à l’infini. Cette entreprise minutieuse et lente relève quasiment de la performance pour le
sculpteur. La vision de cette résille ainsi réalisée induit l’idée que le regard ne peut saisir et embrasser l’ensemble du monde. L’aluminium capte et renvoie la lumière, soulignant à la fois les limites et la force de ce réseau tentaculaire.
A la manière d’un "work in progress", Elefthérios Amilitos retirera au cours de l’exposition les rubans d’aluminium. A partir de ce moment, le tracé de la découpe va opérer un renversement
des notions de vide et de plein. Le travail de la lumière qui jusqu’à présent se portait sur les rubans aluminium, va attirer notre attention sur les entre-deux, les pans de mur laissés vierges.
Ce vide initial se transforme en plein et réalise la métamorphose de l’objet sculptural en peinture.