Drive to Survive

Drive to survive. Conduire pour survivre, piloter pour s’échapper. Accélérer, s’avancer sur la ligne droite du progrès. Faire chauffer l’asphalte, pied au plancher, puis s’élancer vers le ciel, trouer les nuages, dominer les nuées, et, enfin, se précipiter vers les étoiles, pour s’arrimer aux corps célestes, et continuer. Des automates du Basileus aux progrès fulgurants de la modernité et de l’âge atomique, en passant par les rêveries optimistes de Jules Vernes, le progrès technique n’avait jamais cessé d’être à la fois un fantasme rayonnant et l’incarnation bien physique des efforts de l’Humanité pour contrôler son environnement et gagner en temps, en vitesse et en confort.

Le choc d’Hiroshima et la prolifération nucléaire d’abord, puis la post-modernité, la crise climatique et la prise de conscience des effets néfastes de la mondialisation, ont peu à peu donné à la technique un visage inquiétant, y compris dans ses avatars les plus quotidiens. De symbole d’émancipation et de prospérité, la voiture est devenue rapidement l’emblème du changement climatique. Le xxie siècle angoissant et pesant éloigne de l’horizon la beauté de la vitesse, autrefois célébrée.

Bella Hunt & Ddc, dans cette exposition curatée par Emmanuelle Luciani, rend hommage aux utopies futuristes du xxe siècle et redonne au moteur thermique, au monde nocturne et synthétique des mégapoles modernes, et aux machines tout leur élan, dans une secousse salvatrice, conjurant la solastalgie d’un monde sclérosé.