Dominique Marchès, Photographies

Commissaire d’exposition et directeur de centre d’art depuis 1972, Dominique Marchès trace un sillon singulier mais cohérent qui prend ses racines dans la pratique de la photographie.
Mieux, c’est même la photographie qui fonde son engagement pour l’art contemporain.

Plusieurs périodes peuvent être associées à son travail de photographe.
De 1967 à 1970, son temps d’apprentissage au 6/6 en Noir et Blanc se fixe sur des natures mortes, des reportages humanistes et des expérimentations plasticiennes (notamment le photogramme et la solarisation).
De 1971 à 1977, ce sont des séquences en grand angle inspirées de la photographie américaine (Lee Friedlander, Ralph Gibson entre autres) et tirées depuis un 24/36, à la fois formalistes et saisies par le réel. Ce qu’il précise avec encore plus d’acuité entre 1978 et 1982 dans des saynètes et des mises en scène doucement décalées réalisées à partir d’un polaroïd : il offre là sa vision du monde et fixe un véritable langage photographique.
En 1982, il revient au 6/6, au Noir et Blanc et à une vision débarrassée d’un style purement humaniste ou plasticien, pour se concentrer sur la narration, sur une photographie frontale qui relate et explore notamment le visage des villes, leurs permanences, parfois leurs gémellités architecturales et culturelles.

Son expérience de la photographie va de pair avec ses voyages, avec la capacité des paysages du monde à suspendre le temps et l’énergie du changement.
Dominique Marchès construit ses images en duo. Duo-duel de deux clichés pris dans des lieux ou des temps différents, duo à l’intérieur d’une même photographie, confrontation inédite entre un décorum urbain (un message publicitaire, une architecture massive, un lieu de mémoire) et la simplicité d’un baiser, la poésie d’un regard, le poids d’une absence. Une vision aux antipodes du nostalgique ou du pathos. Dominique Marchès glisse au contraire sur le réel avec une légèreté piquée d’un humour à la fois tendre et caustique.

L’exposition à la Galerie intitulée Photographies montre pour la première fois les étapes de ce travail, depuis les premiers clichés de la fin des années 1960 jusqu’à ceux réalisés en 2006.