Dialogues & Erasure
Dialogues & Erasure
Une exposition personnelle de Mac Adams
Du 7 Juin au 19 Juillet 2014
Dialogues & Erasure propose une double expérience : celle d’observer une scène à distance, se faire raconter une histoire et celle de comprendre une histoire d’une toute autre manière, le spectateur faisant partie intégrante de celle-ci. Cette exposition joue des différentes échelles et codes pour transmettre un récit. Mac Adams crée des situations qui, au delà du champ de l’art, abordent souvent celui des sciences, de la sociologie ou de la psychanalyse. Si The Dialogues, ensemble de sculptures figuratives, est une lecture sociale des années 80, la dernière installation de l'artiste intitulée Erasure, traite de questions autour de la mémoire et de l'inconscient. C'est à travers les allers retours entre ces deux projets que trente années séparent que nous pouvons suivre les détours des expérimentations de l’artiste.
Entre 1983 et 1984, Mac Adams réalise onze sculptures en bronze et résine. En toile de fond, crimes et tragédies d’une société qui n’arrive pas à affronter ses problèmes sociaux et politiques. Selon l’artiste, ce travail fait écho à certains évènements liés à une époque violente aussi bien au Royaume-Uni (Mac Adams est né et a passé toute son enfance au Pays de Galles) qu’aux États-Unis, son pays d’adoption : comme par exemple les tensions entre le parti conservateur de Margaret Thatcher et le Syndicat National des Mineurs, les attentats revendiqués par L’IRA ou encore l’invasion des îles de La Grenade par les États-Unis. Ces années vont aussi révéler le groupe ‘Men at Work’ avec leur tube ‘Down Under’ qui insidieusement dénonce la destruction de la civilisation Aborigène et connaître le retour de la peinture comme outil du marché de l'art. Mac Adams met ainsi au même niveau la culture populaire, la politique et l'art. La lecture de ce travail est une sorte de commentaire métaphorique social. Les saynètes de ces figurines représentent, comme les séquences d’une histoire obscure, l’évolution de plusieurs personnages étranges, venus d’un monde disparu ou d’une confrérie mystérieuse. Une violence sous-terraine habite leur relation même si la narration reste ouverte. Un personnage menace un autre tandis que le troisième semble à terre. Ou encore un homme crie tout en haut d’une colline pendant que les deux autres dévalent la pente et s’écroulent.
Le théâtre du monde avec ses conflits et son absurdité se déplace dans le champ de l’art.
« Ce sont des personnalités complexes, à la marge, mi homme-mi chat (dans l’Irlande des années 80, cette représentation avait un sens ambigüe : combattant pour la paix ou terroriste?) Avec leur chapeau pointu, ces petits personnages étaient-ils des membres du KKK, les druides d'une religion obscure ou encore l'Ubu roi d'Alfred Jarry? Une jeune femme est souvent présente ainsi qu'un homme plutôt passif. Cet ensemble de personnages joue une variété de rôles interchangeables, parfois ennemis ou amis dans un décor pouvant être celui d'une cité disparue. Leurs gestes et le langage du corps deviennent texte » commente Mac Adams. The Dialogues succède aux Mysteries des années 70 de Mac Adams, compositions photographiques à partir de mises en scène réelles, et est parallèle aux Post-Modern Tragedies, série photographique reflétant dans un objet design une scène de crime. The Dialogues synthétise toute l’œuvre de Mac Adams, la construction narrative avec ses différents cadrages possibles et la mise en espace d’une histoire. On retrouve aussi dans The Dialogues la culture Galloise de l’artiste, de tradition orale où les mythes et les contes mêlent l’ordinaire et le fantastique.
Face à ce travail des années 80 nous présentons une installation conçue en 2013 intitulée Erasure (installation comprenant du linge taché supendu à un fil, un ventilateur et une photographie encadrée). Depuis plus de trente ans, Mac Adams compose des scènes mystérieuses en trois dimensions. Le format de l'enquête policière est pour l'artiste une métaphore du processus créatif : un système de contrôles et d'équilibres. Victimes et assassins présumés peuplent ses compositions avec ici et là des indices soigneusement et méthodiquement insérés. Le moment est figé et précis, la scène est cadrée de façon intentionnelle à la manière des tableaux vivants. Dans la pièce Erasure, Mac Adams manipule des objets ordinaires, fabrique une situation domestique en mouvement et en temps réel (le linge qui sèche) afin de créer une tension psychologique. L'association des différents éléments, à la façon d’une investigation explore les possibilités de théâtralité, dans la narration comme dans l'illusion. Le dispositif de construction et de composition devient presque l'agencement du tournage d'un film, dans lequel le spectateur est invité à entrer. Chacun pourra construire son récit à partir de draps suspendus et surtout d'une image photographique. Autre récurrence chez l'artiste : le glissement permanent des médium utilisés, Mac Adams est à la fois sculpteur et photographe. Chaque photographie provient d'une réalité construite par l'artiste, installation, sculpture.
Parallèlement, ses installations ont toujours comme point de départ ou comme élément de mesure, une photographie. Le travail de Mac Adams examine ce pouvoir de la photographie à convaincre mais aussi à manipuler. L'image photographique doit se ‘lire’ pour en comprendre tous les enjeux. Erasure traite d’une tentative avortée d’effacement (la tâche sur le linge), l’impossibilité d’effacer la mémoire profonde et les traumatismes. Mac Adams interroge le rôle de la photographie comme membrane de notre mémoire.
Dialogues & Erasure est un arrêt sur image, un re-cadrage sur l'Homme, aussi bien dans son rapport aux autres, dans la société, que dans sa plus grande solitude et intimité.
Actualité:
Crime in Art, MOCAK, Musée d’Art Contemporain, Cracovie (15 mai - 28 septembre, 2014)
Bad Thoughts Collection Sanders, Stedelijk Museum, Amsterdam (19 juillet - 9 novembre, 2014)