Des designers à Vallauris, 1998-2002

Exposition
Design
Biennale internationale de design de Saint-Étienne - 42000 Saint-Étienne

L’opération "Des designers à Vallauris" est le fruit de la volonté conjointe du Ministère de la Culture et de la communication (Délégation aux arts plastiques/Direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur) et de la ville de Vallauris de susciter l’interaction entre les designers, habituellement confrontés à la production industrielle, et les potiers de Vallauris dotés d'un savoir-faire artisanal, exceptionnel et historique et de dynamiser ainsi la production locale. A l’invitation de la Biennale Internationale Design 2002 à Saint-Etienne, l’exposition "Des Designers à Vallauris" sera l’occasion de montrer pour la première fois l’ensemble des pièces réalisées depuis cinq ans par des designers dans des ateliers de Vallauris. photo : roger tallon

Complément d'information

communiqué de presse

A l’invitation de la Biennale Internationale Design 2002 à Saint-Etienne, l’exposition "Des Designers à Vallauris" sera l’occasion de montrer pour la première fois l’ensemble des pièces réalisées depuis cinq ans par des designers dans des ateliers de Vallauris: Martin SZEKELY, Olivier GAGNERE, François BAUCHET, Ronan BOUROULLEC, Pierre CHARPIN, Jasper MORRISON, RADI DESIGNERS (Laurent MASSALOUX, Olivier SIDET, Robert STADLER, Florence DOLEAC), Roger TALLON, Frédéric RUYANT, Patrick JOUIN.

Depuis 1998, la ville de Vallauris, avec l’aide du Ministère de la culture et de la communication, propose, chaque année, à deux designers choisis en commun de venir travailler à Vallauris sur le thème de la céramique utilitaire : les études de conception sont conduites au titre de la commande publique alors que les réalisations en atelier des prototypes le sont par la ville.

Chaque designer choisit l’atelier de fabrication en fonction des techniques proposées. En dehors du caractère utilitaire des pièces aucune consigne n’est donnée au designer, d’où la très grande diversité des objets produits : briques à fleurs tournées en terre brute dans la grande tradition de Vallauris pour Martin Szekely, ou au contraire table empilable moulée pour Ronan Bouroullec. La confrontation, pour la première fois, du travail à Vallauris des treize designers ayant participé à cette opération de 1998 à 2002, permet de mesurer la richesse des projets : vaisselle modulable de vacances pour Roger Tallon, volonté pour François Bauchet de montrer le processus de fabrication ... Le pari de révéler la grande qualité des ateliers de Vallauris a été tenu. On oublie que la ville, trop souvent assimilée à une production de grande diffusion ou au souvenir exclusif de Picasso, possède d’excellents ateliers où la technique traditionnelle du tournage a laissé place à un savoir-faire aujourd’hui plus diversifié.

Au-delà des quatre premiers exemplaires, destinés au Fnac, au Musée de Vallauris, au designer et au potier, l’objectif reste la production de petites séries abordables pour un large public. Depuis 1998, chaque designer a choisi son propre éditeur et les expériences ont été diverses. Elles ont toutes été enrichissantes pour la compréhension de ce que peut être l’économie d’un tel projet, ses difficultés, ses réussites.

Mise en espace: François Bauchet et Grégoire Gardette.
Toutes les pièces exposées appartiennent au Musée de Vallauris
Publications aux éditions Gardette.

Des ektachromes sont disponibles sur demande.



« Des designers à Vallauris »
1998-2002





Olivier Gagnère chez Yvan Koenig

« Avec cinq pièces : vase «chaloupé» coupé en biais, crénelé ou curieusement aplati, coupes à l’élégance subtile, Olivier Gagnère a proposé une relecture de deux grands classiques : le vase et la coupe... Dans l’atelier Gerbino où les pièces ont été réalisées, celles-ci sont moulées, ce qui permet d’audacieuses constructions beaucoup plus difficiles, voire impossibles, si elles avaient été tournées ». Dominique Forest, 1998.

Martin Szekely chez Louis Mathieu et Gilles Compas

« Fallait-il convenir qu’à ces briques à fleurs et à vin, tout trait spectaculaire avait été inexorablement arraché ? Pas de couleur, aucune citation du passé du designer, où trouver même une référence assurée aux arts décoratifs ? Un matériau, un nom, une forme, brique et cylindre : des briques, rien que des briques et des cylindres ». Christian Schlatter, 1998.

Ronan Bouroullec chez Claude Aiello et Martial Quéré

« Ronan Bouroullec a commencé, comme à l’accoutumée, à dessiner plusieurs objets très épurés, dimensionnés et peaufinés au millimètre près. Une fois sur place, dans l’atelier du tourneur Claude Aïello - un artisan d’origine italienne - il découvre cette prise directe avec la matière; s’enchante de voir apparaître tout de suite l’un de ses premiers objets couché avec tant de précision sur son carnet de croquis. Habitué qu’il était, dans un autre contexte de fabrication, plus sériel, à attendre parfois quelques mois, ou plus, avant de voir se profiler un prototype ». Brigitte Fitoussi, 1999.

François Bauchet chez Gabriel Musarra

« ...En outre, comme Decoeur, Bauchet considère une décoration comme un artifice servant parfois à masquer les incidents de fabrication... Mais cette fois il décide au contraire de souligner un «défaut». On sait qu’un moule comprend habituellement deux éléments, soudés durant la phase de coulage puis séparés au moment où l’on extrait le corps d’argile solidifiée... Bauchet, lui, fait le contraire, il souligne cette cicatrice jusqu’à l’emphase ». Enzo Biffi Gentili, 1999.

Pierre Charpin chez Jacques Bro

« Les pièces de Pierre Charpin sont faites à la main, «à la plaque» comme il me l’a dit. Cette technique lui a été proposée par le céramiste qui les a faites, Jacques Bro. Pierre a senti que c’était un bon choix qui allait lui permettre une forte correspondance entre ses dessins ( faits à la main) et les pièces finies. Les mêmes vibrations, les mêmes tensions existantes dans les dessins sont perceptibles dans les objets finis ». George Sowden, 2000.



Jasper Morrison chez Antoine Betta

« L’un des deux projets d’objets pour la table commandés par Vallauris est une parfaite illustration de ce vocabulaire de la déclinaison de typologies traditionnelles. Il est intéressant de remarquer que dans ce cas, Morrison applique à une pratique artisanale, la céramique, le langage d’une pratique industrielle, le design. Dans ce cas précis, il part d’une simple colonne, avec son fût bien droit et ses rebords minces, légèrement arrondis. Il fait enfler et désenfler ce cylindre à volonté ». Elisabeth Vedrenne, 2000.

RADI DESIGNERS à la poterie d’Amélie

« Ils ont introduit dans le faire artisanal, basé sur la tradition et l’intuition, leur logique de projet concise, leur habitude d’aller à la racine des choses, leur disposition à l’invention typologique et cette inclination à créer des objets qui invitent à une découverte progressive. Des objets qu’il ne s’agit pas de consommer dès le premier regard mais de reconnaître à travers la manipulation et l’usage. Des objets surprise, en mesure de renouveler et de déstabiliser l’éventail des produits ». Cristina Morozzi, 2001.

Roger Tallon chez Salvatore Oliveri

« Tallon estime que son métier de designer consiste à prendre en compte un usage, celui qui autorise aujourd’hui, par exemple, à faire passer sur la table le même récipient (cette façon de prendre les repas sans apparat et que Tallon appelle «le pique-nique chez soi» d’où le nom du service). Qu’un couvercle puisse devenir un plat ou une assiette, qu’une terrine se transforme en coupe, cela n’est dû qu’au développement de l’idée initiale... ». Catherine Millet, 2001.

Frédéric Ruyant chez Claude Aiello

« Ce sont sept objets de table, à double fond et à double fonction, au dessin précis, que le designer Frédéric Ruyant a confiés au savoir-faire de Claude Aïello. De ses mains, dans un dialogue serré avec les yeux du designer, le céramiste a tourné et retourné saladier-cloche, plateau à fromage, pot à ustensiles, centre de table, un coquetier haut, un broc avec un bec à l’envers... Dans un travail de maîtrise et de déformation de la terre, de découpes en collages, de doutes en trouvailles, Aïello a donné forme aux pièces de Ruyant. Un jeu sur la dissimulation ». Anne-Marie Fevre, 2002.

Patrick Jouin chez Gérard Crociani

« Deux pièces destinées à la table : un contenant couvert, à la fois assiette et plat, variation sur le modèle du tagine; un grand plat circlaire, contenant et support d’un deuxième plat associant nourriture chaude et froide. Ils s’inscrivent tous deux idéalement dans la perspective de l’objet utilitaire, l’une des légitimités fondatrices de la mission »...
Patrick Jouin y ajoute le caractère utilisé : en lieu et place d'une micro-édition qui "échapperait" in fine à Vallauris, il conçoit ses deux objets en regard des attentes d'un restaurant. Ce qui implique une fonctionnalité et un caractère opératoire rigoureusement définis - formats, résistance à un traitement en cuisine, au lavage à la machine, code de couleurs permettant de distinguer le contenu des plats tandis qu'ils sont clos - en même temps qu'une possibilité de production en petite série. Ces deux plats, outre la qualité de leur résolution formelle trouvent un écho sociologique. Prolongement de la générosité de la cuisine proposée comme des sentiments que doit générer le repas, ils rendent à la table par la suggestion du partage une vraie dimension de convivialité." Pierre Doze, 2002.

Adresse

Biennale internationale de design de Saint-Étienne - 42000 3 rue Javelin Pagnon 42000 Saint-Étienne France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020