Depuis 1976 : une politique culturelle en faveur de la création contemporaine

Xavier Veilhan
<i>Le Carrosse</i>
2009
Sculpture réalisée à l'occasion de l'exposition <i>Veilhan Versailles</i>, à château de Versailles, en 2009.
Tôle d'acier soudée, peinture acrylique.
Oeuvre mise en dépôt, place de la république à Metz.
Commande publique du ministère de la Culture et de la Communication
© ADAGP/CNAP/Photo : Florian Kleinefenn

LES ACHATS
Depuis le début des années 1980, la politique d’acquisition se structure et s’intensifie en faveur de la création contemporaine. L’importance des moyens financiers consacrés par le gouvernement à la culture et notamment aux arts plastiques constitue l’un des traits saillants de la politique menée à partir de 1982 en France. L’action de l’État s’inscrit dans la durée et restitue une image de l’art vivant dans toute la diversité des styles, des médiums, des générations et des origines géographiques.
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EN 1976, le Fonds national d’art contemporain, à la fois dénomination de la collection et service administratif, est créé. Il est alors placé sous la tutelle de la Délégation aux arts plastiques (devenue Direction générale de la création artistique en 2010) du ministère. L’appellation « Fonds national d’art contemporain » pose le principe des acquisitions d’œuvres d’art à des artistes vivants. Les acquisitions d'œuvres par l’État révèlent les principaux courants de chaque époque. Elles enregistrent toute la diversité des pratiques et des démarches artistiques dans les arts visuels, sans les contraintes d'un musée qui doit proposer des pièces s'inscrivant dans un projet scientifique, culturel et muséographique.
Au sein de la collection, on distingue :
- la période dite « historique » qui s'étend de 1791 (date de création de la ligne budgétaire autorisant la république naissante à acquérir les artistes vivants) à 1904 ;
- la période dite « moderne », de 1905 à 1960, qui commence avec l'exposition des « fauves » au Salon d'Automne de 1905 (où apparaît une nouvelle génération de peintres - Matisse, Derain, Vlaminck...) ;
- la période contemporaine, à partir des années 1960, qui voit les collections s'ouvrir progressivement à de nouveaux domaines ; outre les beaux-arts - peinture, sculpture, arts graphiques - des secteurs de collections se mettent en place autour de arts décoratifs, métiers d'art, création industrielle, autour de audiovisuel, vidéo, nouveaux médias, photographie, et récemment autour du design graphique.
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EN 1982, le Fonds national d’art contemporain, en tant que collection, est affecté au Centre national des arts plastiques, nouvel établissement public du ministère de la Culture et de la Communication (décret fondateur du 15 octobre 1982).
Le Cnap est alors chargé d’enrichir, de conserver et de diffuser les œuvres de l’État. Le nouveau réseau national de diffusion de la création contemporaine s’inscrit dans la politique globale de décentralisation culturelle menée dans les années 1980. Entre 1981 et 1983, des Fonds régionaux d’art contemporain (un Frac par région) et plusieurs centres d’art sont en effet créés en France.
Le nombre d’acquisitions d’œuvres augmente considérablement en raison de l’accroissement du budget. Pour exemple, en 1983, près de 1600 œuvres sont achetées, équitablement réparties entre les trois domaines d’acquisition.
Les commissions consultatives d’achats sont instituées en 1982 au sein du Centre national des arts plastiques. Elles sont chargées de donner un avis sur les propositions d’achat d’œuvres d’artistes contemporains des domaines. Une réforme intervenue en 2015 instaure désormais une seule commission d’acquisitions et de commandes, divisée en 3 collèges :
- Arts plastiques ;
- Photographie et images ;
- Arts décoratifs, design et métiers d’art.
Présidée par le Directeur du Centre national des arts plastiques, la commission est composée de 6 membres de l’administration, de 2 artistes - auteurs et de 6 personnalités extérieures. Elles sont choisies pour leurs compétences (des critiques d’art, des collectionneurs, des responsables de structures d’art contemporain, etc.). Les participants sont renouvelés tous les trois ans. Dans chaque domaine, les membres des commissions présentent leurs propositions. Les artistes et les galeries peuvent aussi soumettre librement des œuvres de manière autonome lors de la première session, dite « ouverte ».
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LA COMMANDE PUBLIQUE DEPUIS 1983
En 1983, une politique plus volontariste en faveur de l’art public est mise en place. Le Cnap met en œuvre la commande publique artistique du ministère de la Culture et de la Communication, stimulant la production de nouvelles formes d’art public.

Une dotation consacrée à la commande publique se créé cette année-là. Maquettes, dessins, notes d’intention, images de synthèse ou vidéos forment un fonds atypique et hétérogène, géré par le Cnap, qui retrace le processus créatif à l’origine de la réalisation.
Le budget de la commande publique distinct des achats d’œuvres permet de mettre en place un cadre d’action unique destiné à favoriser la rencontre entre un artiste et un projet à caractère public.

La commande publique devient l’expression d’une politique culturelle rendue possible grâce à l’engagement de l'État et des partenaires multiples (collectivités territoriales, établissements publics ou partenaires privés).
L’impulsion portée par les services centraux du ministère de la Culture et de la Communication (Direction générale de la création artistique) et par son opérateur, le Centre national des arts plastiques dans les années 1980, permet aux collectivités avec les Directions régionales des affaires culturelles du ministère d’initier à leur tour des programmes de commandes publiques. De nombreuses œuvres réparties sur l’ensemble du territoire témoignent de l’ampleur des réalisations.

À partir des années 1980, la commande publique est conçue comme un outil mis à la disposition des artistes. Elle leur permet de réaliser des projets dont l’ampleur, l’originalité et le caractère expérimental ou utopique nécessitent un soutien particulier de la part de la collectivité.

Elle stimule de façon décisive la production de nouvelles formes d’art. Les artistes ont la possibilité d’inventer un nouveau rapport au public et au territoire. Outre la ville, la commande publique investit désormais les monuments historiques, les édifices religieux, les parcs et jardins ou les paysages ruraux.

La commande publique témoigne d'une grande diversité dans ses lieux d'implantation, reflétant ainsi un élargissement de la perception de la notion d'espace public. Les œuvres réalisées sont aujourd’hui des jalons importants dans l’histoire de la création de ces vingt-cinq dernières années.

Dernière mise à jour le 2 mars 2021