Claire Barbier

Dans la forêt
Exposition
Arts plastiques
Galerie du Haut Pavé Paris 05

Du 31 janvier au 3 mars 2012, la Galerie du Haut-Pavé présente un ensemble de travaux de Claire Barbier, née en 1982.

Claire Barbier est une multipraticienne. Musicienne composant, non sans talent, des chansons qu’elle interprète elle-même, chanteuse et trompettiste occasionnelle dans un cirque ambulant, elle est aussi une plasticienne rompue à un grand nombre de techniques : modelage, céramique, thermoformage, soufflage du verre, forge, travail du métal, dinanderie, taille de pierre, moulage, photographie…

Un tel spectre de compétences pourrait faire craindre un certain éclectisme. Il n’en est rien. Son travail affiche une remarquable cohérence. La thématique générale est celle de la tentative de saisie de l’insaisissable : le souffle, le vent, les nuages fugaces, le silence d’un ange qui passe, le rêve éphémère, l’empreinte du temps qui file…

Claire Barbier a placé son exposition sous le signe de la forêt. Chez les psychanalystes, la forêt représente la femme et son mystère, la mère primitive, dans sa dimension sauvage et instinctive. Elle symbolise l’harmonie de la plénitude de la féminité, mais peut abriter des ombres inquiétantes, des animaux sauvages ou des voleurs de grand chemin, signes d’un instinct difficilement refoulé, attaché à la satisfaction des seules fonctions vitales. C’est aussi le décor naturel le plus utilisé pour les contes d’enfants, un lieu magique où tout devient possible. La forêt de Claire Barbier est un peu tout ceci à la fois, mais aussi ce que Bachelard[1] en faisait, « un état d’âme ». On pense aussi à Baudelaire et à ses « forêts de symboles » qui observent l’homme « avec des regards familiers ». [2]

Claire Barbier cultive le paradoxe dans le choix de ses matériaux. Aussi variés soient-ils, ils deviennent réceptacles, empreintes, traductions d’une fugacité mouvante et impalpable… l’antithèse de ce qu’est la sculpture. Prenant au pied de la lettre l’expression figurée nuages lourds, elle en fait des modèles en céramique dont elle souligne le poids en les mettant en scène dans des poses qui accentuent leur pesanteur, dans la série des céramiques Prêt à porter, leur caractère enrobant, dans les papiers découpés et collés d’English Clouds, ou leur fragile matérialité, dans la série de verres soufflés Nubes Expirum. On y peut aussi y voir une traduction plastique de ce que la psychanalyse associe aux nuages : obscurcissements passagers de la conscience, interférences entre l’extérieur et l’intérieur, brouillages des impressions par le doute. D’ailleurs, au sens étymologique, la forêt est un foris, un en dehors où tout peut devenir possible.

Ce monde des possibles peut prendre la forme de modernes métamorphoses ovidiennes, tel cet ange qui déambule (Manteau de papier) ou cette figure mi-cerf mi-homme (The Messenger), relectures de mythes antiques qui hantent notre culture occidentale depuis des millénaires. C’est donc à une sorte d’intrusion, comme par effraction, dans l’inconscient collectif que Claire Barbier nous convie. Elle joue ainsi le rôle d’un très bachelardien sismographe des états d’âme mais aussi des fantasmes de notre société.

 

[1] In La poétique de l’espace.

[2] In Correspondances, Les Fleurs du mal.

Artistes

Adresse

Galerie du Haut Pavé 3 quai de Montebello 75005 Paris 05 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022