Changer l'eau

Le travail de Jacqueline Gueux est multiforme. L’artiste construit des éléments qu'elle nomme accessoires de la pensée pour les orchestrer afin qu'ils puissent agir comme structure et relais de cette pensée. Il s’agit d’une forme de poésie active qui témoigne de la fragilité entre les choses et les êtres, de la difficulté à s'entendre, à s'écouter, tout en laissant la part belle à l'humour et à l’espièglerie. Ses œuvres qui prennent en compte l’espace dans lequel elles s’inscrivent, reviennent constamment vers le dessin, le langage du corps et vers les mots -qu’ils soient slogans, refrains, aphorismes, collages ou sculptures-. J'ai, dit l’artiste (citant Georges Pérec dans Espèces d’espaces) plusieurs fois essayé de penser à un appartement dans lequel il y aurait une pièce inutile", et je voyage avec un habitant du monde de l'étoile Sirius dans la planète Saturne, avec Micromégas de Voltaire, dans les oreilles les trois mouvements en forme de poire d'Erik Satie . Habiter, occuper, mélanger, et changer l'eau…. voici son dessein pour son installation à la Galerie. Ici, Jacqueline Gueux investit tout l’espace, le sol, -un sol que l'artiste veut voir bouger- par des projections vidéos créant un simulacre d'eau, de vaguelettes, de chutes d’eau… également visibles depuis l'extérieur – elle prélève, organise, combine différents éléments graphiques en volumes précaires, en signes incisifs : des textes, manifestes défilant, visibles sur moniteur, imprimés, ou à dérouler, des dessins extraits des carnets de voyages (dessin au pied de la lettre, l'homme qui marchait dans le oui et dans le non) et des sculptures/objets « ici » à échanger, à faire voyager hors les murs de la Galerie,..