Cédric Landivaux

Les Élytres
Exposition
Arts plastiques
Galerie du Haut Pavé Paris 05

Du 3 mai au 2 juin 2012, la Galerie du Haut-Pavé présente une exposition de travaux récents de Cédric Landivaux, né en région parisienne en 1977.

Ébéniste de formation initiale, Cédric Landivaux, dont les œuvres, à l’instar de celles de Richard Artschwager, sont d’un fini impeccable, pourrait nous interpeller sur la problématique de la frontière, souvent ténue et perméable, entre art et artisanat. Mais, même si l’on a encore en tête ses imposantes compositions en faux bois de la série Lignosus une volée de bois vert, ce n’est pas tant le matériau que sa surface qui préoccupe désormais l’artiste.

Son exposition, placée sous l’égide des Élytres, constitue, de fait, un remarquable catalogue de propositions visant à décliner ce qu’est – ou n’est pas – une peau, une surface, plane ou incurvée, séparant l’air libre d’un intérieur dissimulé au regard. Et si la Nature a doté certains élytres de coléoptères de riches motifs et de couleurs chatoyantes, dont Jan Fabre fait grand usage dans certaines de ses œuvres, ce ne sont pas ces propriétés qui intéressent Cédric Landivaux.

Étymologiquement, l’élytre est un œlutron, à savoir un étui, un écrin. Les Latins en ont fait un tegmen, mot dont la signification couvre les notions d’enveloppe, de pellicule, de peau, de cuir, de dépouille, de coquille, de vêtement, d’arme défensive, de bouclier, de cuirasse, de casque, de maison, de demeure, d’enduit, de revêtement, de protection, de surface… La richesse du propos de Cédric Landivaux épouse la polysémie de ce terme et nous donne à voir ou à imaginer tous ces sens potentiels, et bien d’autres encore.

La notion de métamorphose – et plus particulièrement de mue – est centrale dans la démarche de Cédric Landivaux. Elle ne se limite pas aux formes – tel élytre pouvant, indifféremment, successivement ou simultanément, évoquer une tache de Rorschach, le squelette d’une tête de cervidé ou la coupe transversale d’un cerveau – mais s’étend aussi à la couleur et aux effets optiques. L’artiste s’intéresse, en quelque sorte, à la surface de la surface ou à l’épiderme du derme pictural, en proposant des effets de fluorescence, de réverbération, d’irisation, de moirure, de diffraction ou d’interférence. De façon quelque peu dérisoire, Cédric Landivaux rétorque donc au constat de Walter Benjamin de la perte d’aura des œuvres reproduites mécaniquement, en conférant à ses productions – faites main, mais à l’aspect industriel – un halo de substitution, aux antipodes de « l’unique apparition d’un lointain, quelle que soit sa proximité », rémanence d’un incontestable romantisme chez le philosophe prussien.

Les œuvres de Cédric Landivaux nous proposent donc un intelligent exercice de démontage et de remontage conceptuel qui s’apparente au processus derridien de déconstruction, transposé du textuel au plastique. Chez notre artiste, le sens jaillit en effet de la différence – différance aurait écrit Derrida – entre les moyens plastiques employés et la référence aux choses qu’ils représentent habituellement. Au risque de paraphraser le célèbre propos de Valery, on peut donc dire que ce qu’il y a de plus profond dans les œuvres de Cédric Landivaux, c’est leur peau.

Autres artistes présentés

Horaires

Du lundi au samedi, de 14h30 à 19h.

Adresse

Galerie du Haut Pavé 3 quai de Montebello 75005 Paris 05 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022