Carla Accardi et Dadamaino : Entre signe et transparence.

Deux artistes italiennes aux frontières de l'abstraction
Exposition
Arts plastiques
Tornabuoni Art Paris 08
 Carla Accardi et Dadamaino.

La galerie Tornabuoni Art a le plaisir d’annoncer l’exposition Carla Accardi et Dadamaino : Entre signe et transparence. Deux artistes italiennes aux frontières de l’abstraction qui présentera les oeuvres de Carla Accardi (1924-2014) et Dadamaino (1930-2004), vues à travers les recherches de ces dernières sur le signe, qu’elles déploient d’une façon nouvelle, notamment sur des supports transparents, invitant à une refonte radicale de la notion de “lecture” de l’œuvre d’art. Carla Accardi et Dadamaino partagent une liberté et une indépendance qui les amenèrent à adhérer à différents mouvements artistiques tout en s’affranchissant de cadres dogmatiques, créant en cela deux chemins uniques, deux vocabulaires artistiques distincts ayant en commun un intérêt pour l’écriture mais aussi pour la transparence, nouvel élément qui donne du dynamisme aux compositions, en introduisant la tridimensionnalité et invitant ainsi le signe à vibrer dans l’espace fluide.  Il en ressort deux oeuvres souvent développées en séries, dans lesquelles ces deux artistes ont exploré les propriétés et les possibilités de la peinture. Femmes de convictions, persuadées de la pertinence de l’art et de l’engagement au sein d’une société, elles prirent part aux luttes militantes de leur temps et marquèrent durablement l’histoire de l’art de leur empreinte.

L’exposition Carla Accardi et Dadamaino : Entre signe et transparence. Deux artistes italiennes aux frontières de l’abstraction ouvrira au mois de mai 2021 dans la galerie parisienne de Tornabuoni Art, de façon concordante à la rétrospective de Carla Accardi au Museo del Novecento de Milan ainsi qu’à l’exposition Elles font l’abstraction au Centre Pompidou, à laquelle la galerie participe par le prêt d’oeuvres d’Accardi et Dadamaino.

Un catalogue accompagnera cette exposition, édité en langues française et anglaise par la maison d’édition Forma Ed   izioni avec des textes de Valérie Da Costa, historienne de l’art, commissaire d’expositions et maître de conférences spécialisée dans l’art italien de la seconde moitié du 20ème siècle, Margit Rowell, ancienne conservatrice en chef du département des sculptures au Centre Pompidou puis du cabinet des dessins au Museum of Modern Art de New York, de Jean-Pierre Criqui, historien de l’art rédacteur en chef des ‘Cahiers du Musée national d’art moderne’ et Elizabeth de Bertier, historienne de l’art.

Reconnue comme l’une des peintres les plus importantes de sa génération, Carla Accardi est née en 1924 à Trapani (Sicile). Après s’être formée à l’Académie des Beaux-Arts de Palerme, elle quitte sa région natale pour Florence puis Rome où elle fonde le groupe Forma 1 (1947-1951) avec Ugo Attardi, Pietro Consagra, Piero Dorazio, Mino Guerrini, Achille Perilli, Antonio Sanfilippo et Giulio Turcato. Les artistes de ce mouvement d’inspiration marxiste ont pour volonté l’élimination de toute référence symboliste et psychologique dans leurs oeuvres qu’ils basent sur l’intuition de l’artiste, en dehors de toute formalité de l’abstraction. Si certains reviendront au réalisme ou à une abstraction plus formelle, Accardi se démarque de cette communauté d’artistes par son caractère expérimental et développe une poétique personnelle liant signe et couleur.

Sa carrière artistique peut se lire en périodes distinctes : au début des années 1960 Accardi crée sa série Integrazione, caractérisée par une recherche monochromatique sur la forme et la couleur qui évoluera sur une bichromie étudiant les relations entre couleur, signe et fond. La seconde moitié de cette décennie entérine le retour de la couleur dans ses oeuvres et l’utilisation particulière du sicofoil, une matière plastique industrielle miroitante et transparente qu’elle privilégie pour la façon dont elle reçoit et diffuse la lumière, matière sur laquelle l’artiste déploie des signes de peinture fluorescente. Véritables odes et réflexions sur la lumière, l’artiste y laisse visible en vide le châssis de ses tableaux ou de ses oeuvres bâties en tentes, dont l’une d’elle, Triplice Tenda (1969-71) fut acquise par le Centre Pompidou en 2005.

Dans les années 1970, Accardi se rapproche des mouvements féministes avec la critique d’art Carla Lonzi en compagnie de laquelle elle fonde Rivolta femminile, l’un des premiers groupes féministes italiens et maison d’édition promouvant la déconstruction des idées préconçues sur le genre féminin et son émancipation. Tout au long de son cheminement artistique, Accardi aura côtoyé et échangé en égale avec les artistes majeurs de son temps, d’Hartung à Pollock en passant par l’incontournable Fontana. Reconnue tardivement mais de manière fulgurante, Accardi bénéficie de sa première exposition personnelle états-unienne au MoMA PS1 de New-York en 2001, suivie d’une exposition au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 2002.

De six ans la cadette d’Accardi, Eduarda Emilia Maino, connue sous le pseudonyme de Dadamaino, naît à Milan en 1930. Après avoir achevé des études de pharmacie, elle débute une carrière artistique à la fin des années 1950 en tant que protagoniste d’une avant-garde originairement constituée autour du spatialisme de Lucio Fontana, dans le Milan de l’après-guerre, lieu d’effervescence artistique où convergent de nombreux artistes. En 1957, elle adhère au projet Azimuth – revue artistique et galerie éponyme fondées par Piero Manzoni et Enrico Castellani – ainsi qu’au mouvement international ZERO théorisé par Heinz Mack.

L’héritage de Fontana, que Dadamaino cite au même titre qu’Yves Klein comme une influence majeure sur son travail, est particulièrement visible dans sa première série des Volumi, présentée en 1958 à Milan, toiles monochromes noires ou blanches percées vers le vide. Cette recherche sur la tridimensionnalité et le monochrome la mène par la suite aux Volumi a moduli sfasati, feuilles de plastiques superposées perforées selon un rythme précis desquelles dégage une vibration visuelle. La série des Oggetti ottico dinamici
commencée en 1962 est représentative de la participation de Dadamaino aux recherches cinétiques de l’Op art naissant, à laquelle succéderont les Ricerca del colore, d’élégantes variations de juxtapositions de couleurs sur format unique. L’écriture en signe, qui ne devient pas écriture car s’arrête avant l’apparition du mot, se développe chez elle dès le début de sa carrière jusqu’à sa mort en ondulations ou hachures abstraites, dont elle couvre des toiles et papiers majoritairement blancs. L’alphabet apparaît comme système artistique dans l’Inconscio razionale (1975), toiles effleurées de lignes et de pointillées automatiques, guidés par l’inconscient, dont l’artiste dit qu’ils sont « une sorte d’écriture de l’esprit, du [sien] ».

L’oeuvre Lettera a Tall el Zattar, du nom du village palestinien massacré au Liban en 1976 sera le point de départ de l’Alfabeto della mente (1977), série dans laquelle Dadamaino répète un signe propre à chaque oeuvre, la « lettre muette », en en couvrant la superficie du papier. Les Costellazioni (1981-87) qui suivent voient le signe se condenser et se diffuser sur le support. La structure et la géométrie laissent place à un déploiement évanescent qui donneront suite aux Movimenti delle cose, formes organiques naissant de la multitude de signes d’encre noire sur des feuilles de polyester transparentes dont certaines atteignent 30 m de long, que l’artiste dessinera jusqu’à sa mort en 2003. La richesse, la cohérence et la linéarité conceptuelle de l’oeuvre de Dadamaino amènent l’artiste à une consécration tardive méritée dont sa présence à l’exposition Elles font l’abstraction du Centre Pompidou atteste. Les œuvres de Dadamaino sont aujourd’hui conservées dans les plus prestigieuses collections muséales telles que la TATE Modern de Londres, le Centre Pompidou à Paris, La collection Peggy Guggenheim de Venise ou le Philadelphia Museum of Art.

Horaires

16 Avenue Matignon 75008 Paris

tel. +33 1 53 53 51 51
info@tornabuoniart.fr

Du mardi au samedi
10h30  – 18h00

Lundi sur rendez-vous

Adresse

Tornabuoni Art 16 avenue Matignon 75008 Paris 08 France
Dernière mise à jour le 11 mai 2021