Camera Camera

Manifestation/Festival
Film, vidéo
Hôtel Windsor Nice

 

Pour la première édition de Camera Camera, la galerie Catherine Issert expose les artistes Jennifer Douzenel et Michel Verjux dans la chambre réalisée par François Morellet. Depuis quarante-deux ans, Catherine Issert, par son travail de galeriste, compose des généalogies artistiques : elle met ici en évidence l’influence de l’œuvre de François Morellet sur celle de Michel Verjux, qui, à son tour, a guidé Jennifer Douzenel dans la structuration de sa pratique.Trois générations d’artistes, donc, qui retracent une partie de l’histoire de cette galerie créée en 1975 à St Paul deVence.

Pour la chambre n°59 de l’hôtel Windsor, François Morellet s’est amusé à réaliser des « rayons de sommeil » : inspiré par la lumière azuréenne, qui traverse les persiennes pour venir ricocher sur les murs et les miroirs, il a tracé au travers de la chambre une grande ligne jaune qui rebondit du sol au plafond. Ce « rayon de nuisance », réalisé spécifiquement pour l’hôtel Windsor, est pensé selon le système du plan rabattu : Morellet fait exécuter à cette figure plane un mouvement de rotation autour d’un axe, la rendant ainsi dynamique.

Réalisées également dans un temps et un espace donné, les œuvres de Michel Verjux ne sont ni de la sculpture ni de la peinture. Elles sont constituées de l’élément nécessaire à la perception visuelle : la lumière. Par la projection lumineuse d’une forme géométrique simple, Michel Verjux révèle une situa- tion architecturale ; il élargit la notion d’œuvre d’art à l’espace qui la contient.

Jennifer Douzenel réalise quant à elle des films à par tir de plans fixes, silencieux, de cour te durée et qui ne sont jamais mis en scène. Les seules manipulations sur le banc de montage consistent à définir un début et une fin en les signifiant par un fondu. Présentés en boucle, ses films existent dans des formats et selon des moyens de diffusion qui leur sont propres. Définis en fonction du motif filmé, de sa pesan- teur, de sa temporalité, du rapport au corps du spectateur et parfois même de l’histoire de la peinture, ils peuvent prendre la forme d’une miniature ou d’une fresque.

Ces trois générations d’artistes abordent donc la lumière de manières diverses, mais le dialogue entre les lignes de François Morellet, les découpes de Michel Verjux et les rectangles d’images en mouvement de Jennifer Douzenel met ici en évidence une filiation plastique qui prend sa source dans l’abstraction géométrique pour peu à peu s’hybrider.

Des liens évidents existent entre les œuvres de François Morellet et Michel Verjux : tous deux suivent les règles d’un jeu qu’ils se sont eux-mêmes fixés. Rejetant tout sentimentalisme, l’aspect empirique de leurs recherches est canalisé par un concept précis et une construction assumée, revendiquée et donnée à voir. Ils travaillent - visuellement et plastiquement - dans le rejet de l'illusion, de la figuration et des effets de sophistication visuelle. Leurs œuvres mettent en avant la matière, la structure et le processus de production ; si narration il y a, elle est uniquement plastique et silencieuse.

Chez Jennifer Douzenel, une forme de récit refait surface sous le formalisme très maîtrisé de ses installations. Peut-être parce que ses vidéos ramènent, de par la spécificité même du médium, la notion de temps.Tout comme ses aînés, elle puise son inspiration dans des « fragments de réel » pour parler de peinture : ses compositions sont définies uniquement par le cadrage en plan fixe, sans autre forme d’artifice que la création d’une boucle. Mais en cherchant dans des actions infimes une forme de révélation, Jennifer Douzenel transfigure le champ pictural et nous propose une vision du monde empreinte d’une subtile poésie.

Adresse

Hôtel Windsor 11 rue dalpozzo 06000 Nice France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020