Bonne Journée

L’exposition se déploie autour d’un atelier mené pendant 4 ans dans une structure d’insertion par l’emploi. Il y a des objets et un film Bonne Journée :

Dans un entrepôt, des personnes trient et remettent en état des objets issus de dons pour les revendre. Petit à petit, ils et elles récupèrent du matériel vidéo et commencent à mettre en scène les objets pour faire des publicités, ils produisent des images fixes et animées. Ils et elles deviennent les modèles pour les photographies des vêtements et des meubles.

Le film s’est tourné dans le magasin et l’entrepôt de la communauté Emmaüs de Grenoble. Il raconte et met en scène une pratique photographique et filmique qui s’est développée en parallèle de l’activité de remise en état des objets. Dans cette économie où tout compte, le film s’est greffé au système de revalorisation et il rejoue, à sa façon, la remarchandisation des objets. Au milieu du flux des choses et du travail continuel, le film représente aussi une pause, il extrait les objets de la masse, les enregistre, on les regarde pour ce qu’ils sont, ce qu’ils contiennent. Les personnes, de passage également dans cette structure, y prennent la pose, ils deviennent les photographes et les acteurs d’une série de portraits. C’est un temps en retrait de l’action, d’où l’on observe le magasin, une parenthèse, les personnages s’y reposent, observent et rejouent le travail, certains objets retiennent leur attention, on s’attarde à les contempler.

L’atelier a constitué un moment à part sur le lieu et dans le temps du travail habituel. Le film est un espace parallèle où nous avons interprété ce travail crucial de tri et de gestion du trop-plein des choses en utilisant les objets qui passaient comme une trame narrative : des uniformes, un appareil photo, des cadres lumineux, des vêtements géants...

Les techniques photographiques et filmiques du marketing d’objet sont ici reproduites avec les moyens du bord. Il se rejoue un merchandising de seconde main qui présente ces objets pour tenter de leur donner une nouvelle chance, mais dont on voit qu’ils ont un statut différent de par leur vécu et leur ancienne. Un supplément d’âme qui n’est pas la valeur ajoutée. On observe le commerce, ses systèmes et la fin de sa course et une nouvelle chose apparaît.

Le marketing, appliqué à ce que la société de consommation a laissé, est libéré des enjeux réels du commerce, il laisse voir une douceur, un soin méticuleux porté à ces objets, une concentration, une créativité, une invention pour gérer ce flux titanesque et les personnes qui effectuent dans une patience extrême ce travail sans fin.

Le film est accompagné des enseignes et du catalogue produit pendant les ateliers.
D’autres pièces produites au cours de ces années avec des matériaux récupérés en marge des tournages sont aussi présentées.