Blowing in the Wind

Décors apocalyptiques aux perspectives déconcertantes, paysages mystérieusement désolés, objets flottants, couleurs invraisemblables... Les univers oniriques peints par Johann Rivat nous attirent, inlassablement. Absorbés par la toile, cette dernière nous renvoie notre regard médusé.

À ce jeu de regards mimétique répond un jeu de mémoire iconographique. Johann Rivat entremêle les références, mêle réalité et fiction, brouille les pistes historiques et géographiques, s’amuse à nous perdre dans nos propres souvenirs. Le temps devient cyclique, les lieux identiques, les mêmes événements se répètent, sempiternellement. Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ? Cet instant, ne l’avons-nous pas déjà vécu ?

Le vent nous souffle la réponse.

Tandis que les Cieux pleurent l’extinction de l’humanité, la Terre se désole de sa propre destruction. De son sein s’érigent des géants de métal, néphélims, totems d’une civilisation passée, dépassée. Non plus par le temps ou les événements, mais par elle-même. À l’inconsidérée course à la consommation succède un appel à l’introspection, à la réflexion, à la méditation. De qui devons-nous prendre soin ? De nous ? De l’Autre ? La nature est-elle cet Autre ? Quelles sont nos priorités ? Pouvons-nous seulement les concilier ?

Le vent nous souffle la réponse.

Inlassablement souffle le vent. Rafale ardente du bouleversement, il nourrit et fait se propager les flammes d’un incendie qui ne cesse d’être ravivé. Ouragan d’un imminent changement, il fait ployer les feuilles des palmiers et les mentalités. Typhon de l’effondrement, il fait s’envoler le voile de Maya qui, tissé par l’omniprésence des images et l’homogénéisation des regards, occultait notre vue.

Acculés que nous sommes par l’astreinte du changement, une injonction duelle s’élève : se résigner ou agir ? Résister ou servir ? Pouvons-nous encore influer sur cet inévitable changement ? Pouvons-nous encore rediriger le souffle du vent ?

Le vent nous souffle la réponse.

Et pourtant, ce que nous murmure le mistral nous est inaudible. Mais cette réponse que nous attendions, que nous espérions trouver dans le souffle du vent, ne se trouverait-elle pas déjà en nous ?

Le vent souffle...