bestiaire

Amusé, parfois interrogateur ou surpris, le regard du visiteur découvre ce que le Moyen-âge appelait « bestiaire ». Sa fonction : réunir et représenter des animaux généralement chargés d’une signification symbolique et fantastique. Des figures animales se dispersent entre les pages d’un bestiaire imaginaire bariolé et hétéroclite, peuplent un univers ludique et joyeux. Leur représentation sert autant de projets singuliers que leur traitement plastique est varié ou que les intentions des artistes diffèrent. Anne Chu dote de sentiments humains des ours aquarellés ; à une autre échelle et sur un mode d’observation quasi scientifique, Jean-Jacques Rullier détaille les états d’une fourmilière en paix et en guerre, qu’il met en abîme dans une vision microscopique de « bactéries à l’attaque des cellules ». Sous la plume, le crayon ou le pinceau, signes, mots et icônes se mêlent : ici, la tortue énigmatique d’André Masson, les figures dansantes ou grimaçantes d’Erik Dietman, là des hippopotames, des aigles et une otarie nagent dans les écritures de Jean-Luc Parant. L’arche de Noé de l’art contemporain est hybride, libre, infini. Archétype éloigné des conventions scientifiques de sa représentation anatomique, chaque animal esquisse les couches profondes de l’inconscient et des instincts qui nous animent.