Berlin

Exposition
Arts plastiques
Espace d'art le Moulin La Vallette-du-Var
Isabelle Bourgeois "Elle est venue comment cette expo?", m’a demandé un jour François (François Carrassan – NDLR). "Entre Noël et le jour de l’An. En passant chez Bernard". Il me montre des photos d’Andalousie… On parle et je ne sais comment, la conversation vient à Berlin. "Mais j’ai des photos de Berlin, tu veux voir Berlin?" De fait on n’avait jamais parlé de l’Allemagne tous les deux, tellement Plossu est identifié à l’Amérique du Sud et aux États-Unis. Et puis. "S’il y a encore un lieu où j’aimerais faire quelque chose par ici, c’est Le Moulin et ce serait avec toi", me répétait-il. Difficile de faire une expo avec un ami. On se doit d’être juste. Immanquablement juste. "Si tu as Berlin, je veux voir". J’ai vu. Une boîte inédite. Une énorme boîte de 64 photos. Ça faisait des années que l’on n’avait plus vu Berlin comme ça. "Ce sera Berlin, ce sera ce Berlin-là…" C’est sa vision hors la mode qui m’intéressait. Pas celle du Berlin-Est, pas les friches et aucune trace de nostalgie surtout. Mais Berlin-Ouest dans sa splendeur, avec ses grosses voitures, ses hommes d’affaires. Dans la lumière très blanche de Berlin l’été… C’est tellement pas ce que l’on attend de Berlin, c’est tellement pas ce qu’on attendrait de Plossu. Bernard Plossu Avant Berlin, j’étais allé une fois dans les pays de l’Est, en Pologne, en hiver. C’était très beau, très froid, ça a donné des photos passionnantes qui ressemblent à d’autres que j’avais faites au fin fond de la Turquie ou au Nouveau-Mexique. Là-bas aussi l’hiver est très rude. En voyant mes photos, l’attaché culturel polonais avait dit que c’était exactement ce qu’ils ne voulaient plus montrer de la Pologne. [Rires] Donc je me pointe à Berlin en 2005, lassé de ce qui sort en photo sur la poésie supposée de l’Est, pas si facile à trouver la poétique d’un pays où il y a eu autant de souffrance… La poésie des endroits tristes, c’est toujours très fort, mais rien n’est plus difficile que de raconter une belle histoire. On passe immédiatement pour un imbécile! Dans Berlin je vais souvent seul ou alors avec Sophie Biass et Jean-Louis Fabiani qui me guident. Je retrouve exactement la lumière de la Californie, celle d’un quartier de Los Angeles qui s’appelle Century City. Berlin c’est pareil. Avec des gratte-ciel. Tout le monde il est beau, tout le monde il est blond, tout le monde est content et riche! Des avenues, des voitures, beaucoup de lumière, ça pourrait presque faire un titre: Berlin blanc. Je me rends compte que c’est ce côté fin d’été qui m’attire. Les gens sont habillés en clair, les voitures sont décapotables, les musées, les gratte-ciel, tout est ultramoderne, on a l’impression d’une ville de science-fiction… Comme une Alphaville qui deviendrait une jolie ville de jour! Je me cantonne à cela et je ne passe pas l’ex-frontière. Je ne fais qu’une ou deux photos de check-point Charlie. Je ne veux pas entrer dans la nostalgie de la guerre ou des années communistes. Pour les photos aussi, tout devient clair. Je prends des bus et je regarde la vie ordinaire, en extérieur. Plutôt les beaux quartiers. Je me balade dans des parcs où il y a des statues blanches. Même quand il y a du monde, à la gare, ça reste très lumineux. Je fais tout au 50 comme d’habitude et je me rends compte qu’il n’y a aucune photo tremblée… Petit à petit, quelque chose de très moderne apparaît qui fait que je ne me répète pas. J’ouvre une porte. I.B.: Et c’est finalement très graphique, très structuré, très blanc. Pas rigide, mais les images ne sont pas poétiques du tout. Le nostalgique souvent évoqué pour tes photos est là complètement absent, c’est là le paradoxe et l’intéressant. Rien de nostalgique, rien de poétique mais des photos assez arides qui permettent une extension plus plastique de leur présentation. Elles sont très frontales. Ce sont des constats. Des photos ni pour ni contre. Mais n’es-tu pas toi-même surpris du résultat? B.P. : J’oserais presque dire le non-résultat… C’est tel quel, comme la revue des années 60! Je ne sais pas pourquoi, j’ai repensé aux films de Wim Wenders qu’il fallait absolument voir et que je n’allais pas voir, simplement parce qu’on m’en parlait trop. J’ai vu Les Ailes du Désir seulement des années plus tard… Je ne présente d’habitude que deux formats, le 24 x 30 classique, ou le miniature pour les grands paysages ou les natures mortes. Pour les très grands formats, je délègue: ce fut le cas pour les photos américaines au fonds régional d’art contemporain de Haute-Normandie avec Marc Donnadieu et maintenant avec toi dans le contexte de Berlin. J’étais venu à Berlin pour un vernissage, avec quelques pellicules dans mes bagages, et je me retrouvais avec une cinquantaine de rouleaux achetés au fur et à mesure. C’est devenu boulimique avec un grand bonheur de solitaire.

Partenaires

Conseil Régional Provence Alpes Cote d'Azur, le Conseil Général du Var, La ville de la Valette du var, et la Direction régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Cotes d'Azur, la Maison de la Photographie, La Ville de Toulon.

Horaires

du Mardi au Vendredi de 15h à 18h le Samedi de 10h à 12h et de 15h à 18h sur rendez-vous au 04 94 23 36 49

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Espace d'art le Moulin 8 avenue Aristide Brian 83160 La Vallette-du-Var France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020