BENTE SKJØTTGAARD

Look at me !
Exposition
Arts plastiques
Galerie Maria Lund Paris 03

Bente Skjøttgaard, Mnemiopsis leidyi no 1839, 48 x 35 x 27 cm, Grès et glaçure, 2018

Au risque de paraître narcissique - Look at me ! (Regardez-moi !) - le titre de la nouvelle exposition de Bente Skjøttgaard ne fait pas dans la discrétion, ceci pour deux raisons :

D’une part, du fait de la nature même du sujet qui a servi d’inspiration : une espèce particulièrement réfléchissante qui attire inévitablement le regard par sa beauté lumineuse. Il s’agit de ladite Méduse américaine, un cténophore pélagique au nom latin de Mnemiopsis leidyi.

D’autre part, en raison des dégâts immenses que cette petite hermaphrodite auto-fécondante cause depuis son introduction accidentelle en Mer Noire par le déversement des eaux de cargo dans les années 1980 : une réalité biologique et environnementale préoccupante qui impose qu’on la regarde.

Envahisseuse aux facultés de survie et d’adaptation remarquables, la « belle » se répand à une vitesse exponentielle dans les mers, lesquelles – pourtant - n’étaient pas son milieu d’origine. Elle y fait reculer de manière catastrophique les populations de poissons et autres espèces dont elle se nourrit afin de fournir l’énergie nécessaire à ses palettes vibratiles et à sa gamétogenèse, très intense.
Prédatrices redoutables, ces créatures touchent pourtant par leur être tout en souplesse et leur présence gracieuse. Bente Skjøttgaard les a étudiées de près et ses nouvelles sculptures s’inspirent de leurs formes, de leurs couleurs changeantes et de leurs mouvements. A les regarder, le ballet sous-marin et son rythme régulier - celui de la respiration profonde d’un grand poumon originel - se matérialisent… et ceci dans la matière statique du grès. 


u n e   h i s t o i r e   d e   n a t u r e

 

S’inspirer de la nature et de ses phénomènes est une pratique récurrente chez Bente Skjøttgaard. L’arbre et ses racines, la roche et sa formation, les nuages, les tornades et leurs transformations incessantes ont été à l’origine de nombre de ses œuvres depuis plus d’une décennie. La matière même de la céramique, l’argile, vient de la nature et porte en elle l’histoire des mouvements géologiques. Elle se travaille par pression et par choc. La cuisson la soumet aux forces du feu qui la durcissent, la forment, voir la déforment. S’y ajoute le travail de la glaçure dont les mouvements et la masse viennent telle une peau sur un corps de terre.

Longtemps les œuvres de l’artiste étaient essentiellement des supports permettant de développer la glaçure – à plat ou en coulures verticales. Aujourd’hui, la glaçure apporte non seulement couleur et texture mais est également, de par sa densité, partie intégrante de la forme.

 

 

M n e m i o p s i s   l e i d y i

 

L’organisme marin Mnemiopsis leidyi s’identifie surtout par sa luminosité et les contours de ses lobes et leurs peignes faites de milliers de petits cils dont les impulsions lui permettent de se mouvoir dans les courants. Les nouvelles sculptures de Bente Skjøttgaard sont issues de ces lignes. Elles prennent la forme de structures très ouvertes, telles des tiges organiques reliées en un centre et portées par un fin support circulaire. Même les œuvres les plus « tranquilles » frappent par leur souplesse entrainante, leur souffle et l’illusion d’un mouvement alors même que leur matière a été freinée dans sa propagation par le durcissement dans le four. Ces sculptures se pavanent en arborant leurs étoffes d’émaux chatoyants entre discrétion pastelle et m’as-tu-vu carmins, pourpres et bleus cobalt ou vêtues d’habits plus sombres aux secrets des profondeurs…

Ces secrets habitent aussi les reliefs muraux sur lesquels les profils des cténophores se détachent ou disparaissent dans des fonds sombres aux côtés de quelques végétaux aux tiges fines et de points lumineux – peut-être des rayons de soleil venu d’en haut ou les faisceaux des torches de quelque curieux.

Avec ce nouvel ensemble de sculptures, Bente Skjøttgaard rend visible un exemple de plus du rapport ambigu qu’entretien l’Homme avec la Nature et des déséquilibres désastreux qui s’opèrent dans les milieux naturels. A une époque où la puissance de l’impact humain va à vitesse croissante, regarder la beauté mais aussi la réalité parait plus que jamais indispensable : Look at me !

 

 

p a r c o u r s

 

La Galerie Maria Lund a présenté six expositions (2004, 2006, 2008, 2010, 2013 et 2016) de Bente Skjøttgaard (née au Danemark en 1961) qui ont reçu un excellent accueil – auprès du public, de la presse et des institutions.

Ses sculptures ont rejoint le Fond national d’art contemporain, le V&A, Sèvres - Musée National de la Céramique, les Musées de Châteauroux, nombre de collections publiques du nord de l’Europe (Designmuseum Denmark - Holstebro Kunstmuseum - Grimmerhus, Museum of International Ceramic Art - Vejen Art Museum - Trapholt Art Museum, Kolding - la Danish Art Foundationet la Copenhagen Cultural Foundation). Son œuvre a aussi été récompensée par de nombreux prix.

Bente Skjøttgaard expose régulièrement en Europe, elle a été présentée aux Etats-Unis dans le cadre de From the kilns of Denmark, (exposition itinérante 2002-2005 : The Museum of Art and Design, New York, Fitchburg, San Diego, Sacramento, Racine ainsi qu’à La Maison du Danemark, Paris et les Ambassades Nordiques, Berlin) et dans des foires ainsi qu’en Corée du Sud (KIAF en 2008, 2009, 2010 et 2011 – Gyeonggi International Ceramics Biennale, 2009 et 2011 : Adventures of the Fire - World Contemporary Ceramics). Ses sculptures ont également été exposées à la Biennale de Châteauroux (2009 et 2011), à la Biennale de Vallauris (2010 - section sculpture), dans le cadre du Parcours Carougeois (2015, exposition sur La ligne, Halles de la Fonderie), dans Climats artificiels à l’Espace Fondation EDF, Paris, dans l’exposition Nuages au Centre Céramique de Giroussens et au WCC-BF, Mons, Belgique (2016) ainsi que dans les éditions 2016 et 2017 de la manifestation Une partie de campagne, Chassagne-Montrachet. 

En 2012 l’artiste a créé la plateforme d’exposition Copenhagen Ceramics en collaboration avec les plasticiens-céramistes Martin Bodilsen Kaldahl et Steen Ipsen. Durant ses trois ans d’existence, elle a été une vitrine de référence pour l’exploration de pointe du médium céramique.

 

 

At the risk of sounding narcissistic – Look at me!  -  the title of Bente Skjøttgaard’s new exhibition is not the epitome of discretion, for two reasons: First of all, because of the source of inspiration, the subject matter itself: a particularly reflective species that ineluctably catches the eye because of its luminous beauty. It is the so-called Sea walnut, a Comb jelly referred to as Mnemiopsis leidyi in Latin. Second of all, because of the great damages that this small auto-fertilising hermaphrodite has been causing since its accidental introduction in the Black Sea by the water spillage of cargos in the 1980s: a preoccupying biological and environmental reality that requires attention.

This invasive “beauty” with astonishing survival and adaptation capacities spreads at an exponential rate across seas, which are - however - not its regular environment. It catastrophically reduces the fish populations and other species, which it feeds off in order to create sufficient energy for its vibrating paddles and its very intense gametogenesis.

Incredible predators, these creatures are touching nevertheless because of their particularly smooth, soft being and their gracious presence. Bente Skjøttgaard has studied them closely and her new sculptures are inspired by their shapes, their changing colours and their movements. Looking at them, the submarine ballet and its regular rhythm – that of the profound breathing of an original large lung – come to life… and this in the static matter of stoneware.

 

 

a   s t o r y   a b o u t   N a t u r e

 

Nature and its phenomena are recurrent sources of inspiration for Bente Skjøttgaard: The tree and its roots, the rock and its shaping, the clouds, the tornadoes and their never-ending transformations have been what triggered many of her works for over a decade.

The matter of ceramics itself, clay, comes from nature and inherently bear the history of geological movements. It takes form through pressure and shock. The firing exposes it to the force of flames that hardens, shapes, and deforms it. Then comes the glazing, whose movements and mass adds skin to a clay body.

For a long time the artist’s works were essentially vessels that allowed for the glazing to develop –spreading flatly or in vertical drizzles. Today, the glaze not only brings colour and texture but is also, because of its density, an integral part of the shape.

 

 

M n e m i o p s i s   l e i d y i

 

The sea organism Mnemiopsis leidyi can be identified mostly by its luminosity and the outlines of its lobes and their combs made of thousands of small lashes, which impulsions allow it to move in currents. Bente Skjøttgaard’s new sculptures come from these outlines. They shape as wide-open structures, like organic stems attached to a center and carried by a thin circular support. Even the most “tranquil” of these artworks stun by their catchy suppleness, their breath and the illusion of a movement, despite the fact that the dynamics of their matter have come to a standstillby hardening in the kiln. These sculptures strut by showing off their eye-catching enamel garments between pastel discretion and gaudy carmines, crimsons and cobalt blues or dressed in darker hues matching the secrets of the depths…

These secrets also inhabit the mural reliefs on which the profiles of the ctenophores stand out or disappear in dark backgrounds next to plants with thin stems and a few luminous points - maybe the rays of sun from above or beams from a curious scrutinizer’s torch.

With this new body of sculptures, Bente Skjøttgaard gives visibility to yet another example of the ambiguous relationship between Man and Nature and the disastrous imbalances that happen in natural habitats. In an age where the power of human impact is growing faster and faster, seeing beauty but also reality, seems more necessary than ever: Look at me!

 

 

b a c k g r o u n d

 

The Galerie Maria Lund has presented six exhibitions (2004, 2006, 2008, 2010, 2013 and 2016) of Bente Skjøttgaard (born in Denmark in 1961), which were all warmly welcomed by the public, the press and institutions.

Her sculptures have joined the Fond national d’art contemporain, Paris and the V&A, London, the Musée National de la Céramique, Sèvres, the Musées de Châteauroux and number of public collections in Northern Europe (Designmuseum Denmark - Holstebro Kunstmuseum - Grimmerhus, Museum of International Ceramic Art, Middelfart - Vejen Art Museum - Trapholt Art Museum, Kolding - the Danish Art Foundation and the Copenhagen Cultural Foundation). Additionally, she has received many awards for her work.  

Bente Skjøttgaard often exhibits in Europe. She was presented in the United States in From the kilns of Denmark, (travelling exhibition 2002-2005: The Museum of Art and Design, New York, Fitchburg, San Diego, Sacramento, Racine as well as at La Maison du Danemark, Paris and the Nordic Embassies, Berlin), in fairs and in South Korea (KIAF in 2008, 2009, 2010 and 2011), Gyeonggi International Ceramics Biennale, 2009 and 2011: Adventures of the Fire - World Contemporary Ceramics). Her sculptures have also been exhibited at the Biennale de Châteauroux (2009 and 2011), at the Biennale de Vallauris (2010 - sculpture section), for the Parcours Carougeois (2015, exhibition on The Line, Halles de la Fonderie), in Climats artificiels at the Espace Fondation EDF, Paris, in the show Nuages at the Centre Céramique de Giroussens and at WCC-BF, Mons, Belgium (2016), as well as in the 2016 and 2017 editions of Une partie de campagne, Chassagne-Montrachet. 

 

In 2012, the artist created the exhibition platform Copenhagen Ceramics in collaboration with artists-ceramicists Martin Bodilsen Kaldahl and Steen Ipsen. During its three-year existence, it was a recognized platform for cutting edge exploration of ceramics. 

 

Complément d'information

100 ans de céramique danoise
29. 11. 2018 – 3. 03. 2019
Maison du Danemark - 142 Av. des Champs-Elysées, Paris 8e arr
exposition avec la participation de Bente Skjøttgaard

Horaires

La Galerie Maria Lund est ouverte du mardi au samedi, de 12h à 19h.

Adresse

Galerie Maria Lund 48 rue de Turenne 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

M°1 - St Paul 
 

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022