Benoît Broisat

Photographies et vidéo
Exposition
Arts plastiques
Frac Occitanie Montpellier Montpellier

Benoît Broisat, la pêche au réel
Dans le flot continu des images qui recouvrent le monde, on aperçoit des choses innombrables. Mais comment affirmer si ce que nous voyons consiste bien en ces choses mêmes dont l’apparence nous est donnée, et non en leur simple reflet ? Par les simulacres qui débordent en tourbillons incessants, peut-être sommes-nous trompés irrémédiablement. Ou bien : comme le taureau dirigé par le reflet changeant de la cape, nous tournons autour d’un point d’aveuglement. Tout juste commençons-nous à comprendre quelque chose, que sonne « la mise à mort » de ce que nous pensions parvenir à saisir. Il faut que la danse recommence…

Benoît Broisat a décidé de vérifier si ce que livrent les images est « vrai ». Il s’agit d’abord d’un combat qui se situe dans la durée : prendre le temps de trouver ce qu’une image a exhibé, aller le chercher au bout du monde, le négocier avec ceux qui en sont les tenants, plus que les propriétaires, cela prend du temps. L’artiste n’en manque pas, ironiseront certains… Mais justement : le temps manque à chaque chose, à chaque être, puisque le temps des images n’en est pas. Sortir un pin’s, une chemise ou un gant d’une photographie de revue, et de tout ce qui s’en dit (affublant sa mutité de mille commentaires bavards), c’est le rendre à l’air libre du temps où l’on respire. Les Témoins de Broisat sont comme des survivants, des bouteilles à la mer que l’artiste aurait sorties des vagues où elles allaient sombrer et disparaître à jamais.

Ce faisant, le spectateur à son tour sort la tête de l’eau. Ou plus exactement, l’artiste lui montre comment il a tantôt la tête dans l’eau et tantôt en dehors. Ses œuvres sont des petits exercices de réapprentissage de la différence qu’il y a entre le bruit des images et des mots, et le silence des réalités nues. Qu’il nous raconte l’histoire de ses pêches non miraculeuses (elles sont plutôt très laborieuses) ne contredit pas cette dialectique, au contraire. Car au fond, le principe même de la dialectique est de nous rappeler « qu’il n’existe pas de vérité abstraite, que la vérité est toujours concrète » (Lénine). En montrant qu’il n’est pas la dupe de ses propres procédés d’artiste et de poète, Benoît Broisat se révèle comme l’un des excellents dialecticiens du moment ! De ceux qui nous aident à extraire le monde de son bloc de papiers glacés.

Cela lui vaudra un fromage, sans doute.
Emmanuel Latreille

Complément d'information

Au Frac Languedoc-Roussillon, Benoît Broisat expose un ensemble de photographies assorties d’une « collection d’objets hétéroclites » identifiables sous le titre Les Témoins. À cette série commencée en 2008 et que viennent régulièrement enrichir de nouvelles images, l’artiste associera pour la première fois une vidéo.
Chaque projet des Témoins se caractérise par l’association entre une image (prélevée dans la presse) et un des objets qui s’y trouve photographié. Entre le moment du choix de l’image et de l’objet, et l’exposition de ces derniers, un long travail d’enquête est mené par l’artiste. C’est cet intervalle qui sera pour la première fois traduit et montré en images, comme « l’expérience immédiate d’une immersion ».
C’est au Cambodge que Benoît Broisat est parti mener enquête, à la recherche d’un parasol de couleur orange. L’image, l’artiste l’a repérée et prélevée dans les pages d’un gratuit distribué dans le métro parisien : on y voit une petite ruelle sale de Phnom Penh, un sol de terre battue, un homme sur un vélo qui semble slalomer entre les flaques, des matériaux de construction empilés contre un mur, l’échoppe d’un marchand ambulant avec son parasol orange…
« Chacune des enquêtes du projet des Témoins, qu’elle soit conduite à distance ou sur le terrain, est l’occasion d’une plongée symbolique ou littérale dans la réalité dont la photographie de presse ne donnait tout d’abord qu’un aperçu superficiel. Il s’agit à chaque fois de fendre la surface d’une photographie sur laquelle le regard butte pour la traverser, la sonder dans sa profondeur. L’image cesse alors d’être un objet à contempler et devient, à la manière d’une carte au trésor, une exhortation à l’action, au voyage, à l’aventure. » (B. Broisat)

Artistes

Partenaires

Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication-Direction Régionale des Affaires Culturelles et de la Région Languedoc-Roussillon. La mise en place d’un portail Internet dédié à l’art contemporain dans la région Languedoc-Roussillon et l’informatisation du fonds documentaire et de la collection du Frac LR sont cofinancées par l’Union européenne. L’Europe s’engage en Languedoc-Roussillon avec le Fonds européen de développement régional. Le Frac LR est membre du réseau PLATFORM - regroupement des Frac et structures assimilées.

Horaires

Du mardi au samedi, de 14h à 18h | fermé les jours fériés | entrée libre

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Frac Occitanie Montpellier 4-6 rue Rambaud 34006 Montpellier France

Comment s'y rendre

Bus 11 ou 15, arrêt Gambetta
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022