Avant, je pensais qu'il parlait tout seul

Gisèle Vienne, Vidya Gastaldon, Jean-Luc Verna
Exposition
Arts plastiques
Le Parvis Ibos

Gisèle Vienne, Last Spring a prequel, 2012. Production le Parvis centre d'art

Tout commence en 1884, quand Sarah Winchester, veuve de l’inventeur de la célèbre carabine, construit une maison fantasmagorique selon les injonctions que lui livrent dans son sommeil, les âmes des victimes des armes Winchester.
Afin qu’elle échappe à la vengeance des esprits et donc à une mort certaine, ces derniers lui intiment l’ordre de bâtir une maison irréelle en dehors de toute logique d’échelle et d’espace.
Ainsi ce sont quelques 160 pièces, composée en demi-étages, avec fenêtres ouvertes dans le sol, portes qui donnent dans le vide, et escaliers qui ne mènent nulle part qui donnent à cette maison toute sa démesure et son étrangeté.
L’exposition «Avant je pensais qu’il parlait tout seul», conçue dans le cadre du festival Collection d’Hiver au Parvis, s’inspire de cette expérience mystique et associe, pour une première collaboration, trois artistes dont les univers artistiques pourtant proches ne les ont jamais poussés à exposer ensemble. Cette exposition au Parvis centre d’art sera leur première expérience commune.

Gisèle Vienne, à laquelle le centre d’art confie une carte blanche, invite donc les plasticiens Jean-Luc Verna et Vidya Gastaldon à écrire avec elle les bases d’une exposition qui se présente comme une pièce de théâtre.
Rien d’étonnant à cela puisque voilà maintenant une dizaine d’années que Gisèle Vienne œuvre dans le monde des arts vivants, travaillant des pièces théâtrales dont l’univers se situe toujours dans une friction entre réalité et fiction.
Chez Gisèle Vienne, le réel se situe dans un espace de perceptions multiples qu’elle met en scène avec une grande liberté narrative, mise sous tension par une série d’artifices et de pièges.
Au Parvis, l’artiste propose au spectateur d’habiter un espace visité par des spectres… Une installation intitulée Last Spring :  a Prequel dont le décor rappelle l’architecture des maisons hantées, des espaces virtuels et évoque directement la structure des oeuvres de Dennis Cooper, écrivain américain avec lequel elle collabore régulièrement. Dans un coin caché au fond du centre d’art, un  adolescent  incarné par une poupée ventriloque et animée, endosse le rôle d’un bonimenteur. Il prend place dans un espace qui déploie l’univers plastique régissant l’ensemble du projet, lequel pourrait tout aussi bien correspondre à un jeu de cache-cache avec les fantômes victimes de la carabine Winchester.
Gisèle Vienne vit et travaille à Grenoble et Paris. Après avoir étudié la musique et la philosophie, elle fait ses études à l’Ecole Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette. Depuis 1999, elle travaille comme chorégraphe, metteur en scène,  scénographe, interprète et plasticienne.

Vidya Gastaldon est une artiste française vivant à Genève. Dans le centre d’art, l’artiste dispose au sol et suspend au plafond des sculptures colorées qui convoquent deux traditions de l’art radicalement opposées : l’art minimal d’un coté, l’artisanat de l’autre (les sculptures étant réalisées en laine). Soit, l’une des armes massives (ou du moins considérée comme telle ) des artistes femmes comme Annette Messager ou Rose Marie Trockel. Pas question pour autant de cataloguer le travail de Vidya Gastaldon dans un art  de la citation féministe. Esotérique, son oeuvre n’emprunte à aucune tendance artistique et se nourrit exclusivement de son imaginaire fantasque et poétique. Quant à ses dessins, une dizaine ici accrochés, ils font la part belle aux paysages que Vidya Gastaldon considère comme « la forme la plus appropriée pour évoquer un certain état de contemplation ». Des paysages oniriques mais inquiétants associant en un joyeux maelström icônes populaires, personnages mystiques, ambiances post apocalyptiques et mondes hallucinés.

Jean- Luc Verna pour finir est un des artistes les plus intéressants de sa génération. Dessinateur virtuose, tombé un peu par hasard dans la chaudron magique de l’art contemporain, Jean-Luc Verna a décidé voilà des années de faire de sa vie son œuvre en livrant son corps aux mains des tatoueurs et des entraîneurs sportifs. Parsemé de tatoos d’étoiles, sculpté comme un statue grecque, son corps est un des principaux objets de son travail. Dans les auto-portraits qu’il met en scène, Jean-Luc Verna prend la pose nu, imitant des stars de l’histoire de l’art telle la petite danseuse de Degas … Et des stars, il ne manque pas de s’inspirer. À commencer par Siouxsie Sioux, sa muse, grande figure de la scène rock ou Delphine Seyrig, actrice et féministe française, que l’on retrouve au centre d’art et dont il « dresse les portraits » en deux sublimes représentations noir et blanc, lithographiées comme des fantômes d’images s’emblant s’enfoncer dans la matière des murs.

Magali Gentet,
Responsable du Parvis centre d’art et commissaire de l’exposition.

Commissaires d'exposition

Adresse

Le Parvis Centre commercial Méridien - 1er étage Route de Pau 65421 Ibos France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020