Autoreverse

Daniel Firman
Exposition
Arts plastiques
néon Lyon

Daniel Firman se procure une Opel Ascona construite en 1973 dans les usines suisses General Motors et réalise une photographie à Monte Verità (colline d’Ascona (CH) et fief des premiers utopistes anti-industrialisation). Ces deux "objets" -une voiture, une photo- inaugurent une oeuvre itinérante qui débute à Néon. Autoreverse, dans un semblant de boucle absurde, nous entraîne non sans ironie dans le paradoxe d’un bébé-marketing à la découverte du berceau des utopies occidentales du XXème siècle, Ascona, son éponyme. S’agit-il pour Daniel Firman de réactiver un morceau d’histoire ? Est-ce alors une tentative de l’artiste qui, dans un élan pédagogique feint, voudrait expliquer au monde l’origine de la chute des utopies ? Ou est-ce une occasion de projeter ses propres utopies ?

 


Daniel Firman n’est pas un manipulateur d’utopie, encore moins un artiste « bazouka/tabula rasa ». Néanmoins, c’est dans ses projets que se révèle cette proximité entre l’artiste et cette notion. Une sorte d’« utopie douce », comme l’évoque Françoise Lonardoni, dans le catalogue monographique Underfoot .

La révolution n’a plus lieu
Il appartient à cette génération qui se laisse aller à imaginer l’implosion de systèmes saturés.Une partie de son travail joue précisément sur un mécanisme de tension. En regard au célèbre jeu d’enfant «badaboum», Daniel Firman a réalisé une série de pièces, des hommes (moulage de son propre corps) supportant une multitude d’objets industriels divers. Ces objets sont simplement posés, conjuguant résistance du corps et inertie de cette masse. Il en résulte des sculptures où le spectateur sera parfois effrayé tant la scène paraît réelle et la catastrophe imminente.

Imaginer ensemble
Une autre partie de son travail s’élabore autour de la notion de projet où l’autre est invité à construire l’oeuvre avec l’artiste. Avec ses mêmes objets hétéroclites, Usual globality par exemple a été réalisée avec de futurs cadres dirigeants, des étudiants à HEC. Ici, Daniel Firman met en place un cadre d’organisation et de construction collective laissant cette proposition sous-jacente : «que nous est-il donné de fabriquer avec ce qui existe ?» plutôt
que «que faut-il détruire pour imaginer être heureux ?»...
Selon le même principe, au Black Mountain College, en 2002, Sweet Utopia in a campsite, les corps des participants s’intègrent à la structure en construction et la performance prend des allures de «joyeuse action-manifeste».

Construire autrement
Il y a aussi dans d’autres pièces, cet attachement à « neutraliser le réel au profit de la projection mentale » .
Là s’installent des projets comme Remix, Koliba ou Correspondant-Correspondance, tous mis en place sur des mesures totalement subjectives
(la mémoire de l’artiste, la mémoire d’un autre, l’échelle du propre corps de l’artiste) et réinjectées dans le réel, un lieu d’exposition.
Ces pièces sont la recomposition d’un espace bâti, espace de vie 1/1 selon des critères qui échappent à ceux de l’objectivité et des lois qui régissent notre « confort quotidien ».

Et c’est bien là, dans cette attitude, mêlant regard joyeusement mais assurément critique et « micro-action» poussant l’autre à l’éveil (voire au réveil) que se profile le travail de Daniel Firman. Sa "douce utopie" serait celle qui s’autoconstruit, s’auto-organise -presque par défaut, contrainte, voire inversion -sur un ailleurs juste à côté, qui proposerait un art qui se retourne sur vous, comme un gant.

Artistes

Horaires

du mercredi au samedi de 14h à 19h

Adresse

néon 41 rue Burdeau 69001 Lyon France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020