Audio Mimesis
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Signe avant-coureur du printemps, cette exposition propose de plonger dans un "paysage sonore artificiel" et pastoral où anches de flutes, sons d'animaux mimés vocalement puis diffusés par des lecteurs cassettes modifiés forment une évocation de la rumeur de la forêt.
L'exposition composée des installations, "Air" du duo italo-belge Void (Arnaud Eeckhout et Mauro Vitturini) et "Schwarzwald" de l'artiste allemand Klaas Hübner propose au visiteur de pouvoir écouter et entendre simultanément les deux installations. Un principe qui va à l'encontre des habitudes de vouloir isoler et séparer nettement les œuvres sonores. Ici, la proposition est a contrario d'arriver à une juxtaposition auditive de ces installations au propos différent, mais dont les sonorités s'harmonisent en un ensemble cohérent que l'ont peut qualifier de "paysage sonore artificiel". Elles ont de plus en commun de détourner des dispositifs de diffusion du son. D'un côté "Air" utilise le haut-parleur pour faire sonner des flûtes, de l'autre "Schwarzwald" de Klaas Hübner se compose de lecteurs de cassettes audio détournés de manière à ressembler aux horloges à coucou typiques de la Forêt Noire.
Avec "Air", Void utilise les haut-parleurs comme simples générateurs de pression acoustique en diffusant de basses fréquences, inaudibles à l'oreille, mais capables de faire vibrer des anches de flûtes reliées à ceux-ci par des tubes transparents.
L'installation rappelle que la notion de silence, chère au duo, est liée à l'audition plus qu'à la présence ou l'absence de sons. C'est-à-dire que ce que l'oreille ne peut percevoir, les infrasons et les ultrasons, rentre dans le domaine du silence. Le tube en plexiglas transparent met en avant cette sorte de zone neutre et silencieuse, où le son est inaudible mais bien présent.
La seconde installation, "Schwarzwald", de l'artiste allemand Klaas Hübner, se compose de lecteurs cassettes détournés. Reliées aux lecteurs par leur bande magnétique des cassettes rappelant les contrepoids en forme de pommes de pin d'horloges à coucou se balancent. Ces dernières ont servi de support d'enregistrement à l'artiste imitant croassements de grenouilles , chants d'oiseaux et sons environnementaux entendus dans la Forêt Noire. En faisant varier la vitesse de défilement des bandes, ou en les passant à l'envers, Klaas Hübner tente par des moyens artificiels de se rapprocher au plus près de sons naturels.
Par bien des aspects, l'oeuvre interroge le rapport de l'homme à la nature, notamment au travers de ces fameuses pendules décorées de cerfs et autres gibiers et qui marquent les heures au son de coucous mécaniques. Elle souligne également le lien qui existerait entre le développement d'une langue et l'environnement sonore berceau de celle-ci.