ArtParis 2012

LE PARTI PRIS DE LA PEINTURE

Exposer ensemble Jean Degottex (1918-1988), Claude Viallat (né en 1936) et Pierre Buraglio (né en 1939) non pas comme s’il s’agissait d’un groupe, ni même pour témoigner d’une improbable allégeance des deux derniers à leur aîné, mais afin de montrer qu’il y a bien là une forme de famille, dans laquelle Degottex joua un rôle d’éclaireur, ouvrant un chemin que d’autres, après ou à côté de lui, empruntèrent librement.

Dans les années 60, de fait, au moment où Jean Degottex réintègre la galerie Jean Fournier après quelques années d’éloignement, ce sont les futurs artistes de Supports/Surfaces comme Viallat ou proches de ce mouvement comme Buraglio qui vont regarder son travail. Ces artistes vont y puiser des directions fécondes, non pas, comme certains de leurs contemporains, du côté de la recherche du « dernier tableau », voire d’une sortie de la peinture, mais, au contraire, dans un désir de recommencement, à partir du minimum.

Le minimum c’est un point de départ, d’impulsion, qui est l’horizon commun de tous ces artistes : continuer, encore et toujours, à faire de la peinture, avec  une économie de moyens qui n’exclut ni profusion ni diversité.

Buraglio marque son attachement à l’œuvre de Degottex  en préfaçant le catalogue de l’exposition de ce dernier à la galerie de France en 1990, deux ans après sa mort. Pour évoquer l’inspiration zen de Degottex on utilisera le mot pauvre écrit-il, « ce fut l’un des mots-tocsins de ma génération, avec silence, et distance ».

Marquage systématique du support par une « forme quelconque » chez Viallat, ou économie du « pain perdu » chez Buraglio, qui l’amène à concevoir une forme de peinture sans pinceau, alliant geste de récupération et travail de composition : autant de façons de prolonger, sur un mode singulier, la voie ouverte par Degottex, ce parti pris de la peinture.