Antiterra

Exposition
Arts plastiques
Le Parvis Ibos
L’exposition Antiterra de Jean-Paul Labro tire son titre générique du roman de Nabokov « Ada ou l’ardeur ». Dans l’imaginaire littéraire d’un des personnages, il est question de Terra, modèle utopique et version contraire de notre planète nommée Antiterra. Nous vivons donc sur Antiterra, qui existe par antinomie à un monde idéal. Jean-Paul Labro décline Antiterra sur trois lieux et en trois propositions différentes : Eden, ce dispositif multimédia est une porte vers une dimension post-humaine où le spectateur est invité à se transporter. Rêve, le Vidéo K.01 est transformé en cabine de jeu vidéo depuis laquelle le spectateur peut évoluer dans le supermarché vidé de sa marchandise Coma, cet environnement fictionnel exprime l’envers du rêve, la situation d’un corps sans conscience et sans désir.

Complément d'information

texte de Jean-Paul Labro dans le dossier de presse Antiterra (disponible sur le site en pdf)

5PRÉSENTATION D’ANTITERRA

« F orcés de s’arrêter sur Terre (Antiterra, comme l’appellent les protagonistes), les Voyageurs n’ont d’autre alternative que de s’incarner dans les organismes vivants, le corps humain étant le choix le plus évident, seul moyen pour échapper à la vigilance des gardiens. Leur objectif est clair : détruire Antiterra pour supprimer le paradoxe, et continuer leur course vers l’origine des temps.

Extrait de « Dreamericana » page 73 de Fabrice Colin.

« Le titre générique de l’exposition qui fait référence au roman de Nabokov « Ada ou l’ardeur » est issu de l’imaginaire littéraire d’un de ses personnages. Il y est question d’un monde semblable au notre, doublé à l’identique dans le cosmos et nommé Terra, un modèle utopique qui renvoie notre planète à sa version contraire nommée Antiterra. Nous vivons donc sur Antiterra, une sphère géophysique qui existe par antinomie à un monde idéal. On peut lire dans cette allégorie nabokovienne, une référence à la découverte de l’antimatière dans l’univers, qui nous permet aujourd’hui d’appréhender théoriquement le monde par sa complémentarité négative. Antiterra contient dans chacune de ses particules l’antimatérialité d’un double, n’existant que pour fonder le principe même de son annulation comme celui de son origine et de toute création.

Cette exposition nous déposera sur les marches d’un vaisseau fantôme, à la surface d’Antiterra, lieu fantasmé et réel, où toute contradiction est métaphore d’une Terra existentielle et spirituelle. C’ est dans cet écart des contraires que nos subjectivités s’ouvrent au désir brûlant de Terra et son double. C’est du désir que naît le rêve et c’est sa perte qui nous engouffre dans l’obscurantisme. Comme l’écrit Jean-Louis Sheffer, le rêve est cofondateur des images de l’Humanité désirante, de se penser, d’animer le travail des regards et de l’art, de se projeter dans l’Histoire et son futur.

Parce qu’il n’y a pas de vérité univoque dans cet espace entre-deux, nous pouvons éviter la chute du rêve dans un coma chloroformé par des images abrasives et sucrées. Construites comme les contreforts du réel, des images fabriquées par et pour nous-mêmes dominent le champ des représentations, agissent par effet de vases communicants sur l’équilibre inégalitaire des forces symboliques, politiques et économiques oeuvrant le monde. On risquerait l’anarchie créatrice, si les ordonnances du poète Debord frappaient nos consciences plus sourdes aujourd’hui que des cerveaux d’enfants.

Dans ses essais critiques, William Burroughs relève et dénonce l’état de conditionnement psychique des masses par les machines de guerre post-mayas et les pressoirs médiatiques, de la CIA, d’Hollywood et des chaînes de télévision. Comme échappatoire, il nous propulse au coeur de la matière du corps, cette « machine molle », transformable et transgressive, à partir de laquelle toute pensée s’invente, se diffuse et s’infuse dans le monde.

On troquera donc volontiers un nouvel Eden contre cet eldorado défraîchi, ce corps urbanisé et alourdi par plusieurs siècles de béton érigé et d’images hiératiques. On pourra puiser dans le réservoir des formes inventées par les artistes et se laisser aller à la tentation des devenirs post-humains, qui oscille entre régénération « bio-mécanique » et dissolution totale dans le flux numérique. Il faudra toujours lutter contre toutes les puissances de domination marchande et publicitaire qui nous représentent et gouvernent la plastique de nos corps, les plongeant dans le bain détergent de l’anorexie mentale. C’est à la secte africaine des Haoukas, filmés par Jean Rouch, que je dédie cette exposition, ceux là mêmes qui par la transe du corps, reprenaient possession d’eux-mêmes en possèdant et en incarnant à leur tour, l’esprit des colonisateurs, voleurs de représentation et de subjectivité.

Jean Paul Labro

Autres artistes présentés

Jean-Paul Labro

Partenaires

Antiterra réunit quatre partenaires autour du projet, La Centrifugeuse, Université de Pau et des Pays de l’Adour, le Vidéo K.01- Le Parvis, centre d’art contemporain, Pau, accès(s) et le Pôle Culturel Intercommunal, anciens abattoirs à Billère.

Horaires

- Eden, La Centrifugeusedu lundi au vendredi, 10h00-20h00- Rêve, VidéoK.01du mardi au samedi, 13h30-18h30.- Coma, Pôle culturel intercommunaldu mardi au samedi, 15h30-19h30

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Le Parvis Centre commercial Méridien - 1er étage Route de Pau 65421 Ibos France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022