Villa Savoye
En 1928, Pierre et Eugénie Savoye demandent à Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret de leur concevoir une maison de week-end. Le Corbusier vient de théoriser les acquis du Mouvement Moderne en « cinq points d'une architecture moderne » : Les pilotis, le toit jardin, le plan libre, la façade libre et la fenêtre en bandeau en deviennent les figures obligées.
La villa Savoye représente pour Le Corbusier l'aboutissement de plusieurs années de recherches formelles.
Implantée sur un terrain dégagé et sans contrainte urbaine, pour des clients sans idée préconçue, avec un programme très libre, la villa a une valeur de manifeste pour la modernité architecturale de l'entre-deux guerres.
Pour reprendre deux expressions de Le Corbusier, c'est à la fois une « machine à habiter » par l'adaptation des pièces à leurs fonctions, et une machine à « émouvoir » par l'harmonie des formes et les jeux de lumière. Les Savoye, en y emménageant en 1931 avec leur fils, l'appellent « Les Heures Claires ». En arrivant, on découvre un volume sur pilotis symétrique et lisse qui invite l'automobile au contournement physique sous les pilotis pour trouver la porte d'entrée sur la façade opposée. Le mur vitré courbe du vestibule est défini par le rayon de braquage d'une automobile de 1930 et permet de repartir ou de pénétrer dans le garage. Le hall d'entrée dessert deux chambres de service, une grande buanderie et le garage.
Une rampe mène le visiteur au premier étage et conduit à la salle de séjour qui s'ouvre sur la terrasse, vers le Sud, grâce à une grande baie vitrée coulissante. Au premier étage, les pilotis deviennent poteaux. Ils sont mis en évidence ou disparaissent au gré des cloisons. C'est au premier étage que se trouvent aussi les chambres, les salles de bains, l'office, la cuisine avec sa terrasse indépendante.
Des fenêtres en bandeau courent le long des façades pour que la lumière du jour pénètre partout. Les limites entre le dedans et le dehors sont presque inconsistantes. Les points de vue sur la nature, l'herbe, les arbres et le ciel sont multiples. De la terrasse du premier étage, une rampe extérieure conduit à la toiture terrasse et au solarium où un mur courbe forme un pare vent.
La tourelle contient l'escalier intérieur qui permet aussi de desservir tous les niveaux.
La villa Savoye est considérée comme emblématique de son œuvre à cette époque et manifeste ce qu'on peut appeler un « purisme radical ». Le toit plat a rapidement posé des problèmes. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la maison était tombée en ruine. En 1965, une campagne publique la sauva de la destruction. Depuis lors, il y a eu trois programmes de restauration. Des recherches supplémentaires sont menées sur la polychromie des murs, dans l'idée d'une restitution partielle.
Classée monument historique en 1965, la villa Savoye appartient à l'Etat et est ouverte à la visite par le Centre des monuments nationaux. En 2016, 17 sites imaginés par Le Corbusier, répartis sur 7 pays et 3 continents, sont inscrits par l'UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité. Dans cette série figure la villa Savoye.