Anne-Marie Filaire

Phnom Penh Périphérie
Exposition
Photographie
Galerie Eric Dupont Paris 03

Anne-Marie Filaire, "Phnom Penh Périphérie", 2002. Tirage argentique, 98 x 123 cm, édition 1 sur 4 et 2EA. © Courtsey Galerie Eric Dupont, Paris

Anne-Marie Filaire capte le paysage depuis plus de vingt ans. Elle écrit le témoignage photographique de ses temporalités et de ses métamorphoses aux intensités variables et aux rythmes spécifiques. A la manière d’une géographe, elle en relève avec minutie et méthode les moindres détails, s’attelant à un travail de relevé indiciel et d’enquête. Son travail photographique ne tient pas du reportage mais s’apparente à une attitude de documentariste. Ce qu’elle traque ne relève pas d’un instantané ou d’une actualité livrée dans sa réalité brute ; au contraire, à travers l’évocation de lieux dans lesquels l’Histoire se construit sous nos yeux, ses recherches consacrées aux paysages du Cambodge établissent un constat historique : celui de la désolation et du vide provoqué par un régime totalitaire. Si les photographies d’Anne-Marie Filaire sont la plupart du temps désertées de toute présence humaine : elles parlent, avec force et nuance à la fois, des gens et de leur manière d’habiter le monde. 2002 Présentation historique du Cambodge: Le Cambodge est un pays sinistré qui a du mal à se relever de cette période de son Histoire marquée par le régime de Pol Pot. C’est un pays privé de mémoire, de traditions, de documents quelconques sur son Histoire. Le 17 avril 1975, les Khmers rouges s’emparent du pouvoir à Phnom Penh. Au cours des quatre années sous leur gouvernement, ils firent table rase de la société cambodgienne. L’évacuation soudaine et brutale de toutes les villes étant leur action la plus mémorable. Elle fut accompagnée par l’exécution des intellectuels et des cadres du régime précédent et suivie d’une répression étendue à l’ensemble de la société. Ils créèrent un collectivisme absolu fondé sur une doctrine qui a pour nom « polpotisme ». L’Angkar, l’organisation de Pol Pot, derrière laquelle se trouve le parti communiste cambodgien, abolit l’argent, la propriété privée et la religion. Elle entreprend une politique de « purification », à base de déportation, de travail forcé, de tortures et d’exécutions. A ce moment, la coupure avec le monde extérieur est totale. Cette tragédie est une des conséquences de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui le Cambodge se développe et se transforme. Il est dans une période de reconstruction et d’ouverture. PHNOM PENH PÉRIPHÉRIE J’ai réalisé ces images en Octobre, Novembre et Décembre 2002. Pour la première fois, à travers ces images, j’aborde directement dans mes recherches la notion de ville, d’urbanité. Ce travail photographique est une expérience de la limite. Approcher le Cambodge à travers le paysage urbain de la ville de Phnom Penh était chercher à définir une cité dont la notion même avait été détruite. La définir était donc la cerner, la circonscrire. Ce travail a duré sept semaines pendant lesquelles je me suis déplacée tout autour de la ville, réalisant des prises de vue de ce paysage frontière. Phnom Penh, restée vide pendant cinq ans durant le régime Khmer rouge s’est remplie à nouveau. Elle reste en l’état regroupant dans ses fanges les populations réfugiées, les nouveaux arrivants. Phnom Penh Périphérie aura été l’exploration de cette limite urbaine.

Horaires

Mardi-samedi: 11h-19h

Adresse

Galerie Eric Dupont 138 rue du Temple 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 17 novembre 2023