Anne-Charlotte YVER

Biographie

Le chantier sculptural que mène Anne-Charlotte Yver est infini ; fait de réajustements successifs, il repose sur un pressentiment mélancolique – la vanité de toute édification. Ce à quoi s’ajustent ses oeuvres, quand elles trouvent dans leur précarité la possibilité d’une réforme. L’artiste s’attelle, de manière expérimentale, à des matériaux tels que le béton, le latex, l’acide, la graisse ou encore les câbles électriques. Sollicitant autant l’apprentissage manuel que l’intuition poétique, elle se réapproprie l’utilisation et la symbolique de ces ressources ; elle leur construit peu à peu, par manipulations plastiques et par amalgames, une structure personnelle. Celle-ci trahit des influences antagonistes et dessine la métaphore d’un corps : avec ses humeurs, sa fragilité, son assujettissement au temps et à la ruine. La combinaison des éléments donne lieu à des processus destructeurs (d’insolation, d’écartèlement ou d’érosion). L’organique y côtoie le solide, le géologique se mêle au liquide. Le déploiement architectural de ces composants, à l’aide d’ossatures d’acier ou de tubes en Plexiglas, joue d’un principe de modularité. Chaque sculpture peut être ré-agencée d’une exposition à l’autre, révisant son rapport à l’espace dans lequel elle s’insère, ou prenant en charge des contraintes logistiques. L’ingénierie développée par Anne-Charlotte Yver, dépasse de loin les seuls aspects techniques ; elle exalte le potentiel de ses moyens, matériels et corporels. Elle vise, à force de remaniements, à éprouver les limites physiques et imaginaires de la matière, exploitant son instabilité. Un joyeux anéantissement qui livre sa part d’émulation. Une telle entreprise, à force de toucher, jusqu’à l’excéder, à son terme, s’arrange du travail de sape de la mélancolie.

 

— Antoine Camenen

 

Anne-Charlotte Yver est née en 1987 à Saint Mandé. Elle est diplômée en 2011 de l’École Nationale Supérieure des beaux-arts de Paris avec les félicitations du jury ; l’année suivante, elle est lauréate de plusieurs prix de sculpture et sa première exposition personnelle a lieu à la galerie In Situ – Fabienne Leclerc. En 2013, elle obtient une bourse de résidence de la Fondation d’Entreprise Hermès et participe à « Nouvelles Vagues » au Palais de Tokyo. Son travail est exposé en 2014 au 59èmeSalon de Montrouge, en 2015 à La nuit blanche, au CAC La Traverse ainsi que dans la programmation parallèle de la Biennale de Lyon. Ses œuvres sont montrées au Pavillon Vendôme en 2016, et en Italie au Castello di Lajone en 2017. En 2018, son exposition personnelle « 3296 » à L’ahah clôt une année de résidence dans les locaux de l’association. Anne-Charlotte Yver est membre de L'ahah depuis 2017.

Source

L'ahah

Dernière mise à jour le 2 mars 2020