ALONE TOGETHER

oeuvres sonores de Cécile LE TALEC
Exposition
Arts plastiques
School Gallery Paris / Olivier Castaing Paris 03

Silence Maestro

Espaces sonores, volumes et langages, l’autre histoire des arts visuels Si le son apparaît, dans le parcours artistique de Cécile Le Talec, comme un matériau et un médium omniprésents, toujours explorés, et réinvéntés dans les occurrences de la présence de l’œuvre au monde, il est d’abord un signe : celui de son travail de sculpteure. En effet, c’est d’abord en tant qu’expérimentatrice de l’espace, des volumes, voire du ciel et du cosmos que Cécile Le Talec fait œuvre, et, pour une telle trajectoire créatrice, le son constitue un outil aussi précieux que privilégié. Depuis ses premières pièces où le sonore figure l’immatériel et le transformable (Couloir acoustique, 1997), Cécile Le Talec inscrit ainsi le son dans le prolongement, irrésolu, d’une recherche sur l’espace dont il réactive les enjeux de la transparence ou de l’infini. Or, à cette aventure spatiale, une autre préoccupation est arrimée : le goût de Cécile Le Talec pour le langage, ses interrogations, ses mondes oubliés et ses mystères, sa transcendance et son opacité. Poétique, ethnolinguistique et sémiotique, mise en abyme d’une œuvre souvent conceptuelle contribuent à une exploration de la plasticité des langues pour laquelle, de Mexico à Pékin, l’artiste a parcouru la planète. À cet égard, Cécile Le Talec invite dans ses installations ou dans ses films, et depuis plusieurs années maintenant, de nouvelles et émouvantes figures : les oiseaux. Leur monde aléatoire et aérien y procède des chants, bien sûr, et plus précisément des langages sifflés que l’artiste a mis en espace (notamment dans Try to fly or fly to try, 2002, ou Silboverview, 2005), mais aussi d’images lorsque, sur des portées de partitions, les oiseaux projettent leurs ombres comme des notes sur un écran. Espaces, structures et volumes, langages, images et musiques sont donc les recherches organiques d’une œuvre déjà structurée que l’exposition Alone Together, présentée par la School Gallery, traverse comme un jeu de pistes multiples. À y joindre l’utopie des instruments de musiques, et la poétique des disques vinyl dont la forme traduirait une courbe de fréquence acoustique, on obtiendrait alors la synthèse plastique de l’aventure sonore des arts visuels : leur autre histoire. Alexandre Castant

Complément d'information

TRANSMETTRE LES POSSIBLES
les utopies constituées de Cécile le Talec

La recherche que mène Cécile le Talec sur les formes de communication non verbales, les langues dites sifflées, bourdonnées, les instruments vivants, est une préoccupation continue depuis plus de dix ans maintenant. Débuté comme souvent au hasard d'une rencontre, ce projet gigogne et vertigineux au sein duquel s'emboîtent expositions, concerts/performances, éditions, l'a mené tour à tour à la source de ceux qui les pratiquent. Iles Canaries, Mexique, Chine, République Tuva en Sibérie russe, Cécile le Talec y a multiplié les rencontres et les collaborations avec des spécialistes : ethnomusicologues, compositeurs, musiciens, acousticiens... La liste est longue des bras de ce delta artistique dessiné peu à peu. Et si chacun a sa source réelle (des locuteurs, des usages, des chercheurs, un désir de transmission), celle-ci est également la marque d'un souci particulier de perception de cette réalité. Cécile le Talec est allée brasser cette matière, parfois enfouie, parfois florissante, en gardant à l'esprit son souhait de tenter de croiser l'imaginaire entretenu de ces pratiques.
A considérer cette démarche du temps long et à une vaste échelle, on se rend compte que ce projet générique dessine un double triangle, à l'intérieur duquel se multiplient les interactions, entre écriture <> langue <> musique d'une part, transcription <> transmission <> communication d'autre part. Où comment faire se rapprocher de manière improbable des langues qui pour certaines ne s'écrivent pas, ni musicalement ni à l'aide d'une écriture conventionnelle. C'est par son approche plastique, qui donne forme à des supports immatériels, que Cécile le Talec concrétise cette possibilité de conjonction. Plasticienne qui revendique ce seul territoire, elle en explore la dimension sonore et crée une composition subjective à partir de ces adresses éphémères, renouvelées et poursuivies par la nécessité de l'usage.
Ce qui caractérise les œuvres, c'est la simplicité apparente des dispositifs, la monochromie, la légéreté, attributs qui pointent la volonté d'un presque rien, d'une forme de "transparence" dans les attendus plastiques. Car il est question d'associer un réel observé, décortiqué, analysé à une potentialité, possible car à expérimenter. Les œuvres sont pensées pour ne pas faire obstacle à cette possibilité, la suggérer, en esquisser des pistes, donner une idée de son infinité. Cela suppose une co-existence entre elles, qui sont présentées ensemble bien que séparées dans les faits. Cette dernière remarque appelle la notion importante de fragments. A travers ses œuvres faites de sons, d'images, de textes, de matières, Cécile le Talec change en permanence la focale de notre vision ; le fragment peut être un tout et le tout un immense détail.
Cécile le Talec se propose d'interpréter, avec ses outils, des schémas de pensée et des territoires qui ouvrent d'autres portes dans la compréhension du monde, visible comme invisible. Ainsi qu'elle le dit, "c’est comme, dans une bibliothèque, se dire « tout ce que je n’ai pas lu », plutôt que de faire le bilan de tout ce qu’on connaît. Ca donne le vertige. Le projet serait celui-ci : donner à voir, à comprendre tout ce que l’on ne connaît pas. Un champ des possibles dont on ne voit que la tranche !" En ce sens, il s'agit bien d'une utopie, mais constituée. C'est parce que les hypothèses plastiques sont réelles, fabriquées, en un sens achevées, qu'elles peuvent ouvrir le champ sous-jacent de l'idéal : le lieu d'une rencontre inventée entre des modes d'échange aussi singuliers dans leur contexte que proches dans leur sens.
Extrait du texte de Gunther Ludwig, janvier 2011

Horaires

Mardi au Samedi 11h - 13h 14h30 - 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

School Gallery Paris / Olivier Castaing 322 rue Saint Martin 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022