Focus sur... Made in Japan
Kazumasa Nagai, affiche du mois du graphisme d'Échirolles, 2016.
Michel Bouvet et Blanche Alméras, commissaires associés de la nouvelle édition du Mois du graphisme, nous présentent « Made in Japan », une proposition d’expositions mettant le Japon à l’honneur.
Pour cette nouvelle édition du Mois du graphisme, le public découvre un large panorama du design graphique japonais à travers un regard historique et contemporain. Pouvez-vous nous expliquer les raisons du choix de ce pays ?
Michel Bouvet
J’entretiens avec le japon une relation singulière. Ponctués d’invitations mémorables, mes voyages là-bas m’ont mené à des rencontres significatives avec les maîtres de l’affiche japonaise. À l’occasion d’une exposition personnelle en septembre 2014 à la GGG Gallery, nous avons réfléchi à un projet d’exposition sur le graphisme japonais en France. C’est avec le soutien de personnalités telles que Kazumasa Nagai, Mitsuo Katsui ou encore U.G. Sato que le projet s’est construit. Je les avais déjà rencontrés lors de la Triennale d’Affiches de Toyama, pour laquelle j’ai été membre du jury en 2009. Cet enchainement d’événements m’a convaincu de l’intérêt de témoigner de la richesse graphique de ce pays. L’image n’est pas abordée au Japon comme ce que l’on connait ici en France. Les grands maîtres se sont développés entre les années 1950 et 1990 fortement influencés par le monde de l’estampe et de la calligraphie, tout en étant pleinement conscient des codes occidentaux. Ils ont notamment travaillé pour l’industrie et le commerce et représentent une référence pour les générations suivantes. La modernité actuelle en la matière s’appuie encore sur des éléments plastiques très précis ainsi que sur des éléments faits à la main. Notre volonté première est de partager la qualité des productions graphiques japonaises.
Vue de l'exposition I love Japan. Graphisme et modernité, Centre du graphisme d'Échirolles, novembre 2016.
Vue de l'exposition I love Japan. Graphisme et modernité, Centre du graphisme d'Échirolles, novembre 2016.
Vue de l'exposition Japon Les grands maîtres de l'affiche, Musée Géo-charles, novembre 2016.
Comment avez-vous constitué et organisé ce programme d’expositions, de conférences et de rencontres ?
Blanche Alméras
Pour ce qui est du Japon, nous proposons plusieurs expositions. Nous sommes partis des maîtres pour en comprendre l’histoire et les filiations. Nous avons défriché les nouveaux artistes par un phénomène de rebond : une recherche débouche sur une autre, ainsi de suite… Notre idée première a été de mettre en lumière la diversité des projets, des styles, des supports et des commanditaires de la sphère contemporaine.
MB
Nous avons toujours eu à l’esprit que l’enjeu de ce projet était le graphisme japonais au regard de la tradition. C’est d’ailleurs ce que nous avons cherché à faire dans l’exposition « I love Japan. Graphisme et modernité » au Centre du graphisme. On y voit de nombreux travaux contemporains offrant aux visiteurs différents niveaux de narration dans l’image, en étant parfois très poétique. C’est aussi le cas au musée Géo-Charles qui présente « Japon : Les grands maîtres de l’affiche ». Mais cette fois la diversité se montre au travers de l’écriture singulière des grands maîtres des années 50 à nos jours. (Kazumasa Nagai, Shiego Fukuda, Ikko Tanaka, U.G. Sato, etc...)
BA
Dans « Magazines in Tokyo », aux Moulins de Villancourt, ce ne sont pas des affiches mais un corpus de six ensembles de magazines. Ils sont très présents au Japon et se vendent partout, de la librairie au magasin d’alimentation. Au cours de nos recherches nous avons rapporté de nos voyages un échantillon révélateur de la culture japonaise, allant de la revue spécialisée (Idea par exemple, spécialisé dans le design graphique) au magazine grand public ayant par exemple pour thématique les chiens, les fleurs… Le visiteur découvre au travers de ces propositions autant d’expositions que de facettes graphiques offertes par ce pays.
Vue de l'exposition Japon Les grands maîtres de l'affiche, Musée Géo-charles, novembre 2016.
Vue de l'exposition Magazines in Tokyo, Moulins de Villancourt, novembre 2016.
Vue de l'exposition Magazines in Tokyo, Moulins de Villancourt, novembre 2016.
Cette édition du Mois du graphisme voit l’ouverture d’un nouveau lieu permanent : le Centre du graphisme d’Échirolles. Pouvez-vous nous en dire plus ?
MB
Le Centre du graphisme est attendu depuis de nombreuses années et l’agglomération grenobloise s’est donnée la mission de faire découvrir le graphisme au grand public grâce à ce nouvel équipement. Ce bâtiment concrétise également physiquement l’engagement de la ville. Un important travail de médiation est réalisé depuis de nombreuses années : les expositions nourrissent notamment les collaborations avec les écoles. Les propositions d’expositions et d’évènements sont donc adaptées à un très large public qui peut désormais se rendre toute l’année au centre pour y découvrir des ateliers, des conférences et des rencontres. Notre relation aux écoles est très soutenue. Je pense notamment à l’exposition « 20/20. Les étudiants fêtent le graphisme » qui propose une affiche ou un objet numérique réalisés par les étudiants d’une quinzaine d’écoles d’art françaises et internationales suite à un appel à contribution sur le thème du Japon.