Le Carrosse de Xavier Veilhan • Château ducal de Cadillac

Jusqu’au printemps 2026, la manifestation Biens venus ! invite la création contemporaine au cœur de sept monuments emblématiques du patrimoine français. Ce projet, né du partenariat entre le Centre national des arts plastiques (Cnap) et le Centre des monuments nationaux (CMN), permet de tisser un dialogue inédit entre des œuvres contemporaines et l’histoire et l’architecture des monuments qui les accueillent.

Dans le cadre de Biens venus !, le château ducal de Cadillac accueille une œuvre incontournable de la collection du Centre national des arts plastiques : Le Carrosse de Xavier Veilhan.

Présentée pour la première fois en 2009 dans la cour du château de Versailles, cette œuvre propose une relecture de l’un des carrosses de Louis XIV. Mobilisant des techniques inédites de modélisation 3D, l’artiste applique des formes cinétiques et futuristes à cette silhouette surgissant de l’histoire.

Jalon marquant dans le parcours de l’artiste, Le Carrosse est emblématique de ses recherches autour de la perception.

Réalisé en premier lieu à partir d’un travail de dessin numérique, Le Carrosse constitue l’irruption d’une image immatérielle dans l’espace réel. La force de l’apparition résulte d’une mise en tension entre l’aspect irréel de l’image et la matérialité d’une sculpture de 3 tonnes et de 15 mètres de long.

Le Carrosse, qui exprime une notion de vitesse avec ses chevaux au galop, pourrait aussi évoquer la fuite de Louis XVI au moment de la Révolution française.

La couleur violette, associée au deuil royal sous l’Ancien Régime, participe à l’étrangeté de cet équipage spectral, sans cocher ni voyageur.

Après avoir été créé pour Versailles, puis présenté devant l’arsenal de Metz, l’installation temporaire du Carrosse au château ducal de Cadillac fait pleinement écho à la figure emblématique associée au site du 1er duc d’Épernon. Au début du XVIIe siècle, ses carrosses n’ont pas manqué de sillonner le royaume, voyageant notamment de Metz (qu’il gouvernait au titre des Trois-Évêchés lorrains) jusqu’à Cadillac, où s’élevait son château, palais du gouverneur de Guyenne. Ce lieu, symbole de son pouvoir, était le théâtre de nombreuses réceptions et décisions stratégiques.

Avant qu’en 1630, il n’omette sciemment de dépêcher un carrosse au port de Cadillac-sur-Garonne pour accueillir le cardinal de Richelieu, à la suite de la reine-mère Anne d’Autriche et de toute sa cour. Ce crime de lèse-majesté marqua le début du déclin du grand seigneur qu’était ce vieux duc, jusqu’à sa mort une décennie plus tard.

Mais c’est une autre histoire… à découvrir en visitant le château !