Grandeur Nature II. L’esprit de la forêt

Le Cnap participe à la prochaine édition de « Grandeur Nature », organisée par le château de Fontainebleau de mai à septembre 2025. Après le succès de l’exposition « Grandeur Nature. 18 artistes au jardin » en 2023, l’événement devient une biennale. Conçue comme un parcours de découverte au fil des déambulations des visiteurs, cette nouvelle édition se déploiera sur les 130 hectares du Domaine national du château de Fontainebleau en invoquant « L’esprit de la forêt ».

Cette exposition mènera le public dans les jardins et le parc historiques du château et ouvrira, au-delà des grilles du Domaine, sur des points de vue en forêt, soulignant ainsi le lien indissociable entre cette grande demeure royale et son environnement forestier et urbain. Ce parcours bénéficie du soutien renouvelé de la Fondation Sommer, qui était co-organisateur de « Grandeur Nature I ». L’établissement public du château de Fontainebleau mène ainsi une action ancrée dans le territoire et se réjouit que l’Office National des Forêts et la Ville de Fontainebleau aient accepté sa proposition de participer à ce projet qui vise à faire découvrir ou redécouvrir le patrimoine naturel et paysager du château classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les visiteurs pourront découvrir plus de 40 œuvres d’artistes contemporains, qui, de l’escalier en Fer-à-cheval jusqu’au Petit Mont Chauvet, orneront les jardins, le parc et les alentours avec poésie, interrogeant les promeneurs sur le fonctionnement d’un écosystème qui paraît éternel mais s’avère fragile et altéré par les changements climatiques. Véritables hommages à la nature, les Géants signés Wang Keping sur le Grand Parterre, la Sentinelle de Françoise Pétrovitch et les créatures mythologiques de Marina Le Gall, Kim Dacres, Max Coulon et Jean-Marie Appriou, entre autres, convoqueront l’esprit de la forêt pour un dialogue fécond et poétique. Tous les espaces investis par les artistes, dans un parcours allant de la ville jusqu’à la forêt, dégageront une atmosphère ludique, fantasmagorique ou poétique.

Ce sont près de 40 œuvres réalisées par 25 artistes, choisis pour leur rapport original à la nature, qui sublimeront la beauté du Domaine national. Elles valoriseront, grâce aux commissaires de l’exposition et avec la complicité des ouvriers d’art des jardins et fontaines du château, à la fois la majesté, l’intimité et la fragilité de cette Nature et de cette forêt, apprivoisées depuis des siècles. Un catalogue sera publié pour cette biennale par les éditions Silvana Editoriale.

Quatre œuvres du Cnap, résonnant de cette thématique, sont présentée dans le cadre de l'exposition :

Jean-Marie Appriou, Atlas, 2021

L’Atlas de Jean-Marie Appriou nous plonge dans l’univers fantastique et mythologique de ce sculpteur français diplômé en 2010 de l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes. Nourri de récits et d’iconographies éclectiques allant de la culture égyptienne antique à la littérature de science-fiction du XX^e siècle, Appriou explore par ses sculptures en bronze, aluminium, verre ou argile l’idée de transition entre des mondes et des états, ainsi que les phénomènes alchimiques qui les accompagnent.

Carel Visser, L’Oiseau Phénix, 1989

La sculpture, à l’allure bringuebalante, est composée d’un chariot relié à quatre cylindres, semblables à des bidons, surmontés d’un cinquième sur lequel est placée une goulotte de moissonneuse, que l’artiste compare à « un bec d’oiseau » envoyant « le grain dans le chariot tout proche[1] ». Les couleurs de l’installation ont été choisies par analogie avec l’univers agricole : le brun suggère la terre remuée, tandis que le jaune évoque les machines agricoles. 

Stéphane Thidet, Le Sentier, 2021

Le Sentier de Stéphane Thidet, commandé par le Cnap en 2020, s’inscrit dans un programme d’œuvres conçues pour l’espace public à partir d’un protocole pouvant être rejoué. Cette installation joue avec un phénomène simple et familier : lorsqu’un objet reste longtemps posé sur une pelouse, il bloque la lumière et marque l’herbe d’une silhouette claire ou sombre, selon la survie des radicelles. Lorsqu’on le retire, il fait place à une silhouette comme photographiée dans le sol, blanche ou noire selon que des radicelles auront ou non survécu sous le cache. 

Mounir Fatmi, I like America, tribute to Jacques Derrida (J'aime l'Amérique, Hommage à Jacques Derrida), 2007 – 2010

Mounir Fatmi explore des thématiques telles que les rapports Nord/Sud, la crise écologique, la religion ou encore l’accès à l’information. Son travail, visuellement percutant, puise aussi bien dans l’histoire de l’art que dans la philosophie, occidentale comme orientale. Son œuvre I like America, tribute to Jacques Derrida en est emblématique : des barres d’obstacles de saut hippique, repeintes aux couleurs du drapeau américain, figurent les rapports complexes à la première puissance mondiale — comme si les États-Unis eux-mêmes devenaient l’obstacle à franchir.