
Artothèque relais de Pont-à-Mousson
Le 31 janvier 2025, Madame Rachida Dati, ministre de la Culture, a dévoilé une mesure phare du plan Culture et ruralité : le développement et le renforcement du réseau des artothèques sur l’ensemble du territoire national.
Confié au Centre national des arts plastiques (Cnap), ce programme ambitieux vise à accroître la présence des artothèques en milieu rural. Il a pour objectif de favoriser un accès direct aux œuvres d’art grâce à leur prêt, en se fondant sur la qualité des projets construits par les artothèques et la relation de proximité qu’elles permettent.
Ce plan repose sur trois actions principales, dont l’une est de favoriser la présence des artothèques en milieu rural, en soutenant des projets par le biais d’un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI).
Cet AMI s’adresse à tous les acteurs (collectivités territoriales, associations, bibliothèques, musées, centres d’art contemporain, MJC, etc.) qui souhaitent développer ou renforcer une activité d’artothèque en milieu rural sous une forme pérenne ou dans le cadre d’actions de mobilité favorisant l’accès et la rencontre avec les publics.
Les artothèques, un outil original au service de l'accessibilité culturelle et artistique
L’activité d’artothèque se caractérise par la constitution d’une collection d’œuvre d’art, généralement d’œuvres multiples (estampes, photographies…) et de sa mise à disposition pour le prêt à des particuliers ou des personnes morales (collectivités, entreprises).
Né à Berlin au tout début du XXe siècle, le concept d’artothèque s’est répandu et institutionnalisé en France dans les années 1980 sous l’impulsion du ministère de la Culture. Il offre à chacun la possibilité de découvrir les œuvres d’art contemporain, mais plus encore de vivre avec elles, dans le quotidien d’un lieu de vie ou de travail. La constitution d’une collection et le prêt des œuvres sont les piliers du fonctionnement des artothèques.
Leur action repose sur une synergie entre les projets menés avec les artistes, les expositions et les productions, et la mise en place d’actions de médiation et de formation dirigées vers les publics.
C’est bien la combinaison de ces différents éléments – y compris et surtout le dialogue entretenu quotidiennement avec les emprunteurs – qui permet aux artothèques d’être au plus près de leur objectif de soutien à la création et de sensibilisation des publics.
Les artothèques offrent un contexte spécifique de rencontre avec l’art et la création et établissent souvent un rapport de grande proximité avec les publics. La démarche de prêt permet, en effet, une grande liberté de l’usager qui ne se sent pas « impressionné » ou tenu à distance de l’art contemporain mais bien acteur de son expérience de l’art.
Les artothèques sont caractérisées par une diversité de statuts juridiques (association ou régies) et de réalités opérationnelles. Les artothèques ne sont pas nécessairement des structures autonomes. Au contraire, elles sont nombreuses à être abritées ou intégrées à des structures culturelles de différentes natures (bibliothèques, musées, centres d’art, FRAC, écoles d’art, scènes conventionnées…).
Les artothèques sont généralement des structures de formats modestes qui s’appuient sur l’engagement d’équipes qualifiées en matière d’art contemporain et en mesure d’assurer une médiation de qualité afin d’accompagner le geste de prêt et la relation à l’œuvre d’art.
Projets éligibles et montants des soutiens
L’AMI vise à accompagner, dès 2025, des projets conduits et réalisés en 2025 et 2026 permettant le développement d’un service d’artothèque en territoire rural.
Les soutiens compris entre 15 000 € et 50 000 € ou plus devront permettre d’accompagner une diversité de nature de projets. Ils pourront concerner :
- La réalisation et l’acquisition d’un ou plusieurs exemplaires de la structure modulable commandée par le Cnap pour favoriser l’activité d’artothèque dans des contextes variés. Cette structure développée par un designer dont la nature sera communiquée par le Cnap au mois d’avril 2025 est destinée à présenter les œuvres dans divers lieux, y compris les espaces non consacrés à l’art (soutien maximum de 30 000€ par bénéficiaire)
- Les travaux d’aménagement d’un espace pérenne (de type « relai artothèque ») au sein d’un territoire rural (soutien maximum de 50 000 € par bénéficiaire)
- L’équipement et ou l’aménagement d’un véhicule préexistant ou non (de type « bibliobus ») (soutien maximum de 30 000 € par bénéficiaire)
- L’enrichissement de fonds d’œuvres d’une artothèque – nouvelle ou existante – dans un objectif de diffusion sur un territoire rural (soutien maximum de 30 000 € par bénéficiaire)
- Le financement d’actions de formation ciblées sur l’intervention des professionnels dans des contextes ruraux (soutien maximum de 15 000 € par bénéficiaire)
- Une démarche spécifique et éco-responsable de conditionnement ou d’encadrement des œuvres permettant de faciliter leur diffusion et leur prêt (soutien maximum de 30 000 € par bénéficiaire)
Candidature
Le présent appel se donne pour objectif, de sélectionner des porteurs de projet (artothèques préexistantes, membres de l’ADRA ou non, collectivités territoriales, associations, bibliothèques, musées, centres d’art contemporain, MJC, etc…) souhaitant renforcer une offre existante, ou créer une nouvelle antenne relais ou un service d’artothèque au bénéficie d’un ou plusieurs territoires ruraux.
Critères d'évaluations des projets candidats
La sélection s’exercera sur l’ensemble du territoire national, y compris dans les territoires ultra-marins et tiendra compte de la grille d’analyse suivante :
- la pertinence des projets et de l’équilibre entre les différents territoires ;
- la viabilité économique, technique et artistique des projets ;
- l’engagement avéré des partenaires désireux de soutenir le projet dans la durée ;
- la structuration du projet ;
- l’éco-conception du projet.
Les porteurs de projet devront s’engager à tendre vers des pratiques professionnelles respectueuses des publics et des artistes conformément à la charte professionnelle des artothèques définie par l’ADRA (Association de Développement et de Recherche sur les Artothèques, à consulter ou télécharger sur le site internet du Cnap.
Les porteurs de projet sont invités à déposer leur candidature en format PDF à l’adresse électronique : artothequesenruralites@cnap.fr à compter du 1er avril 2025, 13h00 et jusqu’au 30 juin 2025, 13h00.
La candidature devra être composée impérativement de 4 documents :
- Une présentation de la structure qui porte le projet et un exposé de ses motivations pour le développement d’un service d’artothèque en contexte rural
- Une présentation du projet envisagé avec identification des ressources, notamment, ressources humaines qui seront mobilisées et présentation du ou des territoires bénéficiaires
- Un budget prévisionnel de l’opération présentant le montant de la contribution attendue et les contributions des autres acteurs (distinguer les financements obtenus et les financements sollicités)
- Un budget prévisionnel de fonctionnement sur 3 ans
La candidature pourra être accompagnée de toute pièce complémentaire susceptible d’éclairer le projet.
Comité de pilotage et comité de sélection
Les projets seront analysés par le Cnap et présentés au sein d’un comité de sélection réunissant le Cnap et des représentants du ministère de la Culture.
Parallèlement, le plan en faveur des artothèques donne lieu à un accompagnement dans le cadre d’un comité de pilotage. Placé sous la présidence du Cnap, le comité est composé de :
- Béatrice Salmon, Directrice du Centre national des arts plastiques
- Delphine Fournier, Déléguée aux arts visuels, ministère de la Culture
- Hélène Audiffren, Conseillère pour les arts plastiques, DRAC PACA
- Bruno Ythier, Conseiller pour les musées, DRAC AURA
- Yvan Poulain, Coprésident de l’ADRA, Directeur de l’artothèque de Caen
- Isabelle Tessier, Coprésidente de l’ADRA, directrice de l’artothèque de Vitré
- Catherine Texier, Directrice du FRAC artothèque de Nouvelle-Aquitaine
- Audrey Hoareau, Directrice du CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France à Douchy-les-Mines
- Bruno Durieux, maire de Grignan
Sélection des projets
Les candidatures seront soumises à une analyse collégiale qui tiendra compte des critères d’analyse précités.
Une convention sera établie entre chaque structure sélectionnée et le Cnap. Elle précisera les obligations du porteur de projet et définira les modalités de versement de la contribution du Cnap au projet.
Modalité de suivi et d’évaluation des projets :
À l’issue du projet, les structures sélectionnées remettront un compte-rendu détaillé portant sur les réalisations soutenues et le bilan financier de l’opération.
Documentation et valorisation des projets :
Les porteurs de projet s’engageront à fournir régulièrement un état d’avancement des projets et faciliteront la communication autour du projet afin de contribuer à sa valorisation. Dans ce sens, ils s’engagent à contribuer activement aux démarches de communication conduites par le Cnap qui portera des actions de valorisation dans le cadre du Plan artothèques.
Calendrier
- 27 février 2025 : publication de l’AMI
- 1er avril 2025 – 30 juin 2025 (13h00) : période des candidatures à l’AMI
- Mars à juin : présentation du plan dans les différents territoires
- Fin juillet : annonce des projets retenus
- Août à octobre : phase de conventionnement avec les porteurs
- Septembre 2025 à octobre 2026 : réalisation des projets sur l’ensemble du territoire
Contact
Pour toute question :
Lucas Vachez,
Responsable du projet – Plan artothèques – Cnap
artothequesenruralites@cnap.fr
Questions relatives à l’éligibilité des projets
- Qui peut candidater à l’AMI ?
L’AMI est ouvert aux collectivités territoriales, aux établissements publics (notamment les EPCC, régies, les bibliothèques, les musées, les écoles d’art, etc.), aux groupements d’intérêts publics ainsi qu’aux structures privées à but non lucratif (associations, MJC, etc.), sous réserve qu’elles remplissent les critères définis dans l’appel.
- Les porteurs de projet peuvent-ils candidater en groupement ?
Oui, les candidatures en groupement sont acceptées et même encouragées, notamment lorsqu’elles favorisent une dynamique territoriale et une mutualisation des ressources. Dans ce cas, le dossier devra préciser la répartition des rôles, des charges et des responsabilités entre les membres du groupement. Il est également recommandé d’indiquer quel organisme sera désigné comme porteur principal de la demande de subvention.
- Quels sont les territoires concernés par l’AMI ?
La définition retenue d’un territoire rural est celle de l’INSEE, elle désigne l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité (Insee).
- Les structures candidates doivent-elles témoigner d’une expérience spécifique en matière de prêt d’œuvre ?
Il n’est pas demandé aux structures candidates de témoigner d’une expérience en matière de prêt d’œuvres au jour de la candidature. Elles doivent toutefois s’engager à mettre en œuvre les compétences nécessaires dans le sens de la Charte de l’ADRA. Elles doivent par ailleurs s’engager à assurer les conditions logistiques d’un service d’artothèques. Elles doivent en outre s’inscrire durablement dans les valeurs et engagements définis par la Charte de l’ADRA.
Questions relatives aux dépenses éligibles
- Les dépenses liées à des actions de médiation sont-elles éligibles ?
Les actions de médiation tels que l’organisation d’ateliers ou de temps de rencontres ne sont pas éligibles. Seules les dépenses d’investissement, comme la conception et la réalisation de kits pédagogiques pérennes ou d’outils au service de la médiation. Par ailleurs, les actions de formation de médiateurs et médiatrices sont éligibles.
- Quelles dépenses sont concernées par l’enrichissement de fonds d’œuvres d’une artothèque ?
Pour une artothèque nouvelle : sont concernées les dépenses qui contribuent à la constitution d’un fonds d’œuvres ;
Pour une artothèque existante : sont concernées les dépenses liées à l’acquisition d’œuvres nouvelles.
- Le soutien pour l’achat d’œuvres est-il conditionné à des critères spécifiques ?
Le soutien pour l’achat d’œuvres concerne les artistes vivants inscrits dans un parcours professionnel avéré par des expériences significatives. Il concerne des œuvres originales, uniques ou multiples.
- Quel est le coût de fabrication de la structure modulable ?
Le coût maximal de la structure est fixé à 30 000€ TTC. Sa forme finale sera connue courant avril 2025.
- Qui doit fabriquer la structure modulable ?
Si l’acquisition de la structure modulable est accordée au porteur de projet, son coût de fabrication est pris en charge par l’AMI et les plans de réalisation lui sont fournis.
Il appartient toutefois à chaque porteur de projet d’identifier les artisans en mesure de fabriquer la structure.
Questions relatives au financement des projets
- Un taux de cofinancement est-il exigé ? le soutien peut-il couvrir 100 % des dépenses ?
Le soutien du Cnap pourra couvrir jusqu’à 100% des dépenses éligibles.
La structure devra de son côté s’engager à financement le fonctionnement du projet sur plusieurs années. Les co-financements mentionnés dans la candidature ne devront pas nécessairement avoir été contractualisés avec les partenaires au moment de la candidature. Les perspectives de partenariat devront cependant être explicitées.
- Un porteur de projet peut-il cumuler plusieurs aides et dépasser ainsi le plafond de 50 000 €, ou y a-t-il un seuil maximal par demande ?
Un porteur de projet peut cumuler plusieurs des aides mentionnées dans l’AMI.
- Y-a-t-il un délai maximal pour l’utilisation des fonds alloués ?
Oui, l’intégralité des fonds alloués devront être dépensés en octobre 2026.
- Une reconduction du dispositif est-elle prévue à l’issue de l’opération ?
La reconduction du dispositif n'est pas prévue à ce jour. Les porteurs de projet doivent donc veiller à la viabilité de leur initiative sur le long terme.
Questions relatives aux critères de sélection et résultats attendus
- Des objectifs chiffrés sont-ils attendus ? (nombre de prêts, nombre d’usagers touchés, nombre d’œuvres disponibles, etc.)
Les porteurs de projet s’engagent à fournir un service d’artothèque favorisant une rencontre enrichissante entre les publics et la création artistique. Cette démarche n’implique pas une approche chiffrée des résultats attendus.
Les candidats doivent toutefois veiller à indiquer les publics et territoires ciblés.
- Les candidatures sont-elles évaluées uniquement sur les actions prévues en 2025-2026, ou une vision à long terme sera-t-elle prise en compte ?
Une vision à long terme est prise en compte et encouragée.
- Quels sont les engagements attendus des bénéficiaires en termes de suivi et de reporting ?
Les bénéficiaires devront justifier de la bonne réalisation du projet soutenu, tant sur ses aspects opérationnels que budgétaires. Des bilans qualitatifs, quantitatifs et financiers seront demandés.
Questions relatives au fonctionnement d’un service artothèques
- Quel est le statut des œuvres acquises ?
Pour les collectivités territoriales et établissements publics : les œuvres d’art achetées relèvent de la propriété des personnes publiques ; elles sont insaisissables – elles ne peuvent pas faire l’objet d’une saisie –, inaliénables – leur cession est par principe interdite – et imprescriptibles – leur utilisation prolongée n’ouvre aucun droit de propriété (voir art. L2311-1 et L3111-1 du Code général de la propriété des personnes publiques, CG3P).
Pour les personnes morales de droit privé : les structures bénéficiaires devront s’engager à garantir l’affectation irrévocable des œuvres acquises au service d’artothèque et à ne pas les céder à des fins commerciales.
- De quel accompagnement peuvent bénéficier les structures bénéficiaires au-delà du soutien financier ?
Les structures bénéficiaires pourront être conseillées par le Comité de pilotage du Plan artothèques tout au long de la mise en œuvre de leur projet. Cet accompagnement pourra inclure des recommandations sur les bonnes pratiques et les modèles existants de service d’artothèque ou la mise en réseau pour favoriser les échanges d’expérience et de compétence.
Il est toutefois important de noter qu’il n’existe pas de modèle unique d’artothèque. Chaque projet pourra développer ses propres modalités de fonctionnement en fonction de son contexte et de ses capacités.