Biographie

A.C.M. est né en 1951 à Hargicourt, dans l’Aisne.

Jusqu’à l’âge de 18 ans, aucun repère.

Enfant d’une timidité excessive certes mais il semblerait qu’elle ne lui fut pas pesante : il trouvait normal, à cette époque, de jouer à cache cache et qu’on ne le trouvait pas jusqu’à la nuit tombée.

 Culture générale ; certificat d’étude et orientation vers un C.A.P. de peinture en bâtiment. C.A.P. qui lui fut refusé (histoire drôle d’élève indiscipliné).

 1968 : un de ses amis entre aux Beaux-Arts de Tourcoing (59). Dans la confusion politique il est accepté dans cette école sans diplôme. C’est alors que les conflits deviennent apparents : l’intellectualisation des faits politiques et plastiques, la présence de milieux sociaux favorisés, la facilité font émerger la « rupture ». Tentatives de suicide, quête d’identification par la lecture de Rilke, Nietzsche, Artaud… auteurs qu’il sacralise et deviennent son quotidien sans compter que les arts plastiques n’ont aucun poids, aucune influence sur son comportement ou sur son travail. En 2001, lors d’une exposition à la Porte St Eustache à Paris, son professeur des Beaux-Arts de Tourcoing, Monsieur Ferlicot, qu’il n’avait pas vu depuis 30 ans lui dira « décidément tu ne dois rien à personne ! ».

En 1976  il « récupère » une maison délabrée, ancienne usine de tissage, seul « héritage » d’un père qui avait fait faillite dans les années 70. Cette maison va se substituer à la représentation de la peinture cadre à laquelle il ne peut adhérer. Après quelques années, des repères, un « nid » se créent : jardin, fleurs, bassins, réfection poétique du rien qui ne tenait pas debout et qui malgré tout aujourd’hui tient encore ; tout cela dans la culpabilisation du non-être et du non devenir.

Il y a quelques années, un travail artistique reprend mais ne lâche pas le personnage. C’est un travail de quête d’identité au travers de manipulation(s) du temps, de la matière, du Être, du Avoir Été et du Non-Être.

Les travaux sur les traces témoignent du fait, du défait.

A cette époque, observateur, voyeur de son travail comme un collectionneur. Il travaille sur la répétition d’objets pétrifiés, d’empreintes, de faux os ou d’autodestruction de travaux antérieurs.

Il déforme, forme, pétrifie, érode, dégrade, manipule, détruit, altère et paradoxalement restaure de petites pièces qu’il archive et collectionne.

Aujourd’hui tantôt architecte, sans respect des normes, tantôt prêtre, la poésie de ses bricolages nous invite au voyage de notre dedans où se côtoient personnages protecteurs ou maléfiques et animaux gardiens de son travail.

Difficile synthèse pour la démarche de ce bricoleur qui dans un premier temps édifie, élève à l’aide de pièces soigneusement nettoyées, poncées, peintes (c’est le moment qu’il préfère), pour dans un deuxième temps altérer, détruire, atrophier par l’acide, la rouille et l’enduit, accrocher aux carcasses de petites formes et objets comme des offrandes.

C’est un manipulateur d’incidence créant l’effritement, la désagrégation pour engendrer poétiquement un passé, une histoire, des racines.

Ce n’est pas un paradoxe que de créer une matière témoin de l’usure du temps quand on est depuis si longtemps sursitaire et quand on vit aussi intimement avec la mort.

Corinne Marié

Dernière mise à jour le 13 juillet 2015