Abstract Jungle

Exposition
Arts plastiques
Gilles Drouault, galerie/multiples Paris 03

D'après Stéphane Calais, "4 motis", 2013
Edition de 5 exemplaires, certificats numérotés et signés

Du 5 septembre au 15 octobre 2015

ABSTRACT JUNGLE

Carla Accardi, Boris Achour, John Armleder, Neil Beloufa, Stéphane Calais, Christophe Cuzin, Stéphane Dafflon, Noël Dolla, Knut Henrik Henriksen, Scott King, Imre Kocsis, Julio Le Parc, Soshi Matsunobe, Oliver Mosset, Bruno Peinado, Daniel Perrier, Andreas Reiter Raabe, André Stempfel, Vincent Szarek, Jan Van Der Ploeg, Emmanuelle Villard…

Vernissage samedi 5 septembre 2015, de 16 à 21 heures

 

Abstract Jungle

De son voyage en France en 1950, Joan Ruth Kean ramena une impression profonde qu'elle partagea, dès qu'elle remis les pieds aux States, avec son ami auteur de roman noir William Burnett : il régnait à Paris an abstract jungle indicible.
C'est Andrée S. Areth qui rapporta l'anecdote dans l'unique article qu'elle consacra à cette figure qui, dans les limites étroites de l'underground new-yorkais des années quatre-vingt, devint une icône. Dans la revue Purple Heart, à la vie aussi brève qu'un ephemeroptera, Andrée Sue Areth dessine en effet le portrait d'une poétesse hors norme, qui préféra bruler ses œuvres au fur et à mesure qu'elle les écrivait pour, dit-elle, se réveiller chaque jour aussi libre et dépourvue qu'une enfant ; voyagea seule sans argent et sans autre bagage qu'un carnet à dessins ; se maria trois fois et nourrit, au moins, deux passions dévorantes pour des femmes plus âgées ; exécuta les portraits de quelques mondains qu'elle fit racheter par son deuxième mari pour les détruire ; décéda dans un accident de voiture, quelques mois avant le suicide de son troisième mari qui ne se remit jamais de lui avoir cédé le volant (elle n'avait pas le permis, ce qui ne l'empêchait pas de conduire à "tombeau ouvert" le long de la côte californienne). On voit ce que cette figure avait de séduisant à l'aube du Punk américain naissant.
Mais pourquoi an abstract jungle ?
Parce que dans le Paris de 1950, une jeune américaine avide d'art et de rencontres peut tout à la fois croiser l'expressionnisme américain de Pollock, Franz Kline, Rothko, Motherwell, Tobey, mais aussi la peinture abstraite de Georges Mathieu, de Dubuffet, de Fautrier, Hans Hartung, Soulages, sans oublier l'abstraction géométrique de Malevitch, de Rodtchenko, de van Doesburg, de Mondrian… Certes, la figure n'a pas disparu de l'art moderne d'après guerre, mais toutes les formes de l'abstraction, lyrique, géométrique, expressionniste, constructiviste, etc. se disputent joyeusement la place de Paris.

Quand la galerie de multiples me demanda un texte pour une exposition de multiples abstraits, indépendamment du type d'abstraction, aussi bien géométrique que lyrique voire figurative, d'artistes de nationalités et de générations différentes, le mot de Joan Ruth Kean me revint en mémoire : Abstract Jungle.
Bien sûr, il ne ne s'agit plus de nommer l'effervescence d'une ville ou la luxuriance d'une forme d'art mais de tenter de percevoir dans l'exposition un échos à l' exclamation lointaine d'une jeune femme peuplée de désirs ardents.
Que peut nous dire ce mince échos, frappant les murs modestes d'une galerie ?
Est-ce que le terme même d'abstraction fait encore sens pour définir une œuvre sculpturale ou picturale ? L'opposition abstraction/figuration existe-t-elle encore quand, souvent, ce sont les mêmes artistes qui pratiquent les deux, trouvant dans l'une le moyen de prolonger l'autre, et vice versa ?
Mais quel que soit l'échos qui viendra bruire, ou pas, à l'oreille du spectateur, c'est le plaisir du nombre, de la réunion, du fortuit et du chahut que se propose de partager la galerie de multiples, que j'ai souhaité désigner avec le titre de l'exposition : Abstract Jungle.

Julien Chenabel
Août 2015, Pensione Calcina, Venezia

Horaires

Du mardi au samedi, de 11 à 19 heures et sur RDV

Adresse

Gilles Drouault, galerie/multiples 17 rue Saint-Gilles 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020